L’interview de Romain Poite sur la complexité de l’arbitrage dans le rugby

L’interview de Romain Poite sur la complexité de l’arbitrage dans le rugby

Le vendredi 8 septembre 2023 à 11:57 par David Demri

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L’ancien arbitre du Top 14 et désormais technicien pour le Rugby Club Toulonnais, Romain Poite s’est confié via La Provence.

A l’approche de la Coupe du monde, ce-dernier a évoqué la complexité de l’arbitrage dans le rugby.

Il explique en quoi consiste l’arbitrage dans le rugby. Extrait:

Déjà, il y a un aspect de neutralité à préserver, donc on essaie de se référer à ce qui a du sens pour nous, c’est-à-dire la règle. On ne prend pas forcément de plaisir au sens propre du terme, on n’est pas là non plus pour condamner. On peut avoir des sensations de bien-être quand il y a eu du beau jeu, que c’est très aéré. Mais on est surtout là pour développer une justice entre les deux équipes en leur offrant les mêmes chances de performer et de pouvoir battre leur adversaire dans la légalité.

Il concède que l’arbitrage est assez complexe dans le rugby. Extrait:

Il est vrai que c’est un sport qui est très réglementé et qui peut être complexe à lire. La verbalisation et la communication des décisions par l’arbitre, c’est quelque chose d’important, non seulement pour donner un accès aux téléspectateurs, mais aussi pour la compréhension des joueurs. On se rend compte que sur une action, on peut voir plusieurs choses et nous, on est justement dans un tri qui peut parfois provoquer des frustrations alors qu’on a pris une décision parce qu’on trouvait que ça avait du sens à ce moment-là. Dès lors que l’on doit se positionner, c’est qu’il y a un déséquilibre et on estime qu’on doit rétablir une justice.

Il l’affirme : la phase la plus difficile à arbitrer, c’est la mêlée. Extrait:

La mêlée, sans aucun doute, même si ce n’est pas la phase de jeu la plus présente dans une rencontre puisque c’est la zone de plaquage où on a le plus d’affrontements et de répétition dans un match. Mais la mêlée, c’est toujours compliqué… On parle de « métier » ou d' »expérience » pour les joueurs concernés, mais c’est surtout plus de la tricherie ! Souvent, quand on fait des analyses d’après-match, on se dit qu’on aurait pu tout aussi bien siffler de l’autre côté.

Mais comme il y a cet effet de flash, de prise de décision rapide, ça altère forcément la décision et c’est la difficulté de l’exercice. Mais par rapport à la répétition, ça reste la zone de plaquage où peut-être l’arbitre a le plus de déchets parce qu’il y a entre 150 et 200 plaquages par match, sans compter les zones de ruck…

Il évoque ensuite le rapport à la vidéo. Extrait:

L’appel à la vidéo est un confort remarquable pour nous, un outil que l’on appréhende de mieux en mieux et qui se développe, comme on le voit notamment avec le bunker où on recherche encore plus d’expertise sur la décision. L’arbitre vidéo est dans un confort ; il y a certes de la nervosité mais il est moins pollué qu’un arbitre qui a une ligne à suivre pendant 80 minutes. On est dans le détail du détail et le bunker permet d’avoir un temps décalé pour justement prendre la mesure des choses et être le plus juste possible dans la décision.

Il y a deux façons d’appeler la vidéo. La première, c’est quand on a un doute, qu’il nous a manqué un élément dans l’action. Le deuxième, c’est, entre guillemets, l’aspect commercial. On veut vendre une décision où on a déjà tous les éléments, mais comme c’est une décision dure ou importante, on est obligé de passer par la vidéo pour la faire comprendre à tout le monde. Quand on appelle la vidéo, ce n’est pas pour passer à la télé, contrairement à ce que peuvent penser certains supporters, c’est qu’on a des exigences et du respect pour les acteurs.

Pour conclure, Romain Poite évoque la particularité du money time. Extrait:

Le money time est un moment où on doit être encore plus vigilant. Un arbitre ne veut pas qu’on parle de lui et, surtout, ne pas faire la décision finale. Donc c’est pour ça qu’il y a des fins de match qui ne sont pas forcément comprises parce que la faute n’est pas assez évidente pour faire un score, par exemple.

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