Urios a tout changé à Clermont : « C’était inconcevable d’avoir des mecs en week-end le vendredi midi quand d’autres allaient se faire casser la gueule le samedi ! »
Urios a tout changé à Clermont : « C’était inconcevable d’avoir des mecs en week-end le vendredi midi quand d’autres allaient se faire casser la gueule le samedi ! »
Le samedi 4 mai 2024 à 1:19 par David Demri
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Le manager de Clermont, Christophe Urios s’est longuement confié via Midi Olympique à l’approche de la demi-finale de Challenge Cup de son équipe contre les Sharks de Durban, programmée samedi à Londres.
Ce-dernier ne le cache pas : Clermont a été un club qui l’a toujours fait rêver. Extrait:
L’ASM m’a toujours fait rêver. C’est un club historique. À chaque fois que j’y suis venu avec mes précédents clubs, je trouvais les stades, le public et les infrastructures magnifiques. Quand je suis parti de Castres, Clermont faisait partie des trois clubs que je voulais entraîner. À mon arrivée l’année dernière, j’ai été étonné.
Il a été surpris de constater qu’à Clermont, le travail n’était pas plus important qu’ailleurs. Extrait:
Quand il y a un changement d’entraîneur, c’est que les gens ne sont pas contents. J’ai été surpris de lire que des joueurs étaient contre l’éviction de Jono Gibbes. Je trouvais qu’il n’y avait pas de caractère d’urgence. Pour moi, l’ASM est un club qui incarnait la valeur travail. À chaque fois qu’on les affrontait, on se disait qu’il fallait qu’on travaille plus qu’eux : sur les replacements, les chasses, ils travaillaient comme des cons ! Et quand je suis arrivé ici, je n’ai pas trouvé que la valeur travail était plus importante qu’ailleurs. J’ai donc voulu changer trois choses.
Il explique tout ce qu’il a voulu changer en arrivant à l’ASM. Extrait:
La première, faire évoluer notre mentalité en étant « rebelles », afin de regagner à l’extérieur. La deuxième, on devait changer nos semaines de travail, et même les journées dans leur totalité car elles n’étaient pas très claires Par exemple, la semaine du joueur blessé ou hors-groupe s’arrêtait le vendredi midi. Pour moi, c’était inconcevable d’avoir des mecs en week-end dès le vendredi midi quand d’autres allaient se faire casser la gueule le samedi.
On a donc recalé les hors-groupe avec celui retenu pour le match, même si cela a fait grincer des dents. Enfin, il fallait changer le jeu, qui me paraissait trop déséquilibré : on avait la meilleure occupation du Top 14, mais avec le plus faible taux d’utilisation du jeu au pied. On ne s’appuyait pas dessus : donc on remontait tous les ballons à la main mais arrivé dans les 22 mètres adverses, on était cuit.
Questionné sur la formation, il réagit. Extrait:
Dans tous mes clubs, j’ai eu un œil sur la formation. Sauf à Bordeaux-Bègles, où l’on m’avait dit clairement que l’on n’avait pas besoin de moi. Bref. La dynamique d’un club doit partir des pros et redescendre jusqu’aux jeunes, comme ce fut le cas à Oyonnax et à Castres. Cela me rappelle un truc d’ailleurs : quand j’étais à Oyo, j’appelais les gens de Clermont pour connaître les Espoirs qu’ils n’allaient pas garder pour que je puisse les recruter. Je trouvais que ces mecs étaient sérieux, travailleurs et éduqués au monde pro.
On était dans les années 2010. Les jeunes Auvergnats empilaient les titres, à l’époque. Mais à l’image des pros, cela s’est un peu essoufflé. Et il faut se rendre à l’évidence : on s’est fait doubler. Par des clubs comme Bordeaux-Bègles, ou la Rochelle… On s’est fait doubler partout : sur la formation, sur le fait de ne plus être capable de recruter les meilleurs jeunes… La remise en question est donc profonde. Mais même si je suis déçu par notre saison actuelle, je trouve qu’elle ne représente pas l’engagement des joueurs. Il faut mettre les mains dans le cambouis et repartir au combat.
Dans la foulée, il explique sa collaboration avec Aurélien Rougerie et Didier Rétière. Extrait:
Aurélien est « team manager », donc au-delà de s’occuper de la logistique des déplacements, il fait en sorte que le staff et les joueurs soient dans les meilleures conditions possibles pour faire leur boulot. Il a aussi un rôle dans l’état d’esprit : il incarne le fait d’être Jaunard, et cette éthique chez les jeunes et les pros. C’est la personne idoine pour le faire, et il prendra plus de responsabilités avec le projet « One ASM » prévu pour 2027 qui vise à développer la cohésion entre toutes les équipes du club, sur différents plans.
Didier, lui, s’occupe du développement du club sur la formation et les jeunes. Pour faire simple, je suis là pour le court terme. Didier travaille sur le moyen long terme, tandis que « Roro » bosse sur la mentalité, l’état d’esprit et le quotidien de l’équipe.
Il a également évoqué sa relation avec le président du club, Jean-Claude Pats. Extrait:
Même si l’ASM me faisait rêver, je ne savais pas trop comment j’allais m’y sentir. On me disait : « Clermont c’est Michelin, faut pas parler, faut pas ci, faut pas ça » bref… Tout le contraire de moi quoi ! Et finalement, je trouve que c’est comme partout. De façon générale, je suis très bien à Clermont. J’ai été très bien intégré, on a fait en sorte que je sois bien, comme jamais dans mes clubs auparavant. Ma famille se plaît en Auvergne aussi.
J’ai une relation d’honnêteté et d’authenticité avec mon président, que je rencontre une à deux fois par mois. Nous savons où nous allons, et nous avons fait le même constat de la situation de l’ASM. On est tous au coeur de la reconstruction. Je dis « tous », parce qu’avec Jean-Claude, Benoit Vaz, Didier (Retière), « Roro » et moi, on forme le « Big Five ». Nous sommes tous alignés. Donc pour en revenir à la question, j’ai une relation de confiance et d’honnêteté avec mon président. Mais comme tout le monde le sait, ce n’est pas un président qui complique les relations, ce sont les résultats. Ce n’est pas un président qui te vire. Ce sont les résultats.
Pour conclure, Christophe Urios indique ne pas se sentir sous pression à Clermont. Extrait:
Non. Je me sens sous pression parce que je ne suis pas content. Mais vous savez, je ne me sentais pas sous pression à Bordeaux non plus… En tout cas je trouve que la relation que nous avons dans le « Big Five » est plus authentique. Encore une fois, on est aligné et aujourd’hui je suis en confiance. Ce n’est pas pour autant que je n’ai pas les yeux ouverts.
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