Les anecdotes savoureuses d’Uini Atonio avant de défier les All-Blacks !

Les anecdotes savoureuses d’Uini Atonio avant de défier les All-Blacks !

Le jeudi 7 septembre 2023 à 10:45 par David Demri

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Le pilier droit international Français, Uini Atonio s’est longuement confié via RMC Sport.

Ce-dernier a évoqué ses débuts dans le rugby, en Nouvelle-Zélande. Extrait:

« Quand on était jeunes, avec mon grand frère, on jouait toujours ensemble. Il a deux ans de plus que moi, il m’emmenait toujours avec lui au rugby. J’étais son… Je faisais tout. C’est moi qui emmenais ses crampons, c’est moi qui les nettoyais à chaque fois. J’étais toujours surclassé car notre père ne pouvait pas faire deux matchs dans la même journée. A cinq ans, j’étais avec les U8. Il y avait déjà des vrais plaquages, on jouait sur une moitié de terrain. Des souvenirs que je n’oublierai jamais. C’était n’importe quoi ! (rires) Le mec qui plaquait le plus, c’était le meilleur. Celui qui portait le plus, on lui donnait le ballon à chaque fois. »

 Il explique comment il est devenu rugbyman professionnel. Extrait:

« Je regardais toujours le Super Rugby et les matchs internationaux quand j’étais petit. J’ai toujours voulu me retrouver sur un terrain filmé par des caméras, c’était mon rêve d’être dans la télé. Mes parents étaient trop contents. Plus ça allait, plus je voyais le rugby comme mon avenir. Mon père disait toujours : « soit tu vas à l’école, soit tu joues au rugby à fond ».

Mon frère et moi étions scolarisés dans une école de rugby, avec trois cent autres enfants : le Winsley college. Plein de pros y sont sortis, comme Jonah Lomu… Le rugby était toujours la priorité, comme si tu étais en club. Dès 12, 13 ans, on était déjà très, très compétitifs. On gagnait déjà des titres. Les autres équipes, dès qu’elles nous voyaient, ne voulaient plus jouer (rires). 

A partir de 16 ans, on tombait en phases finales face à l’équipe de Tawera Kerr-Barlow (son coéquipier champion du monde 2015, à La Rochelle, NDLR). On a commencé à comprendre qu’on ne pouvait pas tout gagner. Malheureusement, j’ai perdu en demi-finale les deux dernières années contre Kerr-Barlow et son école. C’est là où j’ai commencé à ressentir le goût amer de la défaite. Je n’aimais pas perdre ! »

Il a ensuite raconté ses galères et quelques anecdotes. Extrait:

« En 2019, je n’ai pas été retenu avec les Baby Blacks pour la Coupe du monde U20 et j’ai donc fait le mondial avec les Samoa (ses parents y sont nés). On a perdu contre la France dans le match pour la 5e place. Je suis rentré en Nouvelle-Zélande, j’ai signé mon premier gros contrat Academy (aux Counties Manukau). C’est l’équivalent d’un contrat espoirs en France. Et en même temps, je jouais au rugby à X et je suis même parti jouer à Hong Kong pendant deux saisons.

Quand je suis rentré en Nouvelle-Zélande, je faisais un peu de tout pour gagner de l’argent et aider la famille, vu que je n’avais pas poursuivi mes études. Quand tu signes ton premier contrat, tu es obligé de travailler à côté. Avec d’autres, on a trouvé un boulot de ‘paysagiste’. En fait, on tondait toutes les pelouses. Ce qui est rigolo, c’est qu’on tondait des ronds-points, des écoles… Tout ce qu’on pouvait tondre, on tondait ! Il y a de l’herbe partout en Nouvelle-Zélande. Ça me faisait de la peine des fois car on croisait des filles que l’on connaissait, elles nous voyaient tondre des pelouses et elles disaient : « Non mais attends, normalement, c’est un rugbyman et le mec est en train de tondre un rond-point du quartier ».

Ça me fait rire aujourd’hui mais, à l’époque, on avait honte. On se cachait, on mettait des casques avec des fermetures devant pour ne pas que les gens nous reconnaissent (rires). Avec nos salopettes toutes dégueulasses, c’est mort, tu ne dragues rien du tout ! Impossible. Mais je garderai ces souvenirs à vie. Avant d’arriver à gagner bien ma vie en jouant au rugby, je suis vraiment passé par des étapes et des années dures. Je ne vais pas dire des années de merde mais il faut vraiment travailler dur. »

C’est alors qu’il a rencontré son mentor : Patrice Collazo. Extrait:

« C’était sur un tournoi de rugby à X, à Hong Kong. Il arrive avec les French Barbarians et l’on se retrouve à jouer l’un contre l’autre. Lui jouait pilier, moi j’étais avec les trois-quarts. On s’est croisés dans un ruck, je lui ai déblayé la tête (rires). Il m’a mis une droite, on voulait se battre. Après le match, il a essayé de me dire en ‘franglais’ qu’il était entraîneur au Racing 92. Je lui ai répondu : « Non mais attends, tu viens de me mettre une droite et tu veux qu’on parle de rugby en France. Qu’est-ce-que tu veux ? » Il voulait que je vienne jouer pour son club… Mais je n’ai rien compris. J’ai juste dit « oui, oui, je t’appelle » mais on n’avait même pas échangé nos numéros (rires). »

Vient ensuite le moment où il raconte son arrivée en France. Extrait:

« Je ne sais pas comment Patrice a fait, il ne savait pas comment je m’appelais. Je crois qu’il a appelé son agent et ils se sont mis en contact avec tous les clubs en Nouvelle-Zélande pour me chercher et ils ont fini par me trouver ! Un jour, mon agent m’appelle pour me dire : « Collazo veut… ». Je lui dis : « Mais c’est qui ? ». Il me dit : « Celui que tu as rencontré à Hong Kong il y a quelques mois ! » (rires).

En 2010, « Collaze » m’appelle pour venir au Racing 92, en espoirs. J’étais encore en contrat en Nouvelle-Zélande. « Ecoute, je ne peux pas, mais peut-être plus tard ». A la fin de cette saison-là, je n’ai pas été pris avec les Chiefs de Waikato. J’étais au fond du seau, je voulais voir autre chose. J’ai appelé « Collaze » pour lui demander s’il voulait encore de moi. Il m’a dit : « J’ai signé à La Rochelle. Je peux te prendre en juin et tu attaques avec les espoirs en 2011. » Feu ! J’ai signé direct. C’était un jeudi. Le lundi matin, j’étais parti de Nouvelle-Zélande sans savoir où j’allais. J’ai regardé vite fait sur Google pour savoir où était La Rochelle. Je suis arrivé à Paris perdu comme tout.

C’est comme ça que ça s’est fait ! Et aujourd’hui, avec Patrice, on se parle encore. C’est le genre de relation que tu gardes à vie, c’est grâce à lui que je suis là aujourd’hui. Tout le monde me dit que Patrice est mon père. C’est mon père en France (sourire). »

Il évoque ensuite son arrivée chez les Bleus. Extrait:

« Tout va aller trop vite. Un jour, Yannick Bru (alors adjoint du sélectionneur du XV de France, Guy Novès) contacte Patrice en disant : « Si La Rochelle ne monte pas en Top 14 en 2014, il faut que Uini trouve un club de Top 14. » Finalement, on monte cette année-là. Heureusement, sinon je ne pense pas que mon aventure avec La Rochelle aurait été la même. J’avais deux, trois propositions dans le Sud de la France.

J’ai dû faire sept, huit matchs de Top 14 et c’était déjà les tests de novembre. J’étais dans la liste de 32 ! J’y croyais sans y croire ! Je me disais qu’ils n’allaient jamais me prendre. Je n’avais pas encore mon passeport, j’étais jeune, je parlais à peine français… Mais, en fait, ces trois saisons en Pro D2 m’ont vraiment formé pour arriver à ce niveau et être au moins correct.

En arrivant en équipe de France, j’étais plutôt utilisé comme impact player. Il y avait des très bons piliers : Nicolas Mas, Rabah Slimani… J’étais déjà content d’avoir ce rôle et d’être en équipe de France. Pour les Néo-Zélandais, les Français sont toujours ceux qui cassent les cou***es en Coupe du monde (rires). D’ailleurs, je pense que l’histoire va se répéter le 8 septembre (sourire). Il y avait toujours des matchs où ils nous battaient de nulle part. Je pense au quart de finale en 2007 et la demie en 1999. Nous, on n’aimait pas les Français. Mais je savais que les Français étaient toujours bons. Du coup, je me suis dit : « ça fait trois ans que t’es là, t’es qualifié en équipe de France, profite à fond. » J’étais sur le banc pendant les tests de novembre, pareil pour les Six Nations. »

Pour lui, le Mondial 2023 est celui de la dernière chance. Extrait:

« J’ai quasi loupé les deux précédentes Coupes du monde (2015, 2019), j’ai fait les préparations mais je n’ai joué qu’un seul match. Je vais tout donner pour être à ma meilleure forme et faire les meilleurs matchs possibles. C’est l’un des tournois où je n’ai jamais été fort, où je n’ai jamais passé un bon moment. C’est ma dernière chance, ma dernière Coupe du monde. Je suis près de la fin que du début, je vais tout donner. C’est un avantage d’être à la maison. On est sur une très belle génération. J’espère que cette année est la bonne. »

Pour conclure, Uini Atonio parle de ce match contre les Blacks qui s’annonce très spécial pour lui. Extrait:

« Ma famille était contente du tirage au sort. Mon père m’a appelé direct en me disant : « T’as vu ? La France joue contre les Blacks le premier match. Ça va être dur ! » Je lui ai dit : « Ça va, ce n’est pas… » (sourire). Dès l’entrée, tu tombes sur les Blacks, c’est parfait, tu ne peux pas commencer mieux ! Tu commences avec la plus grosse équipe au monde. C’est un vrai test. Ce premier match, tout le monde veut y être.

Avant, ça me faisait bizarre de jouer la Nouvelle-Zélande. J’ai joué avec et contre la plupart des joueurs qui étaient avec les Blacks. Aujourd’hui, il y en a de moins en moins. Je crois que même eux me voient comme un Français. J’ai passé un tiers de ma vie ici et, aujourd’hui, je me comporte plus comme un Français qu’un Néo-Zélandais.

Ce qui me fait toujours bizarre, c’est quand j’entends l’hymne en étant en face. Mais c’est trop bien. Quand j’étais jeune, à l’école, j’étais ‘obligé’ de chanter tous les jours l’hymne national. C’était rituel, avant l’église. Si je ferai le haka le 8 septembre ? (rires) Non, pas le haka, c’est bon… Quand ils font le haka, je ne regarde même plus. Mais le haka me donne les frissons. »

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