Les superbes confidences de Gaël Fickou avant de défier la Namibie
Les superbes confidences de Gaël Fickou avant de défier la Namibie
Le jeudi 21 septembre 2023 à 10:01 par David Demri
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Gaël Fickou va signer sa 83e sélection face à la Namibie ce jeudi soir au Vélodrome de Marseille pour le troisième match de poule des Bleus. C’est le plus expérimenté de ce XV de France et il va devenir le neuvième joueur le plus capé de l’histoire du XV de France à égalité avec Dimitri Szarsewski.
RMC Sport a rencontré le trois-quarts centre qui a raconté l’ambiance dans le groupe, son parcours, et les moments qui ont marqué sa carrière.
Après la copie brouillonne rendue contre l’Uruguay jeudi dernier à Lille, à quel point c’est important de se relancer face à la Namibie ?
Oui, c’est une copie moyenne, on aurait voulu faire mieux ! Mais on a gagné et c’est le plus important. Le but maintenant c’est de basculer sur la Namibie. Ça y est on a évacué le match et maintenant on est concentrés sur ce qui va arriver et on se prépare pour faire le meilleur match possible.
Vous êtes le joueur le plus capé de cette équipe. Ca vous donne un rôle supplémentaire auprès des autres?
Je fais partie des leaders donc forcément tu dois booster à chaque fois, tu dois essayer de réunir à chaque fois l’équipe, de rester sur le plan de jeu, etc. Ça fait partie de mes missions. En plus, je suis capitaine de la défense donc forcément j’ai une responsabilité en plus. Mais je la prends assez simplement. Tout le monde est à la hauteur, personne n’a pas besoin qu’on lui dise ce qu’il faut faire. Les mecs sont tellement professionnels, tellement investis, qu’il n’y a pas grand-chose à faire.
Justement, quand il y a quelque chose à faire, qu’est-ce que vous faites en plus que les autres joueurs?
Annoncer des détails. Quand ça ne se passe pas très bien, dire “les gars, on se recentre sur ça”, etc. Mon expérience, le fait que je suis dans le circuit depuis longtemps, peuvent servir.
Vous avez construit beaucoup de vos victoires sur la défense mais depuis le début de votre préparation à la Coupe du monde vous avez encaissé plus de deux essais par match. C’est une source d’inquiétude?
Bien sûr qu’il y a eu de petites erreurs défensives. Mais je ne suis pas sûr que les autres grandes équipes prennent moins d’essais que nous. Je pense qu’on est dans les standards, on peut faire mieux, on se doit de faire mieux si on veut gagner cette Coupe du monde. Mais il y a très peu d’équipes qui n’encaissent que deux essais contre la Nouvelle-Zélande, je pense que c’est une très bonne performance. Contre l’Uruguay, l’objectif était de ne concéder qu’un essai et pas deux. C’est une équipe qui joue, qui tente, qui utilise peu le jeu au pied. Et en plus on a fait des erreurs donc ça ne nous a pas aidés. Il y a donc des axes d’amélioration.
Quand vous êtes sur le terrain tous ensemble, on vous voit très concentrés. Mais vous vous chambrez aussi, vous gardez le sourire. Cette bonne entente est due au fait que vous vous connaissiez bien maintenant?
Oui, ça y joue! Ça fait quatre ans – pour certains beaucoup plus – qu’on bosse ensemble, qu’on évolue ensemble. Il y a beaucoup d’amitiés qui se sont créées, beaucoup de liens qui se sont créés dans l’équipe. Et c’est vachement important parce que ça va se jouer au “money time” et on a besoin d’avoir cette force en nous, cette fraternité entre nous pour aller loin dans la compétition.
Vous vous êtes installés à Aix-en-Provence pour les deux prochaines semaines. Que prévoyez-vous de faire dans la région pendant vos temps libres?
On va essayer de profiter au maximum. Fabien Galthié le dit souvent, il faut profiter de tout ce qu’on vit. Quand on est sur le terrain on s’entraîne dur, et quand on sera en dehors on profitera du Sud, d’Aix-en-Provence, de Marseille, toutes ces villes qui sont magnifiques.
Doit-on qualifier aujourd’hui ce groupe d’une bande de potes ou d’une armée en mission?
Non, c’est une bande de potes qui a une mission et c’est un peu les deux à la fois. Il faut prendre du plaisir parce que, à la base, on est là pour prendre du plaisir. Il y a eu la préparation physique en juillet qui a été un peu difficile où on n’a pas forcément pris un énorme plaisir, ça c’est certain. Mais on devait passer par là pour réussir dans cette compétition et réussir nos objectifs. On assimile un peu tout ça et on essaie d’en tirer le meilleur.
Quand vous pouvez vous relâcher. C’est quoi votre passe-temps ? Les Bleus du foot au Qatar avaient le UNO. Et vous ?
Il y a le UNO, il y a beaucoup de jeux de cartes. Il y en a qui regardent des films ensemble. Il y en a qui discutent et qui aiment passer du temps ensemble. Il n’y a pas truc en particulier.
Et vous justement, c’est quoi votre truc ?
Moi je ne suis pas très bon aux jeux de cartes, donc j’évite ! Mais j’aime bien passer du temps dehors avec mes potes, discuter de tout et de rien.
On a demandé à Maxime Lucu qui étaient les metteurs d’ambiance, il nous en a cité deux : Thomas Ramos et Cyril Baille. Thomas est le boss des cartes et Cyril celui qui fait des vannes à table. Vous confirmez ?
C’est ça exactement. Apparemment aux jeux de cartes ils ont une bonne équipe !
Revenons sur votre parcours. Vous avez commencé à l’US Seynoise, club dont vous êtes aujourd’hui co-président avec votre frère. Qu’est-ce vous a apporté ce club ?
Déjà beaucoup de plaisir parce qu’on est montés de trois divisions en trois ans. C’est toujours flatteur. Et puis de s’investir pour mon club. Je leur dois beaucoup, c’est eux qui m’ont appris le rugby. C’est eux qui m’ont appris les valeurs de ce sport. C’est bien d’être reconnaissant envers ça. Je l’ai fait de façon naturelle, ça s’est fait franchement par hasard. On dit que le hasard fait bien les choses… Mon frère (co-président du club avec Gaël Fickou) prend aussi beaucoup de plaisir. C’est beaucoup de boulot, ce n’est pas simple de gérer un club amateur. On connaît les contraintes financières, etc. Ce n’est pas simple, mais on prend beaucoup de plaisir.
On a l’impression que c’est plus qu’un club de rugby pour vous…
Il y en qui sont devenus mes meilleurs amis. J’ai tellement de souvenirs, c’est devenu une grosse histoire de ma vie. Comme pour beaucoup de joueurs qui sont issus des clubs amateurs ! Je pense notamment à Cyril Baille, à Antoine Dupont qui sont très proches de leur club amateur. Et je pense que c’est une belle reconnaissance pour eux d’avoir des joueurs internationaux et nous on est très fiers d’avoir été formés par des clubs comme ça, avec des valeurs comme ça.
Vous êtes parti à Toulon, avant d’aller au Stade Toulousain, au Stade Français puis au Racing 92. C’est le Stade Toulousain qui vous a propulsé chez les pro à 18 ans. Et puis vous allez arriver chez les Bleus, en 2013. Vous remplacez alors Mathieu Bastareaud à la 75e minute face à l’Ecosse. Ça fait un peu plus de dix ans maintenant. Vous vous souvenez du moment où vous êtes entré sur le terrain au Stade de France?
Oui, bien sûr je me souviens. J’étais très jeune, c’est un peu lointain maintenant. Mais oui, super souvenir, beaucoup de fierté. Je savais que tôt ou tard j’avais la capacité d’accrocher l’équipe de France mais pas aussi tôt. Donc c’était une réelle surprise pour moi et une fierté pour ma famille, pour mes amis, pour tous les gens qui m’entourent et qui m’épaulent. Il y en avait une bonne partie ce jour-là.
Aujourd’hui, vous allez signer votre 83e sélection et devenir le neuvième joueur le plus capé de l’histoire des Bleus (à égalité avec Dimitri Szarzewski). Après tout ça, enfiler le maillot devient anodin ou ça reste quelque chose qui vous donne des frissons ?
Non, ça reste mon objectif ultime. Il n’y a pas de truc plus beau ! Souvent, je dis à des joueurs en club “Les gars, franchement, porter le maillot de l’équipe de France il n’y a rien de plus beau”. Même si tu joues des phases finales, il n’y a rien qui est égal au maillot de l’équipe de France. C’est pour ça qu’on se bat tous pour l’avoir. Ce n’est jamais simple donc je ne le banalise pas. Si je suis encore là c’est parce que je me bats tous les jours pour y être. Il y a tellement de bons joueurs, Emilien Gailleton c’est le futur du XV de France. Je pense notamment à Arthur Vincent, à Yoram Moefana qui sont les futurs du XV de France à mon poste. Il y a tellement de de talents qu’il faut se battre parce que sinon ils passent devant. C’est aussi la loi du plus fort dans ce sport. Même si c’est un sport collectif, quand on rentre on met le maillot là on joue ensemble, mais avant il faut se battre pour y rentrer dans cette équipe. Le maillot n’appartient à personne. Ça fait un moment que j’ai la chance de pouvoir le porter. C’est flatteur mais du jour au lendemain tout peut s’arrêter donc il faut à chaque fois saisir l’opportunité et prendre énormément de plaisir avec ce maillot.
Avant d’en disputer on imagine que vous avez regardé des Coupes du monde. Quel est votre souvenir le plus mémorable en tant que spectateur ?
France-All Blacks 2007 (victoire des Bleus 20-18 en quarts de finale de la Coupe du monde, à Cardiff). 2011 c’était incroyable mais ça ne m’a pas marqué comme en 2007 où ils gagnent le quart de finale face à des All Blacks qui étaient au maximum. C’est le souvenir que j’en garde.
Vous étiez où à ce moment-là ?
Chez mon frère. On regardait le match ensemble. Moi je ne suivais pas trop le rugby à cette époque, je ne jouais même pas au rugby en 2007, je faisais du foot. Mais je regardais et ça m’avait passionné. Ça a fait partie des premiers trucs qui m’ont fait basculer dans le rugby.
Depuis vous avez disputé deux Coupes du monde : 2015 et 2019. Vous avez été stoppé en quarts de finale à chaque fois. Est-ce que vous avez l’impression que, cette fois, les Bleus ont fait sauter ce plafond de verre ?
Pour l’instant, on n’a rien fait sauter. On a gagné une compétition (le Tournoi des Six Nations 2022), on a été performants pendant quatre ans mais on n’a pas gagné de Coupe du monde. Une Coupe du monde, tout le monde se remet à zéro. Les Argentins se sont préparés comme des malades, les Sud-Africains pareil. Les Néo-Zélandais, les Irlandais, les Ecossais… Le niveau monte d’un ton. Toutes les équipes sont égales. On a eu deux mois pour se préparer sauf qu’il y a très peu de pays qui se préparent pendant deux mois normalement. Les pays comme l’Argentine peuvent montrer un autre visage, ce sont des équipes qui peuvent être très dangereuses sur des circuits comme ça. Les Ecossais aussi. D’habitude ils ont très peu de temps pour se rassembler. Je le vois avec Finn Russell [coéquipier de Gaël Fickou au Racing 92], ils ont beaucoup de complications par rapport à ça. Alors le fait d’avoir passé deux mois ensemble cette année, ça change beaucoup de choses. Il faut se méfier de beaucoup d’équipes. Elles sont toutes performantes.
Source : RMC Sport
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