Bernard Lemaître explique comment il a pris la place de Mourad Boudjellal : « J’ai été obligé de rajouter de plus en plus d’argent »

Bernard Lemaître explique comment il a pris la place de Mourad Boudjellal : « J’ai été obligé de rajouter de plus en plus d’argent »

Le lundi 25 mars 2024 à 11:23 par David Demri

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Le président du Rugby Club Toulonnais, Bernard Lemaître s’est récemment confié via l’émission Linvité diffusée sur la chaine YouTube Limpact TV.

Lors de cet entretien, Bernard Lemaître est revenu dans un premier temps sur son parcours professionnel.

Il explique notamment comment, parti de rien, il a réussi à faire fortune.

A lire ci-dessous :

« A la base j’étais ingénieur. J’ai commencé par une carrière de commercial très basique. Au bout d’un an et demi, je n’arrivais pas à nourrir ma famille donc je suis devenu délégué médical et j’ai commencé une carrière dans l’industrie pharmaceutique pendant 17 ans jusqu’au jour où j’ai voulu convaincre mon employeur, un grand laboratoire pharmaceutique Français d’adopter certaines méthodes de production complètement nouvelles par rapport aux biomédicaments, à savoir les médicaments d’aujourd’hui comme les vaccins par exemple.

Pour faire très cours, j’ai suggéré de nouvelles méthodes de production dont j’étais porteur et inventeur. J’ai créé ma boite sur ce concept et j’ai commencé à vendre aux Etats-Unis car c’était les USA qui étaient les plus avancés dans ce domaine, puis en Europe, en Asie du sud-est, Chine, Corée du Sud… J’ai créé une société qui est devenue un petit groupe de 600 – 700 personnes. On est devenu leader mondial dans notre domaine. C’est une aventure qui a duré 30 ans avec une orgie de travail. Quand tu pars de zéro et que tu créés un capital en vendant tout ce que tu as : appartement, voiture, voiture de madame… On prenait les transports en commun pour tout mettre dans la boite. C’était une grosse prise de risque.

Après cela j’ai vendu ce groupe, j’avais 68 ans. On est devenu une entreprise très cotée au marché boursier Français et Anglais. C’est facile quand tu es une société cotée. J’ai vendu à un groupe Allemand qui était très complémentaire de nos activités pour faire quelque chose de solide. Avec cette vente, j’ai créé une société financière et patrimoniale qui s’appelle la financière de la seigneurie qui est devenue l’actionnaire presque unique du RCT.

Je suis devenu financier. Je devais être agriculteur, j’étais un peu rugbyman au passage, dirigeant de club, j’ai été cadre d’entreprise, chef d’entreprise, créateur d’entreprise et je suis devenu financier avec beaucoup de succès, avec l’aide de Frédéric Bir que j’ai recruté dans une banque d’affaire. Voilà ma carrière bien remplie et elle n’est pas terminée. »

Il explique ensuite comment il a eu l’idée d’investir dans le Rugby Club Toulonnais et comment il s’est retrouvé président du club à la place de Mourad Boudjellal. Extrait:

« Je m’ennuyais un peu dans ce boulot qui consiste à faire de l’argent. Donc j’ai dit à Frédéric Bir de continuer à s’occuper de la société et que de mon côté j’allais contrôler mais je voulais faire autre chose. J’ai vu qu’un club avait besoin d’argent pour créer un centre d’entrainement et j’ai proposé mes services à Mourad Boudjellal. C’est comme cela que je suis rentré au capital du club.

Et puis sans vexer sans personne, les besoins étant criant, j’ai été obligé de rajouter de plus en plus d’argent et tout cela en 18 mois. C’est très court et le besoin d’argent était crucial entre juin 2018 et fin 2019. Et là, je me suis retrouvé quasiment propriétaire du RCT. J’ai donc dit à Mourad que je devais aller plus loin et que j’administre et que je gère. C’est comme ça que je suis devenu le président du RCT, le 11 février 2020. »

Puis le Covid a fait beaucoup de mal sur le plan financier. Extrait:

« Le Covid est ensuite arrivé et c’était une mauvaise période. Les pertes récurrentes du RCT se sont très aggravées. J’ai fait face comme je fais depuis toujours. J’ai eu une attitude que j’ai toujours eu dans mes affaires : c’est dans les creux qu’il faut investir, contrairement à ce que fait notre gouvernement. Je ne fais pas de politique (rire). Quand tu as une certaine vue sur ce qu’il va se passer après, c’est là qu’il faut foncer. J’ai créé l’organisation du RCT sur le plan installation et organisation, mode de fonctionnement et sur la constitution de l’ensemble du staff sportif. Tout cela s’est fait par étapes dans un temps très court. En quatre ans, on a créé le RCT tel qu’il est aujourd’hui. C’est un beau projet et il ne nous manque plus qu’une chose, c’est d’aller plus haut sur le plan sportif.

De 2015 à 2020, dans tout un tas de domaines on est en décroissance, en décroissance de résultats, un décroissance économique, décroissance de revenus et accroissement de déficits qu’il faut combler. C’est là que le Covid a joué un sale coup pendant deux ans : il fallait reconstruire dans une phase négative. Ce n’est pas facile à expliquer au grand public ce genre de chose mais pour ceux qui ont une notion économique de base peuvent le comprendre. Je ne lâche pas, on va continuer et je pense que l’on va réussir. Ca prend plus de temps que ce que je le pensais. »

Il ne regrette en aucun cas d’avoir investi dans le club Toulonnais. Extrait:

« Je ne regrette pas à titre personnel car je suis un entrepreneur né, j’ai besoin de faire et l’âge ne compte pas. J’ai la chance d’avoir une très bonne santé. C’est un élément de base qui t’aide à ne pas regretter. Puis c’est passionnant le RCT, très impactant et très dur. C’est une énorme quantité de travail car je gère aussi d’autres affaires. Avec ma femme, j’ai une association caritative qui possède la moitié des actions de la financière de la seigneurie et ce n’est pas rien et tout cela est redistribué à la misère humaine. Quand je pars du bureau il est à 18 heures le soir et j’ai une autre journée qui commence ensuite.

J’investis dans le RCT car j’ai la passion du rugby et que pendant toute ma vie professionnelle, j’ai été principalement aux USA et j’ai toujours suivi le rugby Français et deux clubs en particulier : le Stade-Français et le RCT. Ensuite, j’ai fait mes bureaux à La Ciotat et je me suis rapproché géographiquement du RCT. L’occasion m’est venue de me dire que s’il y avait quelque chose à faire, ce serait là. Il n’y a pas d’autre club de rugby en-dessous de Valence jusqu’à Nice et Nîmes. Puis le RCT était très attirant pour un investisseur, pour quelqu’un qui s’implique, car c’était le grand RCT des années 2010 qui était encore sur sa lancée et qui commençait à décliner. »

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