Le terrible témoignage d’une maman d’un joueur du Top 14 : « C’est notre chair qui souffre, qu’il gagne ou qu’il perde ! »

Le terrible témoignage d’une maman d’un joueur du Top 14 : « C’est notre chair qui souffre, qu’il gagne ou qu’il perde ! »

Le jeudi 29 août 2024 à 14:35 par David Demri

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Ce jeudi, le journal L’équipe a publié le témoignage d’une mère d’un joueur de Top 14.

Celle-ci explique se fait énormément de soucis pour les joueurs professionnels de rugby.

Bien évidemment, l’identité de cette maman n’a pas été dévoilée.

Les mots de cette maman sont très forts et laissent entendre à quel point il y a urgence dans rugby Français.

Voici le début de son témoignage : 

« Heureusement qu’il y avait les gars du 7. Ils ont sauvé l’honneur du rugby. Les voir célébrer leur victoire en dansant, avec légèreté, ça faisait du bien. Parce que pour le reste, entre l’affaire Jaminet et celle de Jegou et Auradou, le rugby, c’est flippant. Ces derniers mois, il y a eu aussi des cas de violence conjugale, ne l’oublions pas.

Le point de départ, c’est quasiment toujours une forte alcoolisation. Le rugby est devenu une manufacture de violence et de frustration. J’écoute ce que me raconte mon fils. Le mal-être des joueurs est puissant. Ils ne savent pas comment évacuer la pression, pas comment se régénérer. Et on ne leur apprend pas ! Ils se jettent dans l’alcool, la drogue. La cocaïne est en passe de supplanter la bière dans les troisièmes mi-temps aujourd’hui. Elle améliore la clairvoyance. Elle est un anti douleur qui aide à repousser les limites, la fatigue. Ses traces s’effacent en quelques jours. Nos jeunes sont en danger. »

Elle évoque les moments très difficiles traversés par son fils, joueur de Top 14. Extrait:

« Mon fils a été broyé, il a vécu une dépression, comme d’autres. Beaucoup n’osent pas se l’avouer. Et, surtout, personne ne veut le voir. Ceux qui montreraient des signes alarmants ne sont pas dépistés. Nombre de coaches n’apprécient pas l’intercession d’un psy. Ce simple mot est mal vu, peu entendu, dans le rugby. Les managers n’aiment pas se sentir dépossédés, ils veulent avoir la mainmise sur le mental de « leurs » joueurs. Dans la mythologie du rugby, l’entraîneur est un chef de guerre. Un coach mental qui débarquerait dans un vestiaire pour dire à un joueur : « Tu t’en fous du résultat, prends du recul. Respire. Trouve du plaisir », il ne ferait pas long feu. »

Elle évoque un processus émotionnel très particulier qui détruit les joueurs. Extrait:

J’ai vu mon fils et ses copains évoluer depuis l’école de rugby. Aujourd’hui, ce sport ne tire pas les joueurs vers le haut. Devoir « être un guerrier » chaque week-end, c’est compliqué. C’est un processus émotionnel particulier. Une fois dans cette zone mentale, il faut pouvoir en sortir, revenir au quotidien. Les ecchymoses voyagent du corps à l’âme. Ces hommes jeunes n’ont jamais le temps du « retour sur soi ». On leur enseigne la « rush defense », mais aucune « self-défense » salvatrice pour l’âme. Qui les guide ? Qui est porteur d’un état d’esprit ? Ils étouffent, ne parviennent plus à s’ouvrir au reste du monde. Restent dans leur bulle, font de plus en plus rarement des études. Le rugby d’aujourd’hui, c’est deux Prime Time, chaque semaine, sur Canal+. Tout ça monte à la tête et influe sur les ego.

Elle ne manque pas de parler des réseaux sociaux et des médias. Extrait:

Et puis s’ajoute à ça le poids des réseaux sociaux. Le téléphone est une addiction qui commence au réveil et se poursuit jusqu’à l’endormissement. En existe-t-il de pire ? On exige de nos joueurs qu’ils soient costauds, résistants, qu’ils performent dur et remettent ça la semaine suivante. Il leur faut être lisses avec la presse, ne jamais faire de vagues. Et puis sympas avec les supporters qui les insultent sur les réseaux sociaux. Que font-ils de leurs 20 ans ? Mon fils s’est déclenché un zona, est tombé en dépression. Il aime ce jeu depuis qu’il est enfant mais a été à deux doigts de mettre fin à sa carrière. Certains matins, il avait mal au bide avant l’entraînement. J’entends tellement d’histoires de joueurs pleines de noirceur.

Elle pointe également du doigt les entraineurs. Extrait:

Que sont devenus les coaches ? Ils ne sont plus des papas ou des éducateurs. Beaucoup sont devenus des chefs d’atelier, attachés à fabriquer de la performance et produire des plans de jeu. Plus vraiment des figures inspirantes. La casse psychologique est énorme. Beaucoup de joueurs vivent seuls. Plus que jamais ils auraient besoin d’humanité. Ils reçoivent leurs instructions par SMS, des menus diététiques ou leur « dress-code » du jour : « Tu prends ton costume. Rdv à l’événement partenaire. Il y aura 200 personnes. Faudra être bon. »

Elle peste ensuite contre ces Tournées estivales. Extrait:

Après un Championnat sous tension, on a envoyé de jeunes hommes en tournée d’été. L’intérêt sportif était nul. Le but d’une tournée est ailleurs, développer les êtres, les relations humaines. Aider à comprendre ce que signifie « faire équipe ». Dans la nuit argentine, où étaient les hommes de quart pour guider nos matelots sur le pont ? Loin de tout, les digues ont lâché.

Pour conclure, cette maman explique qu’être mère de joueur, c’est une terrible souffrance. Extrait:

Être mère d’un joueur est devenu une souffrance, psychologique autant que physiologique. C’est notre chair qui souffre, qu’il gagne ou bien qu’il perde. Chaque week-end, on a peur de la violence des chocs. Ce qu’ils appellent un match couperet, c’est notre réalité : nous, les mères, nous sommes coupées en deux. On a peur pour leur colonne vertébrale, leurs genoux. Et surtout leur tête. Les commotions cérébrales sont devenues légion. Mon fils a eu un black-out de dix jours. Tout ce qu’on vit est un déchirement. Et pourtant il y avait pire. Je suis sans mots, j’aimerais témoigner mon amour à la maman de Medhi Narjissi (2). Mais je ne sais que lui dire. Le rugby lui a pris son fils.

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10 Commentaires

  1. Jojo83 29 août 2024 at 15h- Répondre

    J’ai dit TERRIBLE témoignage !
    Mdr

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  2. Gonzales jl 29 août 2024 at 16h- Répondre

    L’affaire jaminet .
    ,Mr delegiou qui le dénonce au journal L’Equipe . Bravo la fellation , conduite bizarre dans une voie de bus .on devrait le suspendre 34 semaine de permis

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    • Nicolas 29 août 2024 at 19h- Répondre

      « Bravo la fellation » écris-tu ?
      C’est sans doute de ta part ce qu’on appelle un « lab suce »….
      Excuse-moi pour cette délation !

  3. messieursàdixmètres 29 août 2024 at 17h- Répondre

    Gonzales, La gay pride défens delogu avec leurs pouces rouges…. à en pleurer de rire.
    et nous on défend M.Jaminet

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  4. messieursàdixmètres 29 août 2024 at 17h- Répondre

    défend, ( pardon )

  5. Alan 29 août 2024 at 18h- Répondre

    Terrible témoignage d’une maman qui a peur pour son fils.

    Elle a raison d’avoir peur. Le rugby de haut niveau est un sport exigeant mentalement et physiquement. Tout va plus vite , les contacts sont plus violents avec de plus en plus de commotions cérébrales (des procès sont en cours actuellement, de plus en plus de joueurs demandent des comptes aux instances du rugby) . Certes, les règles évoluent en essayant de mieux protéger les joueurs, mais ça ne va pas assez loin.
    Le professionnalisme a fait monter de plusieurs crans le niveau d’exigence demandé aux joueurs.
    On ne peut pas jouer au rugby 2 fois par semaine comme d’autres sports (foot, hand,..). C’est la raison pour laquelle on ne joue qu’une fois par semaine, il faut pouvoir récupérer.
    Vous avez raison Madame, à quoi servent ces tournées de fin de saison? Ne devrait-on pas laisser les joueurs se reposer, se reconstruire mentalement et physiquement.
    Les instances du rugby international ne semblent pas avoir tout compris à ce sujet en autorisant les clubs sud africains à participer à la coupe d’Europe. Ces longs voyages de plus de 10 heures, certes sans décalage horaire génèrent de la fatigue supplémentaire, mais ça doit sans doute amener des revenus supplémentaires.

    Un dernier mot sur les 3ème mi-temps qui sont tant glorifiées dans le monde du rugby (joueurs, coaches, dirigeants,….) et qui commencent dans le vestiaire. Je suis toujours surpris de voir que la première chose que font les joueurs après un match, c’est de boire une bière mise à disposition par les clubs. Et vu le nombre de packs présents, ils ne doivent pas en boire qu’une. Il ne faut pas s’étonner ensuite qu’il y ait des dérapages les nuits d’après match…

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    • Lilly maman de joueur 5 septembre 2024 at 09h- Répondre

      Magnifique témoignage. C est tout à fait ça !

  6. Le dacquois 29 août 2024 at 19h- Répondre

    un joueur moyen de top 14 prends un salaire de PDG d une jolie boite , a peu pres 15 000 euro par mois, arretons de pleurnicher sur leur sort , vous etes serieux ! … un mec comme toto dupont a 26 ou 27 ans se construit une baraque sur le bassin d arcachon a 3 000 000 d euro , entre autre chose , bien sur , alors que 1francais sur 2 ne part pas en vacances et que 1 francais sur 3 ne remplit pas son frigo !!…donc arretons avec les etats d ames bidon !!

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    • Beniat 29 août 2024 at 22h- Répondre

      Bonsoir le dacquois..je ne comprend pas le  » états d’âmes bidons !!! » Peut-être que certains souffrent réellement… nier la souffrance de ces joueurs n’est pas correct. De fait, nous entendons de plus en plus des déclarations de proches de joueurs qui confirment ces souffrances psychologiques… Alors.. respectons ces personnes sans nous moquer aveuglément.

      • Sabine 30 août 2024 at 10h- Répondre

        Maman d un joueur en haut niveau depuis l age de 15 ans(18 ans aujourd’hui)je soutiens cette maman!! Cela fait un certain temps que je souhaitais faire un témoignage dans ce sens là ne sachant pas exactement comment m y prendre….
        Cela me permet donc de rebondir!
        3 ans que mon fils jouait dans un club elite et cette dernière année en crabos à été un vrai supplice pour mon fils et nous parents!
        Nous ne connaissions rien à ce milieu et nous avons appris ! Suivre un double cursus sport étude demande de vrais sacrifices et un mental d’acier. On demande à nos enfants d être les meilleurs en tout mais sans l aide de personne. Sois bon et tais toi! Nous avons vécu l enfer et je pèse mes mots. Mon fils a été malmené par des réflexions à chaque match …pendant les matchs après les matchs …des mots qui blessent des phrases qui tuent! A 17 ans pendant l année du bac il s est senti moins que rien à se demander finalement ce qu il faisait là!
        Il n avait personne à qui se confier…et il ne fallait surtout rien dire à « dîeu » ( le coach) la peur de ne pas être sur la feuille de match du we…il fallait montrer sa force jamais sa faiblesse. Nous habitions à 2h et n avions que les appels téléphoniques pour échanger avec notre fils . Il a vécu une année destructrice… et il faut qu il se reconstruise! Personne ne l a aidé ! Et lorsque que nous avons mis les pieds dans fourmilière pour juste avoir reponses a nos questions sur les réflexions faites à notre fils , et bien il n a plus jamais été sur la feuille de match…
        Nos sportifs de haut niveau devaient être accompagnés mentalement ! Cela devrait faire parti des prochains travaux de la ffr pour palier a toute type d accident comme survenu dernièrement. Il faut les préparer à tous types d événements qu ils soient positifs ou négatifs. Et surtout qu il aient quelqu un à qui parler sans qu il ait le moindre jugement. Romain ntamack lors d une interview avait abordé ce sujet…dommage que personne n ait rebondi…