Gaël Fickou : « Quand tu rentres dans un quartier et que tu te fais insulter H24, ce n’est pas simple »
Gaël Fickou : « Quand tu rentres dans un quartier et que tu te fais insulter H24, ce n’est pas simple »
Le mardi 19 septembre 2023 à 10:29 par David Demri
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Le trois-quarts centre international Français Gaël Fickou s’est confié dans les colonnes du journal Sud-Ouest à l’approche du match contre la Namibie.
Ce-dernier s’apprête à jouer avec les Bleus au Stade Vélodrome de Marseille, ce jeudi soir, à seulement quelques kilomètres de son quartier natal : Berthe, à la Seyne-sur-Mer.
Il revient sur sa jeunesse. Extrait:
Ce n’était pas simple tous les jours mais j’étais très heureux, je ne manquais de rien. Et de toute façon, je ne connaissais rien d’autre. J’ai grandi ainsi mais ça m’a donné une force. Quand j’ai commencé à voir ce qui se passait ailleurs, j’ai eu encore plus envie de le découvrir. J’étais animé par le désir d’évoluer. C’est comme ça que je me suis construit. Et en cela, je pense que mon quartier m’a beaucoup donné.
Lorsque tu nais dans une cité, tous les gens qui t’entourent deviennent tes amis ou tes frères. Il y a une forte notion de partage. Ça inculque aussi la valeur des choses. N’en ayant eu que très peu étant jeune, tu apprends à rester simple et humble. Ça m’a également apporté la volonté de ne rien lâcher, de me battre pour atteindre mes objectifs.
J’étais animé par la conviction que si je le voulais vraiment, je pouvais y parvenir moi aussi. Ça a été le fil rouge de ma vie : moi aussi je veux jouer dans un grand club, moi aussi je veux jouer en équipe nationale. Et ainsi de suite.
Il fait passer un message. Extrait:
Je suis très content de ce que j’ai fait. Mais il reste beaucoup à venir. Très prochainement d’ailleurs (sourire)… Derrière ça, il y a aussi un message social. On peut venir d’un quartier, on peut galérer, mais s’en sortir quand même. Quand on a une force de caractère et qu’on ne lâche pas, on peut y arriver. Je me bats pour que les jeunes de mon caractère puissent se dire « Gaël a fait ça, alors pourquoi pas moi ? ».
Il a aussi parlé d’une forme de racisme lors des contrôles de police. Extrait:
C’est une réalité. Mais il faut se mettre des deux côtés. Celui des citoyens mais aussi celui des policiers qui vivent aussi pas mal de choses : quand tu rentres dans un quartier et que tu te fais insulter H24, ce n’est pas simple. Il faut que ça change dans les deux sens. Que les jeunes cessent de faire des conneries et que la police réponde de manière différente.
Malgré les fréquentations, c’est primordial : si tu crains tes parents, ça te force à ne pas faire de conneries. Évidemment, ce n’est pas facile dans les cités. La plupart des parents vivent seuls, ils travaillent très dur. Il y a souvent des mères divorcées. C’est pour ça que les petits sont dans la rue. C’est un engrenage presque irrémédiable. Quand tu es une maman qui doit nourrir trois enfants et que le papa est parti on ne sait où, ça donne forcément des gamins délaissés. C’est très néfaste. Souvent, mes potes qui ont mal tourné, c’est parce qu’il manquait l’un des deux parents.
Il parle aussi de sa relation avec son père. Extrait:
J’ai une super relation avec lui, mais différente. Il travaillait énormément, il avait très peu de temps : ce n’était pas le papa poule qui m’amenait le dimanche au match. Comme je le dis dans le livre, c’était un peu à l’africaine. Il nous donnait tout ce dont on avait besoin, mais en même temps il n’était pas du genre à hurler pour nous encourager lors des matchs.
Tout mon parcours a été guidé par mon éducation. J’essaie d’en puiser le meilleur. Quelque part, j’aurais sans doute aimé qu’il soit là à m’encourager. Mais je me disais que mon père n’avait pas besoin de venir. En fait j’en faisais une carapace. Tout n’a pas marché, mais je suis content du résultat. Et ce n’est que le début…
Pour conclure, Gaël Fickou parle de la mixité au sein du groupe France. Extrait:
Je pense que oui, du fait de la qualité des joueurs. Il y a des joueurs comme Sekou Macalou ou Cameron Woki qui sont hyper performants. Avant, il y avait beaucoup moins de jeunes du quartier. C’est peut-être parce qu’on avait moins d’exemples d’ailleurs. On ne regardait que le foot. Il faut reconnaître qu’il y a plus de mixité en équipe de France de football. Désormais, les exemples existent : Bastareaud, Camara, Wesley Fofana et d’autres joueurs issus des quartiers.
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