Brad Barritt connait exactement ce que vit actuellement Antoine Dupont !
Brad Barritt connait exactement ce que vit actuellement Antoine Dupont !
Le mercredi 27 septembre 2023 à 18:37 par David Demri
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L’international anglais d’origine sud-africaine Brad Barritt (26 sélections) a déjà joué un match de Champions Cup quatre jours après une opération de la pommette. Il raconte son expérience à RMC Sport et donne ses conseils au capitaine des Bleus Antoine Dupont.
Pouvez-vous nous raconter ce jour où vous vous êtes fracturé la pommette avec les Saracens à quelques jours d’un quart de finale de Champions Cup?
C’était ma deuxième fracture de la pommette en six mois. La première fois, c’était en début de saison (2017-2018, ndlr) et j’avais une grosse entaille sous l’œil. On m’a mis deux plaques en métal et j’ai rejoué trois semaines plus tard. J’avais eu une petite commotion, donc j’y suis allé prudemment. Mais la deuxième fois, ça s’est passé dans les dix dernières minutes d’un match contre les Harlequins, sur un plaquage sur Joe Marchant. Sur le coup, ma pommette a heurté son coude et j’ai ressenti une forte douleur, alors que la collision n’était pas très violente. J’ai quand-même terminé le match et j’ai été pris en charge à la fin. Les médecins ont mis de la glace, mais au toucher ils ne savaient pas trop dire ce que c’était.
Je suis rentré chez moi ce soir-là, et alors que j’étais à table, je me suis mouché. Et là, ma joue entière s’est mise à gonfler, elle a triplé de volume d’un coup. J’ai appelé le docteur et il m’a dit que ça n’était pas normal, que j’avais dû me fracturer la pommette. La chance que j’ai eue, c’est que j’avais déjà vu un chirurgien maxillo-facial six mois plus tôt, donc il me connaissait et je le connaissais. Le scanner a montré que j’avais une nouvelle fracture et que j’avais à nouveau besoin de plaques de métal au milieu de la joue. Le truc, c’est qu’on avait ce match de Champions Cup contre le Leinster le samedi. Donc je lui ai demandé si c’était jouable et il m’a répondu qu’il faudrait forcément passer par une anesthésie locale, parce que si on faisait une anesthésie générale, j’aurais encore des effets secondaires le samedi. Donc j’ai dit « banco ».
Comment s’est déroulée l’opération?
Ils m’ont donné un léger sédatif mais ils n’ont réellement anesthésié que mon visage. Donc j’étais éveillé pendant toute l’opération, assis dans une chaise. Ils ont fait une incision dans ma bouche et ils ont percé et vissé des plaques de titane dans ma joue. C’était vraiment bizarre comme expérience. D’ailleurs, j’ai gardé les photos, elles sont marrantes. Ca ressemblait un peu à une opération dentaire, mais en un peu moins désagréable. Pour être honnête, je préfère subir ça plutôt que de me faire dévitaliser une dent. Après coup, c’était un peu douloureux, un peu engourdi. On était mardi. Je me suis reposé le mercredi, j’ai fait un léger entraînement le jeudi et j’ai joué le samedi.
Est-ce que vous avez ressenti une forme d’appréhension au début du match, au moment du premier plaquage par exemple?
Il y avait un peu d’anxiété, un peu d’appréhension, mais la chance que j’avais, c’est que je n’avais eu aucun symptôme de commotion et que la zone autour de l’œil n’avait pas été touchée. Pour moi, c’était les deux points très rassurants qui indiquaient que le risque n’était pas très grand. Quand j’ai demandé au chirurgien ce qu’il en pensait, il m’a dit: « avec les deux plaques en titane que tu as maintenant, ta pommette est plus solide qu’elle ne l’était avant. Si tu te reprends un coup de coude, ça peut toujours se refracturer, mais si tu le sens, tu peux jouer ». Ca m’a beaucoup rassuré.
J’imagine que si j’avais été acteur à Hollywood ou quelque chose comme ça, j’aurais réagi différemment. Mais on sait tous que le rugby est un sport risqué, et on a tous déjà joué avec une faiblesse quelque part. Mais sur ce coup-là, je n’avais pas l’impression de prendre un gros risque, il s’agissait juste de gérer ma douleur. Le jour du match, j’étais quand-même un peu anxieux, mais dès que le coup d’envoi a été donné et que j’ai plaqué mon premier adversaire, cette angoisse s’est envolée.
Est-ce que votre famille a essayé de vous faire changer d’avis?
Oui, j’ai quand-même eu une conversation sérieuse avec ma femme. Pour les proches des rugbymen, la principale source d’angoisse, ce sont les commotions. Mais là, puisque je ne prenais pas de risque à ce niveau-là, elle était très contente que je joue. J’avais déjà joué avec une main cassée, avec un tendon déchiré. C’était bien plus inquiétant que cette fois-ci.
Pensez-vous que la peur ou l’appréhension pourrait avoir des conséquences sur le jeu d’Antoine Dupont, s’il parvient à se remettre pour le quart de finale?
Toutes les blessures sont différentes. Je ne connais pas la gravité de celle d’Antoine, s’il a eu des symptômes de commotion, si sa fracture est proche de l’œil. Il y a beaucoup de facteurs à considérer. Mais si je dois donner l’avis optimiste d’un passionné de rugby, parce que je pense pouvoir parler au nom de tous les fans de rugby dans le monde, c’est qu’on a bien évidemment envie de voir les meilleurs joueurs jouer les meilleurs matchs. Et Antoine fait clairement partie des meilleurs joueurs du monde. Donc tous les fans de rugby veulent le voir de retour sur le terrain. J’imagine qu’il est conseillé par les meilleurs spécialistes au monde, qu’il va suivre le plan de remise en forme étape par étape. En trois semaines, je pense qu’il pourra être remis de l’intervention chirurgicale en tant que telle. A voir après si, quand il reprend l’entraînement, sa pommette ne regonfle pas.
Avez-vous un message à lui passer, un conseil à lui donner?
Fais confiance aux spécialistes et aie une franche discussion avec tes proches. Et si ils sont tous aussi optimistes que toi, profite de chaque jour qui te sépare du match pour renforcer ta confiance, pour avancer pas à pas, physiquement et mentalement, pour qu’au moment du coup d’envoi, tu puisses être toi-même et te sentir libéré sur le terrain. Le monde du rugby est derrière toi, bonne chance!
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