Nicolas Mas dézingue : « J’ai été insulté, j’ai reçu une lettre de menaces, tout ça est de la responsabilité de Paul Goze »

Nicolas Mas dézingue : « J’ai été insulté, j’ai reçu une lettre de menaces, tout ça est de la responsabilité de Paul Goze »

Le jeudi 27 avril 2023 à 14:03 par David Demri

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L’ancien pilier international Français Nicolas Mas s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique.

Ce-dernier indique avoir totalement tourné la page du rugby, lui qui a pris sa retraite sportive en 2016. Extrait:

« Non, j’ai bien tourné la page car je m’étais préparé à quitter cette vie de rêve qui ne ressemblait en rien à une existence normale. De mon début de carrière professionnelle à Perpignan, à 20 ans, jusqu’à mon arrêt à 36 ans avec Montpellier, j’ai été comme un gamin très chouchouté. On me demandait si je me sentais bien, si j’avais besoin de quoi que ce soit pour me sentir encore mieux. J’avais du temps de libre, je gagnais bien ma vie. C’était extraordinaire. Bien sûr, il m’est arrivé d’en avoir marre, de me sentir fatigué.

Je sors d’une famille modeste, quand je manquais d’envie, je pensais à mon père, André, à ma mère, Camille, secrétaire de l’entreprise, et à mon frère, Guillaume ; des personnes qui m’ont toujours soutenu. Mon père était maçon, et adolescent j’ai travaillé avec lui. Il a bossé dur, dehors par tous les temps. Alors moi qui gagnais bien ma vie en jouant au rugby, quand j’imaginais ce qu’endurait mon père, je n’étais pas en droit de me plaindre. Lui était dans la vraie vie. »

Il affirme ne jamais avoir eu le gout de la fête et des troisièmes mi-temps. Extrait:

« Boire de la bière après les matchs, je n’ai jamais aimé ça. Je ne suis pas un fêtard et sortir ne me disait rien. Mon attitude distante vis-à-vis de la troisième mi-temps fut un frein à mon intégration rugbystique. Ma place, je l’ai gagnée sur le terrain. Enchaîner les rencontres de haut niveau oblige, c’est la base, à travailler la récupération. Interdiction de faire le con. J’ai connu ma future femme à 18 ans, notre premier enfant nous l’avons eu à 25 ans. Je suis quelqu’un de posé.

Je suis casanier, je n’ai pas le goût des voyages, il m’est parfois pénible de voir des gens. (il sourit) Le rugby m’a fait faire tout ce que je n’aimais pas : je suis allé plusieurs fois à l’autre bout du monde, j’ai accédé à une forme de vedettariat, j’ai été invité à deux reprises à l’Élysée avec l’équipe de France pour y rencontrer deux présidents de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Tout ça ne me ressemblait pas. »

Dans la foulée, il regrette de voir le virage pris par le rugby autour de l’argent. Extrait:

« La place prise par l’argent. En quelques années, le bond a été énorme. Le rugby, je l’ai ressenti comme ça, est devenu un sport collectif très individuel. Je ne reproche pas aux joueurs de signer de meilleurs contrats, mais à la fin, je ne me retrouvais plus dans ce rugby pro. J’ai vu entrer dans les vestiaires de jeunes joueurs qui ne prenaient même pas la peine de dire bonjour à leurs coéquipiers. Ils avaient déjà tout vu, tout connu. Cette attitude m’était insupportable. »

Cependant, il confirme avoir quitté l’USAP pour Montpellier pour une grosse revalorisation salariale. Extrait:

« J’avais demandé une revalorisation de mes revenus aux dirigeants de l’Usap. Je n’ai pas été entendu. Toulouse et Montpellier se sont mis sur les rangs. Mohed Altrad, le président du MHR, quelqu’un que j’estime, a su trouver les mots pour me faire accepter le déracinement qui fut le nôtre, ma femme, mes enfants et moi. J’ai le souvenir d’une journée passée chez lui, avec ma famille et son épouse. Ils s’étaient montrés attentionnés, respectueux, ça m’avait touché. Forcément, tout le monde pense que j’ai quitté Perpignan pour gagner beaucoup plus d’argent. J’espère que les mêmes comprendront qu’il est plus juste d’être rémunéré à la hauteur de sa vraie valeur. »

Il l’avoue : partir de l’USAP a été une décision très difficile à prendre. Extrait:

« Partir de l’Usap fut un véritable crève-cœur. Je voulais rester. Altrad me voulait vraiment. Je n’avais pas ressenti le désir de me conserver du côté des dirigeants catalans. J’avais 33 ans. Si l’idée m’était venue un jour de gagner plus, je serais parti à 25 ans… À Aimé-Giral, il y avait mes copains. Ensemble, on se régalait. Mais après avoir discuté avec les joueurs de l’équipe de France évoluant à mon poste, je m’étais vite rendu compte qu’à Perpignan, j’étais un smicard. Je faisais tous les matchs, je ne rechignais jamais, je fermais ma gueule. Après deux opérations aux cervicales en 2001 et 2005, j’étais revenu à chaque fois à mon meilleur niveau. Mon départ n’est pas une affaire d’argent, d’ailleurs ça n’a jamais été important pour moi. J’ai été vexé par la façon dont on m’a traité.

Après que Paul Goze soit parti à la Ligue en 2012, Daniel Besson a essayé de me retenir en s’alignant sur le salaire proposé par Montpellier. J’ai failli annuler mon départ, mais en apprenant d’un dirigeant que mon nouveau contrat allait mettre les finances de l’Usap en danger, j’ai eu peur. Alors, j’ai donné mon accord définitif à Mohed Altrad. Ma femme, Marjory, mes trois enfants et moi sommes partis habiter à Montpellier. »

Il se voyait vraiment rester à l’USAP toute sa carrière. Il ne manque pas de dézinguer l’ancien président de Perpignan: Paul Goze. Extrait:

« Je n’ai pas souvent raconté comment s’est joué mon départ. Je veux que les gens connaissent toute l’histoire. Je me voyais rester ici jusqu’à la fin de ma carrière. Ma fierté, c’était d’être le joueur d’un seul club, pas d’une dizaine, comme ça se fait maintenant.

J’ai été insulté, j’ai reçu une lettre de menaces. Je suis passé pour un renégat. Tout ça est de la responsabilité de Paul Goze et des dirigeants. Maintenant, je veux que les gens comprennent une fois pour toutes pourquoi je me montre si peu souvent à Aimé-Giral. L’Usap, j’y ai passé la plus grosse partie de ma vie de rugbyman mais tous les anciens ne vont pas aux matchs. J’ai marqué l’histoire de ce club, j’en suis même le joueur le plus capé. On ne peut pas me reprocher de rester chez moi ou d’aller passer des week-ends en montagne. Se mettre en avant, ce n’est pas du tout mon genre. Pour autant, je suis les résultats du club car j’ai de l’affection pour David Marty et Guillaume Vilaceca (entraîneurs). Mais avant eux, je regardais ça de loin. »

Pour conclure, il explique ne plus aimer les nouvelles mêlées pratiquées en Top 14. Extrait:

« Je n’aime pas trop. Elle est aseptisée, on est plus dans la pression que dans l’impact. Les piliers se posent sans se poser, ça rend plus dur le fait de travailler son adversaire. La mêlée ne laisse plus la place, côté droit, à des gabarits différents.

Aujourd’hui, avec mes 109 kilos, je l’aurais plus dur pour m’imposer. Les piliers droits font maintenant jusqu’à 130 kilos. Le rugby à XV veut malheureusement amener la mêlée à se jouer comme à XIII, car tout le monde a envie de spectacle. Moi, je reste un puriste de la mêlée : j’adore cette phase de jeu surtout lorsque piliers et talonneurs après cinq mêlées successives donnent l’impression que leurs yeux vont sortir de leur orbite. Ça c’est beau ! Quand tu es dans une mêlée qui avance, c’est magnifique. J’ai le souvenir d’un essai inscrit à Aimé-Giral, en Coupe d’Europe, on avait joué huit ou neuf mêlées de suite dans un coin de terrain. J’étais capitaine, et il était hors de question de lâcher l’affaire, l’Usap avait gagné. »

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