Maxime Machenaud se confie à coeur ouvert : « J’ai beaucoup souffert à cause de Twitter »
Maxime Machenaud se confie à coeur ouvert : « J’ai beaucoup souffert à cause de Twitter »
Le lundi 16 décembre 2024 à 11:56 par David Demri
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Le demi-de-mêlée de Bayonne, Maxime Machenaud s’est longuement confié via Midi Olympique.
Ce-dernier a notamment parlé de la santé mentale des joueurs de rugby.
Il l’affirme : les joueurs sont constamment jugés.
Il explique que tout le monde se permet désormais de donner son avis. Extrait:
Nous sommes jugés constamment, au quotidien. Au-delà des réseaux sociaux, il y a la vidéo dans les entraînements. C’est bien pour l’analyse, mais tu es jugé sur la moindre passe que tu fais. Avant, tu en loupais une, le coach l’oubliait un jour plus tard. Aujourd’hui, tout le monde se permet de donner son avis : le supporter, le journaliste, l’entraîneur, ta famille. C’est aussi lié à la visibilité que tu as. Les matchs sont de plus en plus regardés. Plus tu es vu, plus tu es critiqué, jugé, dans le bien ou dans le mal. Le plus important, c’est ton auto évaluation. Ce que pensent les autres, tu ne le contrôles pas. J’ai mis du temps à le comprendre. La difficulté, c’est que les jugements extérieurs te rentrent dans la tête, ils te persuadent qu’ils ont raison.
Il avoue avoir traversé des moments très compliqués en raison des critiques effectuées sur le réseau social Twitter. Extrait:
Je ne me suis pas du tout protégé au début. C’était le début de Twitter, un réseau qui est super quand tout va bien pour toi. Au Racing, il y avait très peu de supporters. En équipe de France, tu as une médiatisation vraiment au-dessus. Je ne pouvais pas rêver mieux pour mes débuts. On met 40 points à l’Argentine pour ma première sélection et je marque un essai. Sur la tournée de novembre, on gagne les trois matchs. Tu regardes ce qu’on dit de toi. Le danger, c’est que ça flatte ton ego. Ce n’est pas ton auto-évaluation. Tu penses que les gens ont raison quand ils disent que tu es le meilleur. Quand tout va bien, c’est beau, c’est tout rose…
On perd le premier match du tournoi en Italie. Là, tu regardes aussi ce que les gens pensent de toi. J’avais 23 ans. C’est assez violent. J’ai connu des périodes très difficiles avec les Bleus. Heureusement qu’en club, ça se passait bien. Un commentaire négatif peut te pousser à prouver que les gens ont tort, mais ça peut aussi te détruire. Vous savez, je suis allé voir une psy par rapport aux commentaires négatifs, aux réseaux sociaux. La seule chose qu’il y a à faire, et c’est difficile une fois que tu as commencé, c’est de ne plus regarder. Même si tu n’as pas envie de les voir, les choses te sont rapportées, ou les gens sont inquiets pour toi. Tu n’as rien regardé, mais on te demande si ça va.
J’ai beaucoup souffert à cause de Twitter en équipe de France. Je ne m’en cache pas. Je suis allé voir quelqu’un pour régler ce problème. […]. Je pense qu’arriver à se convaincre que les gens qui critiquent derrière un écran le font simplement par jalousie, par peur, ou parce qu’ils se sentent beaucoup trop impliqués est déjà un grand pas. Ne pas lire est vraiment encore mieux.
Il demande à certains de garder leurs avis plutôt que de l’étaler dans la presse. Extrait:
Dans notre société, on donne notre avis sur tout, mais parfois, c’est bien de garder son avis pour soi. Beaucoup de gens s’exposent sur les réseaux, beaucoup de gens en ont même fait leur métier. Qui sommes-nous pour critiquer ou juger un choix ? […] Oui, je préfère que les gens disent que je suis bon, mais si j’ai donné le meilleur de moi-même, le reste n’a pas beaucoup d’importance. Ça a été un travail assez récent, pour en arriver là. À Bayonne, la première année, je lisais ce qu’on disait sur moi.
J’ai ramassé, oui… Et je suis allé voir quelqu’un, car je n’étais pas habitué. En équipe de France, ok. Là, j’arrive à Bayonne, les gens attendaient probablement que je traverse le terrain, que je sois tout de suite performant mais je sais pourquoi je ne l’étais pas. Tout ça m’a atteint. Ce serait mentir que de dire le contraire, mais maintenant, je sais comment le gérer.
Il en profite pour expliquer pourquoi il n’était pas performant lors de sa première année à Bayonne. Extrait:
J’arrive blessé à Bayonne. Je me suis mis la pression pour revenir plus vite. J’ai eu une rechute au mollet. Tu te projettes, tu te dis que tu débarques à Bayonne, tu es attendu comme le numéro un et ça ne se passe pas comme tu veux. C’est difficile. Tu prends un coup derrière la tête. Guillaume Rouet faisait des gros matchs. Je suis parti avec les Barbarians français, j’étais capitaine. Ça a été un bol d’air. Sauf que je me fais mal à la voûte plantaire.
Pendant trois mois, j’ai joué avec cette douleur au pied. Au quotidien, j’avais mal et j’étais beaucoup critiqué à côté. Je me posais des questions sur mon corps. Je me suis beaucoup mis la pression tout seul et une aide psychologique m’a fait le plus grand bien. Il y avait aussi le stress que ma famille ne s’adapte pas bien à tout ça, au changement après 10 ans en région parisienne….
Il l’affirme : le bon salaire perçu par les joueurs ne peuvent pas pardonner ces critiques quotidiennes. Extrait:
Être payé 20 ou 30 000 n’est que la conséquence de ce que je fais : du rugby. Ça n’est pas parce que l’on gagne bien sa vie que l’on doit être impunément critiqué et l’accepter, sauf lorsque c’est constructif. Quand j’ai commencé, ce n’était pas pour gagner de l’argent.
Il indique vouloir protéger ses enfants de ce genre de dérives. Extrait:
Le plus grand a dix ans, mais il n’a pas de téléphone et n’en aura pas avant longtemps, par rapport à ça. Mes enfants entendent, dans les tribunes, ce que disent les gens. Ils ne sont pas dupes, mais je leur explique. L’an dernier, lorsque nous avons perdu face à Toulon à Anoeta, quelqu’un est venu devant chez moi pour m’insulter et me chambrer. C’était un fan de Biarritz. Il était content qu’on ait perdu. C’était assez lunaire et ça les a pas mal choqués. Il y aura toujours, à l’école, des personnes qui vont les critiquer. “Ton papa est nul”, c’est déjà arrivé. Que voulez-vous que je leur dise ? Il faut en parler avec eux et expliquer aux enfants qu’il y a des gens qui critiquent et qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Le plus important, c’est de ne pas s’en préoccuper.
Mes frères, ma mère et ma femme savent que je travaille en ce sens, car ça a pu affecter ma santé mentale, mais maintenant, je suis blindé. J’aurais aimé l’être plus tôt. Mais n’est-ce pas ça qui m’a donné encore plus la niaque pour réussir ? Je ne sais pas.
Il indique avoir supprimé Twitter. Extrait:
Je n’ai plus Twitter. J’utilise beaucoup Instagram, qui est plus bienveillant, positif. J’ai reçu des insultes, oui, mais c’est rare. Aujourd’hui, c’est 95 % de bons messages et 5 % de messages venant de personnes qui prennent du plaisir à critiquer. Encore une fois, la critique ne me dérange pas. C’est le non-respect qui m’embête. J’ai été beaucoup critiqué à Bayonne au début, mais personne n’est jamais venu me le dire en face, alors que je suis ouvert à la discussion, vous savez (sourire). L’ego, c’est la pire des choses pour un sportif de haut niveau, mais c’est important d’avoir confiance en soi.
En revanche, il reste connecté sur Instagram. Extrait:
Avant tout, je trouve des choses très intéressantes sur Instagram. Si tu veux être influent par rapport aux autres, tu es obligé de montrer des choses aux gens. Ce n’était pas ma finalité que les gens me suivent, mais j’étais en équipe de France, j’ai eu une carrière, une popularité sur les réseaux grâce à ça. J’en ai joué, par moments, par rapport à mon physique. Instagram, ça reste un réseau social, ce n’est pas la réalité. Tu peux faire croire n’importe quoi. Il faut être authentique.
Aujourd’hui, les marques te demandent une présence, c’est un réseau de communication très puissant. […] Quand je collabore avec des marques, je fais en sorte qu’elles me ressemblent, qu’elles aient des valeurs qui me correspondent. Des fois, j’aimerais faire un peu plus, montrer, partager plus de choses, mais pour l’instant, je suis rugbyman. Il m’arrive de faire des “questions-réponses” pour partager avec ceux qui sont demandeurs.
Il concède se faire chambrer par ses coéquipiers. Extrait:
Je me fais chambrer, bien sûr, mais ça fait partie du jeu et ça me fait marrer. J’entends des blagues au sujet du fait que je me mette souvent torse nu. Je me sens bien torse nu, voilà tout. Au début, je craignais un peu le regard des autres. Je n’ai pas honte de le faire et si ma femme est d’accord, c’est le plus important (rires). D’ailleurs, je ne suis pas torse nu que sur les réseaux, ça m’arrive même de l’être à la muscu, à Bayonne. Je ne triche pas, mais la création de contenu demande parfois un peu de mise en scène. Ça fait partie du jeu et j’aime plutôt ça. À partir du moment où tu ne t’inventes pas une vie sur les réseaux…
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2 Commentaires
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Blanco l a dit dans une interview récente, les réseaux sociaux c la mort, il a complètement raison. D abord il ne faut pas être grand clerc pour le comprendre, c devenu un dévidoir de bassesses, ya qu à voir la société dans laquelle on vit.