Jérôme Garcès : « Je le dis régulièrement, mais j’ai l’impression que personne ne l’entend… »
Jérôme Garcès : « Je le dis régulièrement, mais j’ai l’impression que personne ne l’entend… »
Le mercredi 4 octobre 2023 à 0:22 par David Demri
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L’ancien arbitre international Français Jérôme Garcès fait partie du staff technique des Bleus.
Interrogé via Midi Olympique, ce-dernier est revenu sur l’arbitrage du Mondial.
Il fait un point sur ce début de Coupe du monde. Extrait:
Sans surprise. Cela fait trois ans que World Rugby a mis en place des directives assez précises, sur lesquelles on travaille. On a mis en place une stratégie, avec des process, une utilisation précise des observables des arbitres, comment les utiliser, s’y ajuster. On a eu deux matchs avec des dynamiques complètement différentes : quatre pénalités concédées seulement contre la Nouvelle-Zélande, puis douze contre l’Uruguay. Mais ces deux matchs nous ont permis de continuer à bien travailler sur ce qu’on fait, revenir sur pourquoi on le fait, et surtout préciser comment on le fait.
Sans en détailler trop, Jérôme Garcès explique sur quoi les Bleus vont s’attarder. Extrait:
Je ne vais pas détailler tout cela ici : ce sont nos recettes, qui peuvent nous servir… Ce qui est important à comprendre, c’est que les phases de ruck sont de plus en plus difficiles à négocier parce qu’elles demandent de plus en plus de précision : on ne peut plus attaquer le sol, ni être en contact avec un joueur au sol… Cela demande énormément de justesse technique. Contester un ballon dans un ruck, c’est devenu beaucoup plus compliqué que dans le passé. C’est pour cela que les process qu’on utilise sont importants pour être bien placé, dans une bonne posture qui permet d’attaquer le ballon.
Tout ce que l’on fait en termes de discipline, on le partage avec tous les joueurs. Il n’y a pas chez nous, comme dans certaines équipes, des joueurs qui sont autorisés à contester et d’autres qui en sont interdits. En équipe de France, n’importe quel joueur peut contester le ballon, dans la mesure où il respecte à la lettre nos process.
Il évoque ensuite les chocs au niveau de la tête. Extrait:
Ce que je dis, c’est que lorsqu’on doit négocier un plaquage en un contre un, le joueur doit absolument se baisser. Si tu ne te baisses pas, tu prends le risque de ne pas assurer la sécurité du porteur de balle. C’est clairement au défenseur de bien « cibler » et de s’ajuster. Après, lorsqu’on se situe dans une autre dynamique sur les situations de plaquage à deux, c’est différent, car ça va très vite. C’est très difficile pour le deuxième plaqueur de se réajuster. Mais déjà, si on arrive à se réguler sur ce que l’on peut maîtriser, à savoir les plaquages en un contre un, on règle une bonne partie du problème.
Il parle également des mauls qui sont toujours difficile à arbitrer. Extrait:
Aujourd’hui, les mauls sont très complexes à arbitrer. Entre la porte d’entrée des joueurs, savoir si untel « nage » ou pas, s’il s’est délié ou pas, c’est très compliqué pour les arbitres, parce qu’il y a seize joueurs à surveiller dans un espace très réduit. Les formes que l’on observe sont à peu près toutes identiques : bien se positionner, pour pouvoir orienter le maul et garder une bonne liaison quand on désaxe. Comment aider les joueurs là-dessus ? En les aidant à rester connecté avec l’arbitre, c’est le mot d’ordre. Si tu es bien connecté avec lui, tu as très peu de chances d’être pénalisé. Mais si tu oublies cette connexion-là, tu vas certainement ne pas écouter sa recommandation, te délier et te mettre à la faute.
Pour conclure, Jérôme Garcès rappelle ne pas être arbitre mais technicien désormais, sans forcément se dire entraineur. Extrait:
Je le dis régulièrement, mais j’ai l’impression que personne ne l’entend… Depuis que je bosse avec l’équipe de France, je présente l’arbitre de la rencontre la veille du match. Et ma présentation, franchement, elle dure 10 secondes. Je pars du principe que si on arrive à maîtriser ce que l’on peut maîtriser, c’est-à-dire nos process et le respect de ce que l’on s’est dit dans la semaine, on aura fait une grande partie du travail, quel que soit l’arbitre qui est là pour faire son match.
Je ne suis plus arbitre, ça c’est sûr. Mais est-ce que je suis entraîneur ? Je ne sais pas et je ne me pose même pas la question, c’est trop difficile de définir réellement mon rôle. Ce qui est important, en revanche, c’est que je reste à ma place, qui consiste à travailler par rapport à la règle avec tous les entraîneurs, qui ont chacun leurs compétences spécifiques.
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