Les mots forts de Karim Ghezal avant d’accueillir le Rugby Club Toulonnais à Gerland !
Les mots forts de Karim Ghezal avant d’accueillir le Rugby Club Toulonnais à Gerland !
Le jeudi 27 février 2025 à 10:01 par David Demri
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De retour à la tête de Lyon depuis début décembre, Karim Ghezal a permis à l’équipe rhodanienne de remonter de manière spectaculaire au classement de Top 14. Avant la réception de Toulon, ce samedi (16h30), il se confie à RMC Sport.
Revenu début décembre au LOU, dans le club où il a terminé sa carrière de joueur et débuté celle d’entraîneur, Karim Ghezal réalise une entame prometteuse avec une remontée spectaculaire en Top 14. À son arrivée au matin de la 12e journée, le club possédait 18 points et pointait en position de barragiste (13e). Six matches plus tard, il en a accumulé autant et se retrouve à la 8e place avec 8 points d’avance sur le 13e.
Au-delà des résultats positifs face à La Rochelle (53-17), l’USAP (17-12) ou à l’UBB (20-22) et de nuls intéressants contre Toulouse (17-17) et le Racing (25-25), la « patte » Ghezal se voit.
Quant à ce match face au RC Toulon (ce samedi à 16h30 en Top 14), il se drape d’un sentiment particulier puisque l’ancien 2e ligne, qui a porté le maillot du LOU pendant deux ans en tant que joueur (2014-2016), va retrouver un certain Pierre Mignoni, aux côtés duquel il a entamé sa « deuxième vie », en tant que spécialiste de la touche puis entraîneur des avants (2016-2019). Il se confie à RMC Sport.
Karim Ghezal, vous avez des origines lointaines de Lyon, mais on a l’impression que vous êtes… Lyonnais!
Je suis un Gersois à la base, mais ça fait dix ans que je suis à Lyon. C’est normal, je suis arrivé en 2014, ça fait 11 ans que j’habite sur Lyon. Même si j’ai entraîné l’équipe de France pendant quatre ans et Paris pendant un an, j’ai fini ma carrière de joueur ici, j’ai débuté celle d’entraîneur avec Pierre, justement, et de revenir ici, j’ai beaucoup d’affect pour le club, mais aussi beaucoup de responsabilités de laisser le club à la place qui est la sienne.
Il faut s’imprégner de cette culture pour entraîner à Lyon?
C’est important que quand on entraîne un club, il faut s’identifier à la ville, à la région, à l’identité du club, et ne pas importer ou vouloir faire du copier-coller avec ce qui se fait ailleurs. Je pense qu’ici, ce qui est important, c’est de s’impliquer sur ce qui est à Lyon. Lyon, c’est un stade magnifique, c’est un club qui monte, un club qui a évolué, qui a connu beaucoup d’allers-retours, puisque j’ai été joueur et j’ai connu aussi une descente. Il y a aussi un maintien qui a été fait, une ascension, et depuis quelques années aussi, je ne vais pas dire une régression, mais une stabilité qui fait qu’il faut laisser le club en top 14. Quand je suis revenu pour cette mission-là, je suis arrivé avec beaucoup d’ambition et beaucoup de détermination.
Dans l’une de vos premières prises de parole à votre arrivée, c’était une veille de match européen qui n’était pas télévisé. Vous l’aviez évoqué dans votre première prise de parole en étant « choqué ». Vous avez même évoqué le thème du « respect »!
Quand je suis arrivé, je me suis rattaché sur des choses simples. J’ai voulu simplifier les choses, parler d’une vision, redevenir une équipe respectée et crainte. C’était quelque chose où tout le monde devait s’ancrer dessus. Puisque c’était la vérité, ce que j’ai dit. Quand tu gagnes un match sur 25 à l’extérieur, tu ne peux pas être respecté et craint. Et quand tu n’es plus télévisé, comme je l’ai dit en Coupe d’Europe, je me suis raccroché à ça. Pour dire qu’au final, le respect et la crainte, ça disparaissait vite. Il fallait tout le temps l’entretenir, tout le temps aller le chercher. Il n’y a rien de mieux que d’aller gagner des matchs à l’extérieur, de se qualifier, de batailler. Ce que font les joueurs aujourd’hui. C’est important de regagner ce respect. Mais c’est toujours fragile.
Comment « reconnecter » le groupe?
Je me suis appuyé sur la qualité de l’effectif, en répétant aux joueurs et au staff que l’effectif était de qualité, le travail était de qualité. Il ne manquait pas grand-chose. Il fallait juste retrouver de la confiance, des joueurs à 100% de leur niveau. Je pense à Dylan Cretin ou Killian Geraci. Quand je suis arrivé, je leur ai redonné confiance. Ils ont retrouvé leur niveau. La preuve: Dylan est parti en équipe de France et Killian n’était pas loin
Quelle a été votre méthode?
J’ai proposé des choses assez simples. La vision, je l’ai déjà expliquée. Ensuite, j’ai insisté sur le fait que nous étions liés les uns aux autres. Moi, en arrivant, en ayant six mois de contrat, je me suis mis à la même position qui est une position, je ne vais pas dire difficile, mais une position où on ne connaît pas son avenir. Et moi, ça ne me dérangeait pas. Ce sont des jobs où on ne peut pas demander la sécurité. On ne peut pas demander d’avoir une assurance tout risque. En Top 14, seuls les survivants restent. Seuls les survivants entraînent. Et seuls les survivants ont le droit de revenir chaque année et de jouer en top 14 ou d’entraîner en top 14. Donc, je leur ai dit qu’on était tous liés les uns aux autres. Et que soit on réussit ça ensemble, soit on échoue ensemble.
Il y avait-il à ce moment-là une forme de peur?
Non, d’autant que j’ai rebasculé sur l’action, se remettre en route avec un choix assumé: j’ai mis un capitaine, Alfred Parisien, que je ne connaissais pas. Mais je l’avais vu s’entraîner dur, il s’entraîne dur. Il est là tous les jours off. Il s’entraîne sans réfléchir. Il donne tout. Donc, j’ai enlevé un peu tout ce qui était statistiques et chiffres où les joueurs se comparaient les uns aux autres pour remettre l’action au centre du projet et de dire que ce qui m’intéressait, c’est ce que je voyais plutôt que ce que j’entendais. Aujourd’hui, je pense que le secteur où on voit le plus la confiance des joueurs, c’est la défense. Je suis arrivé, l’équipe était la plus mauvaise défense, même s’il y avait beaucoup de placages, mais l’équipe lâchait facilement à l’extérieur. Avec, comme je l’ai dit, 24 défaites sur 25 à l’extérieur depuis deux ans et demi. Il y avait aussi une constante: les matches se lâchaient … en défense. Le premier effet se voit contre Toulouse (17-17). Je leur ai dit: ‘faire simple, c’est le plus dur.’ J’ai dit qu’il faut suivre des joueurs, mieux des leaders de défense comme Beka Saghinadze qui était des gros moteurs de défense. J’ai demandé aux avants de défendre plus fort. Nous avons eu, face à Toulouse, une défense 20 temps de jeu. Aujourd’hui, on prend 18 points de moyenne alors que l’équipe en prenait le double avant. La clef, c’est ne pas lâcher en défense car je connais ensuite les qualités offensives du groupe, je sais quelle ‘âme’ elle possède à ce niveau-là.
On en revient à la notion de » respect »?
(Il coupe)… Couplée à la notion de « régularité et de constance ». Si tu fais un coup, oui ; un coup, non. Si tu fais un match à la maison, bon, le suivant à l’extérieur, mauvais, cela ne fonctionne pas. Le but, c’est qu’on soit tout le temps « dans le match ». À Castres, samedi dernier (défaite 30-25), on était dans cette exigence. Nous l’avons perdue, cette rencontre, mais nous étions encore dans le match à la 75e minute. On n’a pas lâché et on a ramené un point de bonus. Vous l’ajoutez aux 4 de Bordeaux, aux 2 du Racing et celui-ci: le total se monte à sept points à l’extérieur. Cela montre que l’équipe ne lâche pas. Maintenant, il faut avoir cette envie à la maison – il nous reste cinq matchs – de faire lever les gens et de profiter avec eux.
Vous en venez à la notion de plaisir, notion sur laquelle, régulièrement, vous insistez?
Entraîner, c’est notre métier. Jouer, c’est leur métier. Mais ça reste du plaisir. Nous sommes des passionnés et il faut mesurer la chance de pouvoir faire et vivre de notre passion. Si les joueurs viennent sur le terrain en pensant que c’est un métier, ça ne marche pas. D’où cette quête du « plaisir ». Ils mettent de la musique tout en sachant faire les choses au bon moment. C’est-à-dire être concentré quand il faut, être relâché quand il faut. Une séance dure parfois deux heures mais le reste du temps, les joueurs doivent se connecter entre eux, manger entre eux, vivre entre eux et passer du bon temps entre eux.
Vous êtes là depuis le 6 décembre, soit depuis bientôt 100 jours. Quand avez-vous compris qu’il y avait un déclic?
Au Racing à la fin de l’année (29 décembre), où on ne lâche pas, où on va chercher à la fin ce match nul (25-25), ça a débloqué un peu ce côté mental, dans la tête des joueurs. Le match à Bordeaux, bien entendu plus récemment (25 janvier, 20-22), il y avait des mecs qui n’avaient pas gagné depuis quasiment deux ans. Même si ça gagnait à Montpellier en début de saison. Mais c’était la seule victoire depuis 25 matchs. Donc, ça a été vraiment un déclic de pouvoir le faire. Comme je leur ai dit, ils étaient encore accrochés à des mentalités d’avant les vacances: « On ne peut pas le faire ; à Bordeaux, ça fait 12 ans qu’on ne le fait pas. » Pour que le groupe vive bien, il faut d’abord que ça passe par le terrain.
Ce samedi, vous retrouvez Pierre Mignoni, qui vous a lancé dans le bain « entraîneur » à la fin de votre carrière vécue sous son management. Cela fait quoi de le retrouver en face?
Pierre, je lui dois beaucoup comme beaucoup de gens, ici, lui doivent beaucoup ; et le club lui doit beaucoup: il l’a fait remonter en Top 14, il l’a stabilisé. Il s’est qualifié en demi-finale en 2018-2019. Personnellement, je l’ai connu en tant que joueur avec lequel nous avons connu le titre de champion de Pro D2. Puis il m’a fait passer entraîneur, c’est un signe de confiance. Et puis, c’est aussi grâce à lui et au club que j’ai pu partir en équipe de France et revenir avec d’autres expériences, progresser, grandir. Et puis aujourd’hui, je suis revenu avec un statut différent.
Le rencontrer avec le LOU, cela donne quoi comme sensation?
Nous nous sommes déjà croisés avec Paris, l’année dernière: j’ai gagné contre lui pour nous qualifier directement en demi-finale, lui était troisième. On se voit, on s’apprécie, mais on sait très bien que sur le terrain, la meilleure forme de respect, c’est de tout donner. Et puis, Pierre, comme moi, il ne joue pas. Le plus important, c’est que les joueurs s’approprient leur histoire. Ce que j’ai dit, c’est que ce sont des groupes qui marquent l’histoire d’un club. Ce ne sont pas des individus. J’ai dit aux joueurs: « Est-ce que vous voulez, en fin d’année, finir par un barbecue, comme chaque année, en finissant neuvième ou dixième? Ou est-ce que vous voulez essayer d’aller plus haut? » Tant que personne ne nous enlève le droit de rêver, il faut que les joueurs y rêvent et qu’ils puissent avoir envie. Tant que personne ne leur enlève une possible qualification, une possible place dans les six, il faut qu’ils bataillent chaque week-end pour essayer d’y rentrer, de taper la porte et de dire qu’on peut exister.
Vous vous échappez sur Pierre Mignoni… Que vous a-t-il légué?
Pierre, le travail m’a donné beaucoup confiance. Il m’a laissé faire ce que je savais faire. Il m’a laissé donner ce que je savais donner, donner toute l’énergie que j’avais. Si je dois retenir quelque chose, c’est qu’aujourd’hui, je gère moi-même des staffs. Je laisse sûrement la place à ceux qui savent faire les choses. Il y a aujourd’hui des entraîneurs qui vont entraîner. Moi, je chapote un peu tout le monde. Je rentre, bien entendu. Mais je fais beaucoup confiance à mon staff et à mon effectif.
Il y a-t-il un « style », une « patte » Ghezal?
Je pense que ce n’est pas à l’entraîneur lui-même de donner sa patte. C’est plutôt aux autres de le donner. Je progresse tous les jours, comme tout le monde. Je suis un jeune entraîneur. Tous les jours, tous les ans, je progresse. Aujourd’hui, j’ai qu’une envie, c’est qu’on avance et qu’on se donne tous les jours pour avancer. Je suis arrivé avec une mission très simple. Une mission sur six mois, avec un objectif très clair de laisser le club à la place qui est la sienne.
Justement, vous avez pris le club comme barragiste il y a bientôt 100 jours et aujourd’hui, il peut croire à une qualification dans les six premiers…
(Il coupe)… Oui, c’est un match « bascule » dans un championnat où tout le monde est hyper serré. Même avec le bas, ce n’est pas encore décroché. Je suis vraiment focalisé pour laisser le club et remplir cette mission qu’on m’a donnée. Si on peut faire plus en se qualifiant, ce serait magnifique. Et après, avant de parler de ce qu’il y a d’après, chaque chose à son temps. Pour l’instant, je n’en suis pas là.
Forcément, on doit évoquer le Stade Français à la tête duquel vous étiez jusqu’à la fin de l’été. Si on peut imaginer que vous êtes revanchard en prenant ce poste, vous dites quoi?
Non, parce que je sais ce que j’ai fait à Paris. Je suis arrivé en tant qu’entraîneur principal, dans une équipe qui ne s’était jamais qualifiée en 140 ans dans les deux premiers. On l’a fait. Faire jouer des jeunes, ça a été coché. Remplir les JIFF, ça a été coché. Remplir le stade à la fin, quand on a rempli le stade à guichets fermés, quand on s’est qualifié en demi-finale directement, ça a été coché. Il ne nous manquait pas grand-chose pour aller en finale. C’est ce regret-là que j’ai. Mais sinon, je n’ai pas de côté revanchard. J’ai plutôt un côté où j’ai vu des choses, j’ai appris. Je continue à me servir de ce que j’ai appris pour progresser.
Vous avez un regard sur la situation du Stade Français à l’instant T? Qu’est-ce que cela vous inspire?
Ce qui m’inspire, c’est qu’il faut rester focalisé sur l’équipe qu’on entraîne. Aujourd’hui, c’est le LOU.
Via RMC Sport
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3 Commentaires
J’espère me tromper,mais ce match,je le crains vraiment…..les lyonnais réc.upèrent de nombreux joueurs,nous l’infirmerie s’est bien remplie…..
Oui TomPrice comme toi
Il faut pas se faire d’illusions
Lyon reviennent plus que bien , ils sont chez eux , on a beaucoup d’absents ….
Pierre le sait…
Il incorpore plus de jeunes cette fois
Je pense qu’on peut se permettre de n’avoir aucune pression de résultat sur ce match.
Faisons jouer ceux qui manquent de temps de jeu récemment (ludlam, Danglot, Swan et autres) et reposons les sinzelle Ribbans Facu etc…