Philippe Chauvin explique pourquoi la confirmation d’un non-lieu serait dramatique pour le rugby Français

Philippe Chauvin explique pourquoi la confirmation d’un non-lieu serait dramatique pour le rugby Français

Le mardi 8 avril 2025 à 11:01 par David Demri

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Le jeune Nicolas Chauvin, joueur des Espoirs du Stade-Français Paris, est décédé en 2018 suite à un terrible double plaquage dont il a été victime lors d’un match contre l’Union Bordeaux-Bègles.

Depuis la mort de son fils, Philippe Chauvin se bat pour que la justice reconnaisse qu’il ne s’agissait pas d’un fait de jeu accidentel.

Lors d’un entretien accordé à Midi Olympique, Philippe Chauvin ne manque pas de charger la Ministre des Sports Marie Barsacq.

Il peste également contre la Fédération Française de Rugby qui a toujours refusé de se porter partie civile. Extrait:

D’abord, je tiens à signaler que cela fait plus de six ans que nous réclamons ce rapport d’expertise. Il aura fallu attendre la publication d’un reportage réalisé par Le Parisien avec la vidéo de la mort de Nicolas pour que le lendemain je reçoive un message du directeur de cabinet de la Ministre des Sports Marie Barsacq. Message dans lequel il est écrit en creux : « Nous sommes très heureux de vous dire que la FFR a réalisé à son initiative une expertise de très haut niveau, que nous avons pu étudier, et que nous vous proposons de vous présenter lorsque vous le souhaiterez ». Par-delà la naïveté du message, c’est miraculeux, non ?

Jusque-là, ce rapport d’expertise, nous l’avions réclamé à la FFR, d’abord à Bernard Laporte puisqu’il était président à l’époque ; ensuite, à Florian Grill son successeur. Nous avions sollicité également les différents Ministres de Sports successifs : Roxana Maracinéanu, Amélie Oudéa-Castera, Gilles Averous et aujourd’hui Marie Barsacq. Dans cette histoire, l’association du Stade français a refusé de se porter partie civile à nos côtés, Florian Grill m’a dit que ses services avaient perdu la vidéo sur laquelle ils devaient s’appuyer pour établir ce rapport d’expertise et lors de l’instruction du dossier par la justice de nombreuses personnalités se sont défilés face à leurs responsabilités. Nous avons fait face à une véritable omerta qui sévit dans le monde du rugby.

Il explique ensuite pourquoi le juge a décidé de rendre un non-lieu au mois de janvier dernier. Extrait:

Comment pouvait-il en être autrement alors que le juge a essuyé les refus des arbitres FFR pour réaliser l’expertise ? Notre appel est fondé sur le fait évident qu’il y a deux fautes puisque le juge lui-même les mentionne. Il est donc évident que ces deux fautes ont entraîné la mort de Nicolas puisque les médecins légistes, après trois expertises médico-légales, convergent vers ce point.

Seulement, le juge arrive à une conclusion différente parce qu’il introduit des éléments qui sont subjectifs c’est à dire : la vitesse est normale et l’intensité du choc n’a rien d’anormal. Si on suit sa réflexion, les joueurs qui ont tué Nicolas ne pouvaient pas deviner qu’ils pouvaient arracher la seconde vertèbre cervicale de leur adversaire sur ce choc. Notre avocat maître Jérôme Stéphan a la conviction que nous avons quand même des arguments à faire valoir pour que ce non-lieu puisse être révisé.

Selon lui, ce rapport d’expertise produit par la Fédération Française de Rugby arrive trop tard. Extrait:

Je ne suis pas un fin connaisseur du fonctionnement de la justice. Si j’ai bien compris le collège des juges d’instruction qui forment la chambre d’appel va regarder la procédure, rien que la procédure, le délibéré et juger si le droit a été respecté. Ce rapport d’expertise arrive probablement trop tard dans le cadre de la procédure. Mais, on va pouvoir savoir exactement ce qu’on peut faire ou ne pas faire sur un terrain de rugby. Est-ce que mourir fait vraiment partie du jeu ?

Depuis 2019, je me bats pour préserver le rugby « des tricheurs » qui nuisent à la sécurité des autres joueurs. Je réclame simplement qu’on établisse les responsabilités qui ont mené à ce drame. À ma connaissance, il y a 3 personnes impliquées : mon fils et les deux plaqueurs. Ces deux derniers ont-ils, oui ou non, commis une faute de jeu ? Ont-ils, oui ou non, eu un comportement dangereux ? Voilà les questions que doit traiter ce rapport. Rien d’autre. Le rugby doit avoir un véritable regard introspectif et objectif de l’état de ses règles et de leur application. Chacun devra assumer ses responsabilités.

Il explique pourquoi la confirmation d’un non-lieu serait dramatique pour le rugby Français. Extrait:

Soit la FFR estime que le règlement est respecté, c’est à dire que l’on peut taper la tête d’un joueur et dans ce cas-là il faut que tout le monde le sache. Le nom lieu prononcé fera alors jurisprudence pour les prochaines victimes. C’est à dire que l’on pourra opposer à chaque nouveau cas le fait d’avoir, dans la mort de Nicolas Chauvin, considéré que les chocs à la tête n’étaient pas suffisants pour impliquer la responsabilité pénale d’un joueur, quand bien même la victime est décédée.

C’est dur à entendre, mais ce sera la stricte vérité. Dans les prétoires, les avocats ne se priveront pas de revendiquer cette jurisprudence. Aujourd’hui, je me bats donc pour Nicolas, mais aussi et surtout pour la sécurité des pratiquants de ce sport.

Peut-être me dira-t-on : « on est très heureux comme ça, on se fout sur la gueule et on est très content ». Qui sait ? Dans ce cas, je dirais : « continuez comme bon vous semble, mais dites bien que le rugby peut tuer ». Ou alors, la faute des deux plaqueurs sera peut-être reconnue. Et pour la FFR, ce sera une chance unique de pouvoir sortir par le haut de ce sujet. Je me rendrai donc à ce rendez-vous accompagné de mon épouse et de mes deux fils Antoine et Thomas. C’est important que ces gens-là, tant à la fédération qu’au ministère des sports, voient l’humanité qu’ils ont en face d’eux et qu’ils la regardent droit dans les yeux.

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4 Commentaires

  1. Crau 8 avril 2025 at 11h- Répondre

    Chapeau !

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  2. Tachoires 8 avril 2025 at 11h- Répondre

    Je sais pas si il y a faute de quelqu’un, mais dans tous les cas, la mort de quelqu’un sur un terrain de rugby est dramatique.
    Force à la famille

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  3. Danslaverte 8 avril 2025 at 13h- Répondre

    Ce Monsieur, qui doit terriblement souffrir, pointe des retards et une réticence inexpliquée à communiquer des documents. Si tel est le cas pourquoi ? Après sur le fait de jeu en lui même il y a donc une vidéo, on doit pouvoir voir si l’action est légale ou pas et déterminer l’intentionnalité de la violence ou bien si c’est « simplement » de la fatalité et une vraie malchance…
    Pauvre famille.

  4. Raina 8 avril 2025 at 19h- Répondre

    Aller plaquer à cette vitesse à hauteur de tête c ´est de la haine