Gabin Villière revient sur sa saison 2022 / 2023 calvaire avec Toulon

Gabin Villière revient sur sa saison 2022 / 2023 calvaire avec Toulon

Le jeudi 7 septembre 2023 à 11:34 par David Demri

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L’ailier international Français Gabin Villière a connu une saison 2022 / 2023 quasiment blanche en raison de nombreuses blessures.

Interrogé via Var-matin, ce-dernier est revenu sur ces moments délicats. Extrait:

Je savais que j’allais rejouer au rugby. Oui, j’ai pu douter, mais je ne me voyais pas lâcher. Je ne me voyais pas sans rugby, et je savais que tous les joueurs en passaient par là à un moment. Mais au-delà même du sport, c’est le lot de tout le monde de connaître des coups durs. Alors il faut s’accrocher à des objectifs qui nous permettent d’avancer. Il faut avoir faim pour se lever tôt le matin et aller faire de la muscu seul, mais c’est la perspective de rejouer qui m’animait.

Son objectif premier était de pouvoir vivre la fin de la saison avec le RCT. Extrait:

Vivre la fin de saison avec Toulon, puis cette Coupe du monde. Ce sont ces objectifs qui ont gardé ma motivation éveillée. Oui, il y a eu des moments compliqués durant lesquels j’aurais pu lâcher. Mais les aventures humaines sont trop belles pour abandonner.

Selon lui, la première blessure a été la plus difficile. Extrait:

Je dirais que la blessure la plus dure a été la première, en finale de Challenge Cup contre Lyon [mai 2022]. C’était une blessure que j’avais déjà connue à l’autre cheville, lors de la Tournée en Australie en 2021. La syndesmose, avec une opération que je « connaissais ». En 2021, j’avais mis un mois et demi à revenir au lieu des trois mois annoncés. Alors, après cette blessure contre Lyon, j’imaginais rechausser les crampons en septembre… Je m’étais accroché à cet objectif, sauf que ça ne s’est pas passé comme prévu.

La cheville était plus amochée qu’en 2021. Finalement, j’ai eu trois opérations, une infiltration et des complications. Quand tu penses être out deux mois et qu’il t’en faut six pour revenir, et qu’en plus tu souffres, c’est interminable.

Il rechute en novembre 2022 lors d’un match contre le Stade-Français. Extrait:

La main, je sens que ça casse en début de match, mais je ne veux pas y prêter attention. Je voulais profiter après ce tunnel de six mois. Sauf qu’en fin de match, je me pète à nouveau la cheville… Est-ce parce que c’était devenu fragile avec les multiples opérations? Je ne sais pas. Mais sur un gros appui, juste après un contact, ça a cassé. Sur le coup, j’ai souhaité profiter, partager un moment avec nos supporters. Mais quand tu rentres à la maison le soir, et que tu ne peux plus marcher… Même si je n’ai pas eu d’opération, j’ai rebasculé dans une période difficile… Alors je me suis fixé un nouvel objectif: le Tournoi des Six nations 2023. Je voulais voir le positif.

Avant, j’avais tendance à ruminer, mais aujourd’hui j’essaye d’aller de l’avant. Comme me l’a appris et le répète ma copine: le positif attire le positif. Alors je veux toujours chercher le prochain objectif… Là, je travaille, je reviens, je rejoue avec Toulon fin janvier, je suis rappelé en Bleu… et sur une séance, un joueur tombe sur ma cheville. La faute à pas de chance… Je ne peux en vouloir à personne, je ne suis pas revenu trop tôt, mais ça te remet dedans. Je me suis alors fixé tout de suite comme objectif de revenir pour la fin de saison avec le RCT, puis de garder en ligne de mire la Coupe du monde. Il y a eu des doutes, mais le positif a pris le dessus et on a réussi à se sortir de tout ça. Aujourd’hui, c’est derrière moi.

Il explique comment il a vécu cette terrible rechute. Extrait:

Au début, j’avais envie de vivre normalement, je venais au club, je voyais les mecs. Mais à la deuxième, puis à la troisième blessure, je me suis un peu plus renfermé. C’était plus compliqué à vivre. Mentalement, c’était dur car je voyais les mois passer, et les objectifs avec… Ce qui m’anime, c’est d’être sur le terrain, de jouer au rugby, de partager des moments avec les mecs. Ne plus avoir tout ça a été dur. Plus rien ne m’animait au quotidien. Et même si j’adore aller en salle de muscu, le ballon, le terrain, les copains et la compétition me manquaient. Avec les mecs j’essayais de ne pas le montrer. C’est une mentalité assez rugby, et ce n’est probablement pas la bonne, mais on prend sur nous… En revanche, à la maison, je n’étais pas toujours simple à vivre…

Il a finalement repris avec Toulon en avril 2023. Extrait:

Quand j’ai repris avec Toulon, je ne ressentais aucune douleur, mais j’avais une légère gêne. Je ne savais pas à quoi m’attendre… Composer avec cela jusqu’à la fin de ma carrière? Ou alors est-ce que quelque chose n’était pas à sa place, ce qui m’obligerait à repasser sur le billard? Finalement, ça a disparu avec les semaines. Sans douleur, sans gène, enfin! Je me suis libéré. Là, dans la tête, c’était incroyable. Et quand j’ai joué mes matchs avec Toulon, j’étais sur un nuage.

Il l’affirme : Fabien Galthié n’a pas coupé les ponts. Extrait:

Il a pris des nouvelles, sans trop en faire. Il ne voulait pas que je me sente forcé, que j’avance ma reprise ou que je me sente sous pression. Il me passait des coups de fil tous les deux, trois mois pour savoir comment je le vivais, si j’avais besoin de quoi que ce soit. C’est chouette de se sentir utile et lié à ce projet auquel on est accroché. C’était rassurant de rester impliqué.

Forcément, lorsqu’il est appelé pour le stage des Bleus, il ressent un gros soulagement. Extrait:

Quand tu vis plus d’un an sans rugby, que tu as à peine rejoué en club, et qu’on te permet de préparer une Coupe du monde, alors que des dizaines de mecs ont joué en Top 14 et pourraient y prétendre… Que le staff me maintienne sa confiance m’a fait un bien de dingue. Et dans le même temps on se sent redevable. On ne veut pas décevoir les autres. On ne veut pas se décevoir soi-même.

On est conscient de ce que l’on vit, et on ne veut pas avoir de regrets à la fin de la compétition. Alors on mesure la tâche, on sait que ça va être très dur, que plusieurs nations peuvent mériter ce titre. Mais on ne veut pas se regarder à la fin et se dire « si on avait su… »

Pouvoir sentir son public aussi proche, c’est vivifiant, ça nous galvanise. Quand tu es dans le dur, tu entends les supporters. Et ça peut compter sur une fin de match ric-rac. Quand tu sens les tribunes trembler, ça ne peut pas te laisser indifférent.

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