Les savoureuses confidences de Patrice Collazo sur son caractère qui fascine tant

Les savoureuses confidences de Patrice Collazo sur son caractère qui fascine tant

Le samedi 30 décembre 2023 à 1:07 par David Demri

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Le manager Montpelliérain Patrice Collazo s’est longuement confié via Midi Olympique pour évoquer son tempérament.

Ce-dernier avoue avoir de fortes convictions.

Il confirme que certaines choses ne sont pas négociables avec lui.

Il se confie. Extrait:

J’ai des convictions. Avec moi, il y a des choses qui ne sont pas négociables. Mais si j’ai eu des réactions, c’est qu’il y a eu des actions. J’ai réagi quand l’équipe était attaquée. Quand vous êtes promu en Top 14, vous vous rendez compte qu’il n’y a pas de place pour les petits. Il faut s’imposer et se faire respecter, à tous les niveaux. Mais quand il y a eu des saillies, ce n’était pas pour me défendre moi, c’était pour affirmer des convictions et défendre une institution. Après, on a eu cette image, on m’a collé une étiquette. La société veut ça.

Il y a des entraîneurs qui mettent les formes, pas d’autres. Notre société est basée sur l’image, c’est comme ça. Désormais, je me suis affranchi de certaines choses. J’ai appris que ce que pensent les gens, je ne peux pas le contrôler alors je me concentre sur ce que pensent le staff et les joueurs. C’est le plus important. Le reste, j’ai essayé de le combattre mais c’était peine perdue.

Aujourd’hui, je n’entraîne plus comme je le faisais avant. Ce qui m’a finalement permis d’évoluer, c’est la coupure entre deux postes (entre Toulon et Brive). Quand on est en poste, il est presque impossible de se ressourcer. Il faut comprendre qu’être entraîneur, c’est vivre dans une lessiveuse, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Les échanges avec les autres staffs n’existent pas.

Un joueur au Pays de Galles, Patrice Collazo avait privé un joueur du Stade Rochelais d’aller voir un match de boxe.

Il se rappelle qu’il s’agissait de Victor Vito. Il revient sur cet épisode. Extrait:

Je me souviens de cet épisode. Le joueur en question, c’était Victor Vito. Il voulait aller voir boxer son cousin (Joseph Parker, récent vainqueur de Deontay Wilder, qui devait alors affronter le champion du monde Anthony Joshua au Millennium de Cardiff, N.D.L.R.). J’ai dit oui mais après, un second est venu. Puis un troisième, et quatrième…. J’ai répondu : « Écoutez, les gars. Un mec, ça passe. Cinq, c’est plus dur. On est parti à quinze, on revient à quinze. Ou alors, on va tous voir ce combat. » On sortait quand même du premier quart de finale européen de l’histoire du club. À l’époque, je me suis dit que les supporters n’auraient pas compris qu’on ne revienne pas tous ensemble. Pour la symbolique, c’était très important.

On est tous revenus à La Rochelle et ceux qui voulaient voir le combat sont repartis au pays de Galles, le lendemain. Encore une fois, je me disais qu’il fallait maîtriser ce qui pouvait l’être. Il ne fallait pas offrir d’angles d’attaques gratuits à nos adversaires. On peut prendre des coups de l’extérieur, ça peut arriver, mais on ne peut pas se faire « pétarder » de l’intérieur. C’était mon idée.

Le journaliste lui demande ensuite pourquoi il souhaite tant maîtriser toute la communication de ses joueurs et des clubs avec lesquels il travaille. Il réagit. Extrait:

Encore une fois, tu dois maîtriser ce qui peut l’être. D’abord, je voulais faire respecter le protocole et le travail des gens qui s’occupent de la communication, ainsi que les commerciaux. Un joueur, même s’il ne joue pas, doit aller faire des « RP » (relations publiques). Ensuite, je reconnais que j’ai parfois voulu protéger certains joueurs car ils maîtrisaient mal leur communication. Enfin, après une contre-performance, il faut faire attention : il ne faut pas laisser dégoupiller une grenade en interne, dans nos propres locaux.

Il explique également pourquoi il organise autant d’entrainement à huis clos. Extrait:

J’étais adepte des huis clos, c’est vrai, comme je les ai connus à Toulouse et je peux vous dire que c’était de vrais huis clos. Même les oiseaux qui passaient ne voyaient rien ! (rires) Pourquoi j’ai fait ça ? Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les images circulent. Moi, je conçois le rugby comme une bataille navale, un jeu d’échecs, un jeu de stratégie et ça peut passer par la composition d’équipe. Je crois encore à ces effets de surprise. Mais à Brive, j’en ai moins fait. Aujourd’hui, j’en vois moins l’intérêt.

Patrice Collazo explique aussi pourquoi, parfois, il change ses compositions d’équipes au dernier moment. Extrait:

Ça fait longtemps que je ne l’ai plus fait ! Mais j’assume. Tout le monde connaît tout le monde. Je crois à ces 10 % de panique qu’on peut créer chez l’adversaire. Ces 10 % du temps que l’entraîneur adverse ne passe pas à penser à autre chose. C’est toujours un avantage de pris. C’est vrai, parfois, j’ai poussé un peu à l’excès avec des fausses blessures, je l’avoue. Mais regardez les Springboks ! Ils ont bâti leur succès à la Coupe du monde sur de la communication ciblée : « Je balance une grenade à gauche, elle éclate à droite ». Ces 10 %, ils peuvent être capitaux. On ne peut pas être entraîneur sans être parano, on regarde tout. On est constamment en éveil. À l’échauffement, par exemple : on voit des choses, des détails, ils participent à la course à la maîtrise et à l’anticipation de la partie. On peut voir un joueur pas à l’aise, par exemple, parce qu’il relève de blessure.

Après mon départ de Toulon, je suis allé voir des matchs en achetant ma place en tribunes. Quand on est en poste, on est prisonnier d’une vision du bord de touche. Là, j’ai accédé à une vision panoramique et je me suis aperçu que je percevais des choses qui m’étaient invisibles jusqu’alors : l’arrivée au stade, l’échauffement individuel et collectif, tous ces moments où on perçoit ce qui transpire la sérénité… ou pas. Ça me donnait plein d’indications sur l’issue du match. Ça m’a fait réfléchir.

Pour conclure, Patrice Collazo regrette qu’on lui colle une mauvaise image. Extrait:

On m’a collé une image, une réputation mais en 2021, quand j’ai quitté Toulon, j’ai reçu six invitations à venir voir des clubs fonctionner, dont celle d’Ugo Mola à Toulouse. Je me suis retrouvé à Trévise avec Marco Bortolami et même en équipe d’Angleterre, avec Eddie Jones. Je me dis que si j’étais un « connard », ça ne serait pas arrivé. J’ai traversé des moments durs avec ces polémiques, mais j’ai fait des efforts pour ne pas m’installer dans la peau de l’éternel incompris.

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