Le sélectionneur du Chili tire la sonnette d’alarme : « Les clowns d’un côté et les grands propriétaires de l’autre »
Le sélectionneur du Chili tire la sonnette d’alarme : « Les clowns d’un côté et les grands propriétaires de l’autre »
Le jeudi 28 septembre 2023 à 10:29 par David Demri
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Certaines nations tentent d’exister dans cette Coupe du monde mais n’y arrivent vraiment pas.
Si certaines formations arrivent à montrer un visage intéressant à l’image du Japon, du Portugal ou encore de l’Uruguay, d’autres n’y arrivent vraiment pas.
On pense notamment à la Namibie, au Chili ou encore à la Roumanie qui n’ont pas la moindre chance de se qualifier pour les quarts de finales et qui prennent de grosses claques contre les nations majeures de la compétition.
A l’issue de la lourde défaite de ses joueurs contre l’Angleterre (71-00), le sélectionneur du Chili, Pablo Lemoine a lâché une phrase forte pour évoquer la grande différence de niveau entre les nations. Extrait:
« Les clowns d’un côté et les grands propriétaires de l’autre. »
Interrogé via L’équipe, il estime que rien n’est fait pour que les petites nations réussissent à se développer. Extrait:
« On parle de l’Uruguay aujourd’hui, mais on était déjà là en 1999. Plus de 20 ans se sont écoulés et rien n’a changé. La Roumanie, la Namibie, les Samoa, les Tonga étaient déjà là : ont-ils progressé ? Au contraire, ils régressent. »
Il ne manque pas de pester contre les instances. Extrait:
« Le fond du problème, c’est qu’on s’extasie devant les petits qui résistent, que tout le monde trouve super que le Chili participe à sa première Coupe du monde mais que derrière, il ne se passe rien. On est là parce qu’on a bénéficié d’une aide économique cette année (plan de haute performance) mais pour que ce soit efficace il faudrait pérenniser cela sur quatre, huit, 12 ans.
On parle de l’Uruguay aujourd’hui, mais on était déjà là en 1999. Plus de 20 ans se sont écoulés et rien n’a changé. La Roumanie, la Namibie, les Samoa, les Tonga étaient déjà là : ont-ils progressé ? Au contraire, ils régressent. » Et le monde du rugby les qualifie, comme pour masquer la réalité, de « nations émergentes ».
La Première Division de la Nations Cup avec les 12 plus grosses équipes semble validée, mais en circuit fermé. Si la promotion-relégation est acceptée, ce qui est loin d’être fait, ce ne sera pas avant 2030. Ça va être comme le Tournoi des Six Nations. La Géorgie gagne tous ses matches à l’échelle en dessous (tournoi B européen) depuis plus de 15 ans, mais on lui refuse l’accès alors qu’elle a battu Galles et l’Italie récemment. Changer de catégorie est la seule perspective d’évolution mais on la lui refuse. Pourquoi ?
J’espère que les dix puissants réfléchissent. Si on continue comme ça, dans 20 ans, ce sera quoi le rugby ? »
Le sélectionneur des Tonga, Toutai Keku explique pourquoi les Fidji réussissent à s’en sortir mieux que les autres. Extrait:
« Les Fidji sont plus riches et plus peuplés (920 000 habitants contre 220 000 aux Samoa et 105 000 aux Tonga). Les clubs étrangers investissent là-bas, offrent des aides logistiques tandis que personne ne vient chez nous. Il n’y a même pas d’installation pour l’équipe nationale. Tous les ans, les 20 meilleurs partent. »
De son côté, l’ancien talonneur Tongien Ifa Taufaka explique les jeunes pépites quittent les Tonga pour évoluer. Extrait:
« Les gamins sont sollicités dès l’âge de 13 ans par des écoles en Nouvelle-Zélande. D’autres vont au Japon et une clause de leur contrat stipule qu’ils devront jouer pour le Japon et pas pour les Tonga s’ils sont internationaux.
Les pays étrangers viennent faire leur marché. Les gamins sont sollicités dès l’âge de 13 ans par des écoles en Nouvelle-Zélande. D’autres vont au Japon et une clause de leur contrat stipule qu’ils devront jouer pour le Japon et pas pour les Tonga s’ils sont internationaux.»
L’ancien capitaine des Samoa, Dan Leo sort du silence à son tour. Extrait:
« Twickenham à guichets fermés (82 000 places), c’est autour de dix millions de livres, mais ni notre fédération ni nos joueurs n’en bénéficient. Quand les joueurs anglais reçoivent une prime de 22 000 livres pour un match, les nôtres en touchent à peine 500. On ne demande pas un partage à 50% mais si on touchait 5% ou 10% à chaque fois, cela changerait tout pour nos pays qui, souvent, n’ont pas de stade adapté pour accueillir de tels matches. »
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