Matthieu Lartot : « J’avais pointé du doigt le club de Toulon parce que c’est un vieux stade… »
Matthieu Lartot : « J’avais pointé du doigt le club de Toulon parce que c’est un vieux stade… »
Le samedi 2 décembre 2023 à 10:58 par David Demri
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Le journaliste rugby de France Télévision, Matthieu Lartot s’est longuement confié via L’équipe.
Amputé d’une jambe au mois de juin dernier, le journaliste a pu commenter les matches de la Coupe du monde pour France Télévisions.
Il avoue avoir savouré son retour à l’antenne. Extrait:
Un bonheur assez égoïste dans un premier temps. Le défi que je m’étais lancé était relevé. Je voulais prouver que j’étais capable de me rendre dans un stade, de prendre le train ou l’avion. Prouver à ceux qui vont travailler avec moi dans les années à venir que j’étais en mesure de poursuivre ma mission d’avant l’amputation.
La difficulté, ce n’est pas tant le temps de déplacement mais plutôt l’énergie déployée. Ma crainte était d’arriver épuisé à l’antenne… Beaucoup m’ont d’ailleurs trouvé assez fatigué lorsque je suis apparu à l’écran. Il y avait évidemment les séquelles des traitements, des opérations, de la rééducation mais aussi les conséquences des efforts importants pour me mouvoir. Mon périmètre de marche était alors encore très limité.
Il a également exprimé sa joie d’avoir pu commenter France – Namibie. Extrait:
C’était le seul match des Bleus qu’on diffusait dans ce Mondial et l’engouement autour de moi m’a un peu dépassé. Une tribune qui se lève en scandant votre nom, vous n’y êtes pas habitué. Les mois précédents, j’avais reçu énormément de messages de soutien mais ce jour-là, cela se manifestait sous mes yeux, par un rapport presque charnel avec les gens qui me touchaient, m’encourageaient.
Il ne pensait vraiment pas qu’il allait recevoir tant de messages. Extrait:
Leur teneur m’a beaucoup ému mais m’a aussi obligé dans ma communication. Comme il m’était impossible de répondre individuellement, je devais accepter d’être un porte-parole de ceux qui vivent le cancer, mais aussi le handicap, souvent de façon isolée. Et ils sont nombreux. Il y avait aussi la volonté de montrer qu’on peut être touché par la maladie, affronter une chimiothérapie et une amputation, et recouvrer des moyens et sa place dans la société. Parmi les gens victimes de handicap, 12 % d’entre eux sont rétrogradés professionnellement lorsqu’ils retrouvent leur métier.
Il indique ne pas avoir eu peur d’être remplacé et précise posséder un contrat à 60%, un mi-temps thérapeutique. Extrait:
Non, je n’ai pas craint d’être remplacé à France Télé, seulement d’être, moi-même, en incapacité physique. Mais mon employeur m’aide beaucoup. Pendant la Coupe du monde, je n’étais pas certain de pouvoir assurer une journée de marche et on avait fait en sorte que quelqu’un m’accompagne pour être au soutien. Aujourd’hui, je suis en mi-temps thérapeutique, à 60 %. En janvier ou février, je basculerai peut-être à 80 % et un peu plus tard à 100 %.
Je m’étais fixé cet objectif du Mondial comme moteur pour affronter cette épreuve. Maintenant, j’ai conscience de devoir faire attention, de me ménager de temps en temps pour que ce soit pérenne. Je ne peux pas avoir la vie d’avant. Pour être autonome dans l’exercice de ma profession, c’est à moi de respecter une discipline stricte. Pour les autres, je dois montrer qu’une entreprise peut aussi faire confiance à des salariés victimes de handicap, avec une mobilité réduite.
Dans la foulée, il affirme ne pas avoir de fauteuil roulant, sauf lorsqu’il est chez lui. Extrait:
Dans ma vie professionnelle, absolument pas. Mais chez moi, lorsque j’enlève ma prothèse, je suis en béquilles ou en fauteuil roulant puisque, par définition, il ne me reste plus qu’une jambe. Aujourd’hui, je suis capable de parcourir 8 à 10 kilomètres par jour, même si marcher avec une prothèse quand il vous reste 14 centimètres de jambe, c’est très énergivore. Cela implique des efforts considérables.
Se rendre dans la tribune presse du Stade Mayol lui est impossible. Il explique être en discussion avec les dirigeants du Rugby Club Toulonnais pour trouver une solution. Extrait:
J’avais pointé du doigt le club de Toulon parce que c’est un vieux stade, difficilement modifiable dans sa structure. La tribune de presse est, à ce jour, inaccessible pour moi puisqu’on y accède par un escalier à pic, sans rambardes et avec beaucoup de marches. Mais on discute avec le club pour installer une position commentateur à un endroit différent. J’ai la chance de me rendre depuis des années dans les mêmes enceintes, je les connais à peu près toutes et je vois les difficultés que je pourrais rencontrer. De manière générale, cela va bien se passer, à l’exception d’un ou deux stades où il faudra essayer de trouver des aménagements. Pour les personnes handicapées mais aussi âgées, il y a un travail colossal à faire dans l’accessibilité aux sites de sport.
Pour conclure, Matthieu Lartot se confie sur le départ de Cécile Grès de l’émission « Stade 2 ». Extrait:
Je n’ai pas cherché à comprendre. J’étais alors loin de tout cela, j’avais d’autres préoccupations un peu plus personnelles. Cécile avait des envies de se diversifier, je respecte sa décision. Concernant Stade 2, elle y sera toujours associée puisqu’elle présentera désormais l’émission (à son retour de congé parental en début d’année) lorsque je serai sur le Tournoi et les matches européens.
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