Selevasio Tolofua raconte le jour où un spécialiste lui a annoncé qu’il devait mettre un terme à sa carrière !
Selevasio Tolofua raconte le jour où un spécialiste lui a annoncé qu’il devait mettre un terme à sa carrière !
Le samedi 23 décembre 2023 à 10:52 par David Demri
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Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le troisième ligne du Rugby Club Toulonnais, Selevasio Tolofua a avoué avoir connu les montagnes russes ces derniers mois.
Blessé en fin de saison dernière, il avait hâte de rejouer et de relancer la machine. Extrait:
Après l’opération de ma hanche, j’ai envie de me rebouger. C’est un nouveau départ. D’un point de vue émotionnel, ces derniers mois, ça a été les montagnes russes. Je ne savais pas trop où j’allais en être par rapport au rugby. Il me tardait de venir pour relancer la machine. Après ces galères, je veux m’amuser.
Il précise avoir vécu plusieurs années de galère. Extrait:
Pendant cinq ans, j’ai joué avec de l’arthrose dans la hanche. J’en ai toujours d’ailleurs. On a évoqué le fait de me poser une prothèse. C’est rare à seulement 26 ans ! C’est même fou. Le projet de base, ce n’était pas que je puisse rejouer au rugby. Finalement, tout s’est bien déroulé lors de la rééducation. J’ai pu revenir, et je suis à 100% dans la vie quotidienne. Je suis allé voir un spécialiste, car c’était devenu handicapant dans la vie de tous les jours. Maintenant, je revis !
En février dernier, un spécialiste lui a même annoncé qu’il ne pourrait plus rejouer au rugby. Extrait:
En février, à la suite d’un examen, un spécialiste m’a dit : « Le rugby c’est terminé. » Après, on a posé les choses. Je lui ai directement signifié que j’avais envie de continuer à jouer au rugby. On a fait une opération. On ne savait pas si ça allait tenir. Finalement, ça tient.
Maintenant, je peux vous dire que le rugby s’était quasiment terminé. Heureusement, mes proches et Toulouse ont été présents à mes côtés. Je suis reboosté, car je peux utiliser ma hanche. Comme tous les sportifs, j’ai trop serré les dents pendant des années. On joue tous avec des petits bobos, mais ça m’a vraiment impacté dans la vie quotidienne. C’était devenu trop difficile.
Les mots du spécialiste ont été très difficiles à entendre pour lui. Extrait:
J’étais perdu. C’était dur au moment de l’annonce. J’aime ce sport et je n’étais pas prêt à passer à autre chose. On a trouvé cette solution. J’ai eu de la chance d’avoir une dernière option avec l’opération. Aujourd’hui, je relativise beaucoup plus sur la vie. J’apprécie tous les moments de ma carrière. Nous sommes des privilégiés.
Il n’a jamais baissé les bras. Extrait:
Je ne me suis pas projeté. Quand j’ai dit au spécialiste que je voulais jouer, je savais au fond de moi que ça allait le faire. Je savais que ma carrière n’était pas finie. J’y ai toujours cru. Pour que ça se passe bien, il fallait être positif dans la tête. Mais oui, ça a été très dur d’entendre qu’il fallait penser à la retraite. J’ai eu des moments de très bas, ça aurait été pareil pour tous les autres sportifs. C’est dur d’entendre qu’on va t’enlever la chose qui te rend heureux depuis tout petit. À partir du moment où l’opération était possible, j’ai repris espoir. Je suis le seul rugbyman à jouer après ce type d’opération. Je suis le premier patient (rires). Normalement, on fait cette opération vers 30 ans ou plus, puis on s’arrête de jouer.
Il explique en quoi consistait l’opération de sa hanche. Extrait:
On m’a lissé l’os de la hanche, on m’a fait un trou et remboîté le tout (sourire). J’avais une bosse sur la hanche à force que deux os se frottent. La bosse est devenue de plus en plus grosse. Je n’ai plus du tout de cartilage. Honnêtement, je me sens vraiment mieux. Je sais que ça reste une bombe à retardement, ça finira par regonfler avec les frottements liés au rugby. Je sais que je ne vais pas pouvoir échapper à la prothèse d’ici quelques années (rires).
Il a ensuite parlé de sa rééducation. Extrait:
Je dirais plutôt que ça m’a mis un coup. Je suis resté avec mes proches et mes amis. Toulouse a mis en place des choses autour de moi pour m’aider. J’en serai toujours reconnaissant. J’ai fait ma rééducation en même temps que Jérôme Cazalbou. Il s’est fait poser une prothèse… On a beaucoup ri ensemble, parce qu’on n’avait pas vraiment le même âge pour se retrouver au même endroit (rires). Il me chambrait un peu. J’ai également vécu ma rééducation avec Yannick Youyoutte. Il s’est fait opérer du pied. À Capbreton, notre amitié s’est renforcée. Je salue tous les gens qui m’ont accompagné là-bas ainsi qu’à la Clinique Médipole. Ils ont tous été incroyables. La bienveillance s’est poursuivie à Toulon. Le club ne m’a pas pressé, et ils ont su prendre soin de moi.
On était vraiment proche de m’enlever cette vie de rêve, et les émotions partagées avec les copains. Je me suis juré de plus apprécier tous les moments vécus dans le rugby. C’est une vie énorme, il faut s’en rendre compte. Aujourd’hui, je peux vous dire que ça va vite. Quand ça va mal, tu sais sur qui tu peux compter. Maintenant, je joue, ça tient, et je me régale !
Il précise avoir ressenti une alerte lors de son arrivée à Toulon. Extrait:
Lors de la première semaine à Toulon, il y a eu une mauvaise réaction. J’ai un peu douté, mais on a pris le temps de renforcer mon corps pendant deux semaines. J’ai eu des petites inflammations. On a travaillé pour que je puisse renforcer les muscles autour de ma hanche. Le fessier peut protéger les chocs, il faut aussi faire beaucoup de gainage. Les frottements et les impacts continuent à me faire des calcifications. C’était aussi peut-être un petit contrecoup du fait que j’ai eu la volonté de reprendre plus tôt avec Toulouse. J’avais envie de jouer mon dernier match à Ernest-Wallon et de vivre les dernières phases finales avec mes amis du Stade Toulousain. J’ai pu participer à la demi-finale et à la finale ! C’est assez fou parce qu’on m’avait dit que c’était fini en février (rires). J’ai arrêté la rééducation, mais ça valait le coup.
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