Alexandre Roumat ne regrette pour rien au monde sa signature à Toulouse

Alexandre Roumat ne regrette pour rien au monde sa signature à Toulouse

Le dimanche 3 décembre 2023 à 23:35 par David Demri

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Le 3e ligne du Stade Toulousain Alexandre Roumat s’est très vite intégré dans son nouveau club. Il ne lui a fallu qu’une saison pour remporter le Bouclier de Brennus et s’imposer dans l’équipe. A 25 ans, il se régale dans le jeu prôné chez les « Rouge et Noir » et rêve un jour de vivre sa première sélection en bleu. Avant le déplacement au Stade Français dimanche soir pour le compte de la 9eme journée de Top 14, il a expliqué sa satisfaction à RMC Sport.

Alexandre Roumat, pour votre première saison au Stade Toulousain, vous avez disputé 32 matchs, dont 26 de Top 14 (25 titularisations). Vous avez été le 2e joueur le plus utilisé derrière Mathis Lebel. Etait-ce au-delà de vos espérances en arrivant au club?

C’est l’année on va dire, sur l’ensemble de son œuvre, qui est au-delà de mes espérances. C’est vrai qu’arriver, jouer autant, gagner dès la première année, m’intégrer aussi rapidement, c’était un objectif forcément, mais qui était assez élevé. Et je savais que ça allait être quelque chose d’assez difficile. Voilà, ça s’est plutôt bien passé et je pense aussi que le fait qu’au début, sur les deux-trois premiers matchs, il me semble qu’il y a eu quelques blessures à mon poste qui m’ont permis d’enchaîner, après une plutôt bonne « prépa ». Et puis après, ça s’est lancé et naturellement, j’ai réussi à prendre mes marques. Donc forcément, je suis très satisfait. Parce qu’au bout, même si individuellement ça s’est bien passé, ce qu’on retient, c’est surtout le titre collectif. L’aventure était juste incroyable.

Vous aviez fini la saison précédente avec le statut de remplaçant à l’UBB. Comment expliquer cette transformation? Le contexte?

L’expliquer, je ne sais pas… en tout cas, moi, la manière dont je l’ai vécu, c’est que la première des choses que je m’étais fixé c’était d’arriver prêt, un petit peu en avance sur la « prépa ». Du moins physiquement. C’est à dire arriver en se disant que je n’avais pas de retard physique par rapport aux autres. Et même essayer de montrer que j’étais un peu en avance pour marquer le coup dès la présaison. Marquer les esprits, les coachs, essayer de leur montrer que j’avais envie de m’imposer dans cette 3e ligne qui est juste incroyable, avec pléthore d’internationaux. Et essayer de m’exprimer du mieux possible. La manière dont j’essaie de jouer au rugby. Et c’est vrai qu’ici, j’ai la chance que beaucoup de gens me fassent confiance. Sur la manière dont je m’exprime, la manière dont je suis libre sur le terrain. Je pense que c’est aussi ça qui fait que je me sens aussi bien. J’arrive tout simplement à coller à la manière dont on essaie de jouer. Et c’est un rugby que je partage et surtout dans lequel où je prends énormément de plaisir. Avec un peu de recul, c’est vrai qu’à la fin, forcément, quand tu es moins titulaire, remplaçant ou hors-groupe, tu prends forcément moins de plaisir. Mais outre la notion de place sur le terrain, que ce soit titulaire ou remplaçant, c’était vraiment la notion de prise de plaisir, de jeu. Ici on prône le jeu de vitesse et c’est quelque chose qui me correspond bien.

Vous vous êtes très vite fondu dans ce collectif. Est-ce que vous vous êtes découvert ce potentiel de « rouage » dans le jeu ou est-ce que le public ne vous connaissez pas assez dans ce rôle?

J’ai toujours été convaincu que j’étais capable de le faire. De faire ce que je fais actuellement ou ce que j’ai fait l’année dernière, sur la capacité à me déplacer, à faire jouer après moi. Mais j’ai toujours été convaincu, en fonction des équipes, en fonction des profils, de la manière dont on joue. A Bordeaux, je n’arrivais pas à exprimer pleinement mes qualités. Peut-être parce qu’il y avait un système qui était peut-être différent, qu’il y avait une place qui était souvent moins importante sur le terrain pour moi. J’avais aussi moins de confiance dans le jeu et on va dire que je tentais moins. Ici, s’il y a bien un truc dans lequel moi je me retrouve, c’est que j’ai la sensation que je peux tenter et faire des erreurs. Et ça c’est quelque chose qui me correspond bien.

Vous avez le sentiment d’avoir progressé?

Oui, je pense que j’ai progressé, forcément. Mais même à Bordeaux où à la fin, c’était plus difficile, quand je jouais un peu moins, j’avais également progressé. Sur moi, sur la partie préparation. Chaque semaine, quand tu joues moins, que tu as une place différente dans le groupe, il faut essayer d’optimiser les performances. Quand tu es remplaçant et que tu rentres sur le terrain, c’est quelque chose de différent que quand tu es titulaire. Ou même quand tu es hors groupe, il faut faire travailler aussi les autres. Pas que penser à soi. Et après, sur le rugby pur, je crois que, ici, j’arrive à m’exprimer d’autant plus offensivement. J’avais un peu cette frustration à Bordeaux à la fin. Je m’exprimais peu, je touchais peu de ballons, je passais peu le ballon, j’étais peu utilisé pour plein de raisons. Sans doute que c’était ma faute aussi. Mais ici, je me retrouve parfaitement. J’arrive à jouer, faire jouer, porter le ballon, même s’il y a plein de choses qui sont à améliorer. Mais c’est aussi la grosse différence : ma capacité à apporter ce que je peux apporter offensivement à l’équipe.

De quelle manière vous vous régalez le plus sur le terrain ? Dans ce que vous venez de décrire?

C’est forcément dans tout ce qui est notion de déplacement, jeu en lecture. J’aime beaucoup passer le ballon. Souvent, en interne, en famille, sans citer de personne (sourire), on me le reproche un peu. C’est à dire de beaucoup jouer pour les autres et de passer le ballon, plus que de jouer pour moi. Donc j’aime cette manière de faire vivre le ballon de manière générale. C’est ce qui me plaît. Et c’est ce que j’essaie de faire au maximum ici. Après, forcément que je prends plaisir quand on a des grosses séquences défensives, quand on défend les mauls. Mais moi ce qui me fait plaisir dans le rugby, c’est ce moment où tu passes le ballon, où tu le fais vivre. D’ailleurs, souvent, on me dit que je reste avec les trois quarts. Je pense que jeune, déjà, quand j’ai commencé, à l’âge de 11, 12 ans, il n’y avait pas trop de postes mais je voulais jouer à l’aile ou au centre. C’est vrai qu’au fond de moi, j’aimerais peut être un jour faire un bout de match derrière.

Vous vous sentez au bon endroit ici, au Stade Toulousain?

Carrément. Je prends vraiment énormément de plaisir tous les jours. J’ai la chance de côtoyer des mecs exceptionnels, à tous les étages du club. J’ai la chance de jouer dans un collectif où on a 20 internationaux. Il y en a qui arrivent, comme Népo (Laulala) par exemple. Il y a des jeunes moins de 20 ans qui ont gagné, des jeunes espoirs qui sont champions de France… Il y a de la qualité partout. Et tout le monde est juste tourné vers le jeu. Moi, c’est ce qui me passionne

Que représentait Toulouse pour vous avant, quand vous étiez dans la peau d’un adversaire?

Pour l’avoir vécu en dehors et maintenant à l’intérieur, je pense que les gens qui n’aiment pas le Stade Toulousain, ce sont des gens qui en fait l’admirent mais qui n’aiment pas que Toulouse gagne contre leur club. Ou qui n’aiment pas en fait voir leur réussite. Je pense que la manière dont on essaie de produire du rugby, dont on essaie de véhiculer cette différence, de cultiver quelque chose de différent, ça peut parfois rendre jaloux d’autres équipes. Certaines équipes peuvent ne pas nous aimer. Quand j’étais en face d’eux, et notamment il y a deux ans avec l’UBB, on les avait joué quatre fois dans l’année et on avait perdu quatre fois ! C’était un enfer de jouer Toulouse. Du coup, je me rends compte de la chance que j’ai aujourd’hui. Je suis mieux quand même avec ces mecs, car quand tu es en face, c’est une équipe très, très dure à jouer.

Toucher le Bouclier de Brennus, c’était un « graal »? Quelque chose qui, jusque-là, ne faisait partie que des récits de votre père (Olivier, 62 sélections, deux fois champion de France avec le Stade Français et Biarritz)?

Franchement, c’est une symbolique forcément particulière. Comme « Rom » (Romain Ntamack, ndlr), comme des joueurs qui ont eu leur père qui l’ont gagné. Moi, c’est vrai que, même si je ne me rappelle pas la finale en 2002 quand ils ont battu Agen avec Biarritz, j’ai vu des images, des vidéos. Mon père m’a également raconté. Et il m’a dit : « voilà ce que ce que j’ai vécu avec toi, avec maman. Si tu as la chance de le vivre, ça va être quelque chose d’exceptionnel. » Mais pour la petite anecdote, il m’avait dit aussi : « quand tu monteras les marches, si tu as la chance de les monter, profite ! Et prend le temps de les monter parce que ça n’arrive pas souvent. » Et c’est vrai que c’était juste incroyable. Parce que je crois que c’était du coup 21 années après. Au même endroit, à des âges différents. Moi j’étais en tribune, lui sur le terrain et maintenant on a inversé les rôles. Ça s’est reproduit, donc c’est cool.

Il y a des interviewes où on n’évoque pas votre père ? Est-ce gênant ou au contraire pas un souci de l’évoquer?

Forcément, j’ai la sensation que les questions peuvent être assez répétitives, rébarbatives à ce niveau-là. C’est normal, c’est souvent les mêmes questions. Mais non, ce que je dis, c’est que ça n’a jamais été, comment dire… une difficulté. D’avoir un père ancien joueur, ancienne légende, ancien grand joueur, je ne sais pas comment on l’appelle, moi ça a toujours été une fierté. Au contraire, il m’a toujours vachement aidé. Il m’a laissé découvrir, sans me mettre de pression. Et si demain je fais un autre sport, si demain je fais quelque chose dans la vie professionnelle, il me dit « tant que ça te plaît, fonce et prend du plaisir. »

Il ne vous manque plus qu’une chose maintenant : une sélection.

Oui, bien sûr. C’est quelque chose que j’ai goûté un tout petit peu car j’ai eu la chance d’être appelé deux ou trois fois dans des stages avec le quinze de France. C’est vrai que quand tu vois les mecs partir, et notamment chez nous, il y en a beaucoup, tu vois la moitié de l’équipe partir et vivre des moments exceptionnels, comme la Coupe du monde comme le Six Nations, comme des tournées à l’étranger. C’est quelque chose qui donne forcément envie et ça a toujours été un truc que j’ai gardé dans un coin de ma tête. Comme je dis souvent, je reste convaincu que si je continue à faire des bons matchs, que si je continue à m’imposer dans cette 3e ligne au Stade Toulousain, un jour j’aurai ma chance. C’est clairement un objectif. Après, les parcours de chacun sont différents. Certains y arrivent à 18 ans, d’autres plus tard. Mais c’est quelque chose que je garde toujours en tête. Et forcément, j’ai envie d’y regoûter parce j’ai eu la chance de porter ce maillot dans toutes les équipes de France « jeunes. » Et c’est juste incroyable. Donc voilà, c’est quelque chose que j’aimerais bien obtenir un jour.

Via RMC Sport

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