Sébastien, qu’avez-vous retenu de votre collaboration avec Bernard Laporte en équipe de France ?

J’ai travaillé avec lui pendant quatre saisons (de 2004 à 2007, Ndlr) au fil des convocations et jusqu’à la Coupe du monde 2 007. C’est quelqu’un que je connais assez bien. Il est assez exigeant et dur avec les joueurs, mais droit. Pendant la Coupe du monde en France, je ne jouais pas beaucoup, mais il était venu me voir pour m’en parler. C’est appréciable. Au niveau du rugby, il sait ce qu’il veut. Il est très pointu et très expérimenté. Avec lui, j’ai beaucoup appris.

Il est aussi connu pour ses colères noires. Qu’en pensez-vous ?

Cela peut motiver certains joueurs et en tétaniser d’autres. Lors des entraînements en équipe de France, ça ne mouftait pas trop… On ne s’amusait pas à déconner car on s’exposait à des réprimandes. Maintenant, je pense qu’il est assez intelligent pour adapter son langage aux joueurs qu’il a en face de lui.

« Laporte n’est pas un tyran »

Ses qualités de meneur d’hommes sont plus souvent mises en avant que celles de tacticien. Qu’en est-il ?

Il a les deux. En séance vidéo, il est très précis et pointu sur le jeu des adversaires et sur les détails du jeu de son équipe. C’est aussi un meneur d’hommes, différent de Philippe qui demande plus l’avis de ses leaders sur le jeu.

En équipe de France, était-il craint par les joueurs ?

Oui, beaucoup, même par les cadres qu’étaient Fabien Pelous, Raphaël Ibanez ou Christophe Dominici. Quand on perdait, on savait qu’on allait passer une sale semaine. Par contre, quand ça gagnait, il savait rigoler et bringuer avec nous. Il n’était pas le dernier à faire des plaisanteries. Quand cela ne se passait pas comme il voulait, il était dur, mais ce n’était pas un tyran.

Redevable envers Philippe

Pensez-vous qu’il cherchera à imposer sa patte rapidement ?

Je ne suis pas dans sa tête, mais je pense qu’il va se servir de ce qui a été fait depuis le début de saison. Il s’appuiera sur ses adjoints, Mignoni et Azam qu’il connaît pour les avoir entraîner en équipe de France. Au début, il sera sans doute plus observateur qu’acteur.

Vendredi, vous disputerez votre dernier match sous les ordres de Philippe Saint-André. Avec émotion ?

Nous sommes des joueurs professionnels et dans notre milieu, le fait de s’attacher aux gens n’existe pas vraiment. On ne vient pas forcément des mêmes endroits et on est toujours prêt à faire nos valises. C’est difficile de créer des liens. Maintenant, je lui suis redevable de m’avoir recruté à Sale. Il m’a relancé, emmené à un bon niveau et fait gagner des titres. Il ne m’a jamais fait de cadeau non plus… Avec Philippe, on ne se parle pas beaucoup, mais on se comprend.

À Bordeaux, l’équipe jouera-t-elle pour lui ?

Quasiment tous les joueurs de l’effectif ont été recrutés par Philippe. Si on est tous à Toulon aujourd’hui, c’est grâce à lui. On aimerait donc bien finir, déjà pour se rassurer et prendre des points, mais aussi pour qu’il parte le cœur léger. Ce serait sympa pour lui et tout le monde serait content.

Source Var Matin