Laurent Marti : « Dans le rugby, si tu veux passer pour un « guignolo », tu dates un objectif »
Laurent Marti : « Dans le rugby, si tu veux passer pour un « guignolo », tu dates un objectif »
Le jeudi 17 août 2023 à 19:06 par David Demri
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Le président de Bordeaux-Bègles, Laurent Marti s’est confié dans les colonnes du journal Sud-Ouest à l’approche du début de la saison 2023 / 2024.
Ce-dernier évoque l’importance de ce début de saison. Extrait:
Le dernier cycle s’est terminé un peu difficilement, on ressentait encore forcément quelques petites tensions au club. Là, on part en effet sur un système un peu différent, l’ambiance est assez sereine. Mais en général, les débuts de saison se passent toujours plutôt bien tant qu’on n’a pas joué le premier match de championnat (rires).
Il est justement revenu sur la fin de la saison dernière. Extrait:
En novembre (limogeage de Christophe Urios), personne ne pouvait dire comment on allait finir la saison. Mais les joueurs étaient déterminés à ne rien lâcher. Frédéric Charrier et Julien Laïrle se sont comportés en professionnels et ont fait le boulot. Ils ont été accompagnés par tout un club. Jouer une demi-finale dans ces conditions, vu ce que devient le Top 14, c’est plutôt satisfaisant.
Il détaille ensuite sa relation avec son nouveau manager Yannick Bru. Extrait:
Chaque manager est différent, et peut-être lui-même est-il aussi différent selon le club où il va et dans sa relation avec le profil du président. On a une relation très ouverte, on échange énormément. On a tous tellement de pression dans ce Top 14 que ça me paraît précieux de se parler si fréquemment, sans arrière-pensée.
En tant que président, j’avais pris plus de recul sur toute la partie sportive, alors qu’avant, je m’immisçais peut-être plus. Mais au début, j’avais tellement les mains dans le cambouis que je m’immisçais sans doute un peu trop, mais attention, toujours avec le respect du manager. Je n’ai jamais voulu faire l’équipe et je n’ai jamais pris la parole à la mi-temps d’un match.
Dans la foulée, Laurent Marti refuse d’affirmer avoir fixé un objectif de titre sur les trois ans à venir à Yannick Bru. Extrait:
Non, non ! Ce n’est pas comme ça que ça s’est passé, même si Yannick Bru a eu le courage de le dire. Dans le rugby, si tu veux passer pour un « guignolo », tu dates un objectif. C’est l’erreur que j’avais commise en reprenant l’UBB, lorsque j’avais annoncé « le Top 14 dans trois ans ». Yannick connaît les ambitions du club, ce n’est pas un mec qui se voile la face et qui se cache. Bien évidemment, je lui ai dit que j’espérais qu’on toucherait le Graal, mais rien de plus.
Il a ensuite évoqué le Salary Cap. Il concède flirter avec le plafond du Salary Cap. Extrait:
La masse salariale est à peu près la même que celle des 3-4 dernières années, on flirte avec le salary-cap depuis quelques temps déjà. L’UBB a eu son plus bel effectif lors de la saison 2019-2020. Il était aussi fort que ceux de La Rochelle et Toulouse. Ces derniers se sont ensuite renforcés, tandis que l’UBB n’a pas su continuer à se développer et a un peu perdu en qualité. Là, on réattaque un cycle. Il faudra une à deux saisons supplémentaires pour reconstruire un effectif capable de rivaliser avec tout le monde sur le papier. C’est une première étape. Il y a des recrutements de grande qualité. Mais il faudra encore y travailler.
Il faut être en mesure de se mettre au maximum du salary-cap qui nous est autorisé. Nous en sommes très proches. Il faut pouvoir être en mesure de concurrencer tout le monde pour se dire qu’on peut avoir les meilleurs joueurs. Mais les ressources financières, ça ne suffit pas. Il faut savoir optimiser son recrutement et trouver le meilleur rapport qualité/prix. C’est ça le plus dur. C’est ce que Toulouse et La Rochelle ont très bien fait ces dernières années.
L’UBB a perdu ses deux matches de préparation contre Agen et La Rochelle. Il n’est pas inquiet pour autant. Extrait:
En 2019, lorsqu’on repartait aussi sur un nouveau cycle, on a perdu notre deuxième match amical contre Brive à Chaban. Les matchs de préparation, ça a rarement voulu dire quelque chose. Ça a juste montré qu’il fallait s’adapter aux systèmes de jeu. Mais ces derniers ne sont que secondaires dans le rugby. Ils ne remplacent jamais la volonté et l’engagement des joueurs.
Il évoque également la forte attente autour du club avec 28 000 spectateurs en moyenne, à chaque match. Extrait:
Ce record traduit l’adhésion totale du public, qui accompagne aussi l’amélioration des résultats. Notre cœur, c’est Chaban. C’est ce qui fait battre le club. Ce n’est pas que financier puisqu’on pratique des prix bas, on joue notre rôle social. À ce jour, les abonnements ont grimpé de 15 %.
A la tête de l’UBB depuis 16 ans, il précise n’avoir jamais eu envie de jeter l’éponge. Extrait:
Non car il faut absolument installer ce club au plus haut niveau de manière pérenne. Si on y parvient, les titres arriveront tôt ou tard. Mais c’est clair dans mon esprit : quand je ne serai plus président de ce club, j’en serai le premier supporter, et même un soutien si je peux encore le faire.
Franchement, j’aime l’UBB, j’aime le rugby, j’aime Bordeaux. Je trouve toujours les ressources. Au début, vous faites beaucoup de choses vous-même mais ensuite, vous apprenez à déléguer. Aujourd’hui, le club est plus structuré. J’ai moins besoin d’être autant impliqué. Après, je ne vous cache pas qu’à titre personnel, il y a des cycles sur lesquels je prends plus de plaisir que d’autres. Mais ça, je le garde pour moi (rires).
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