Matt Giteau : « Ça m’a blessé, puis servi à alimenter mon feu intérieur pour prouver ma fierté de joueur de rugby »

Matt Giteau : « Ça m’a blessé, puis servi à alimenter mon feu intérieur pour prouver ma fierté de joueur de rugby »

Le mercredi 19 avril 2023 à 18:46 par David Demri

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L’ancien trois-quarts polyvalent du Rugby Club Toulonnais, Matt Giteau s’est confié dans les colonnes du journal L’équipe à l’occasion du Hall Of Fame organisé par le RCT ce mardi soir.

Il est dans un premier temps revenu sur son retour à Mayol, samedi dernier pour la réception de Perpignan. Extrait:

« C’est un sentiment très intense de revenir à Toulon. À Mayol, je me sens chez moi : pour la première fois depuis que j’ai pris ma retraite, j’ai eu le sentiment que j’allais rejouer.

Avant le match, je n’ai pas voulu être intrusif. Je me suis abstenu de balancer une vanne, pour respecter leur performance. Cette équipe a pris 5 points sans forcément bien jouer, ça augure le meilleur pour la suite. »

Il précise avoir été impressionné par le centre d’entrainement du RCT qui a énormément évolué. Extrait:

« Je n’ai pas reconnu les lieux, juste le terrain d’entraînement où on a tant donné de nous. J’aimais bien notre ancienne salle de muscu. Si tu voulais bosser, tu pouvais le faire. Les structures dont ils disposent aujourd’hui sont incroyables. Bien plus modernes, avec une magnifique installation pour la récupération. Tant mieux pour les gars. »

Dans la foulée, Matt Giteau a parlé de l’évolution du rugby depuis son départ. Extrait:

« Les équipes mettent beaucoup plus l’accent sur le jeu au pied, attaquent moins depuis leur camp. C’est devenu une bataille de territoire, on met la pression sur l’adversaire avec des coups de pied, on attend une opportunité dans la moitié de terrain adverse.

Les défenses sont devenues redoutables. Les équipes ont recruté des coaches dédiés à cet aspect du jeu. On scrute et analyse ce que fait l’adversaire. On se met la pression avec du jeu au pied. Attaquer est devenu périlleux, on prend de moins en moins le risque de le faire depuis sa moitié de terrain. La prudence est devenue reine : à la moindre erreur tu prends 3 points de pénalité ou un essai qui coûte 5 points. »

Il explique ensuite pourquoi le groupe Toulonnais marchait à la perfection avec toute une panoplie de stars entre 2010 et 2015. Extrait:

« Lors de notre épopée, il n’y avait pas d’ego déplacé ni de mecs égoïstes. Chacun était là pour l’équipe, pour vivre un truc collectif. Jonny (Wilkinson) qui montrait le chemin et faisait tout ce qu’il pouvait pour le groupe. Pareil avec Bakkies (Botha), Drew (Mitchell) et d’autres… Mourad (Boudjellal, le président d’alors) a été chanceux de recruter des gars capables de gagner des matches mais qui en plus étaient des mecs bien. Chanceux car on peut profiler un joueur mais on ne peut pas prédire comment il va se comporter à l’étranger. »

Il ne manque pas d’évoquer Bernard Laporte et Mourad Boudjellal. Extrait:

« Tous les deux étaient dingos, c’est certain. Moi, j’ai pu m’adapter car j’avais reçu un super conseil avant de venir en France : « Ne compare rien avec l’Australie. » Quand le coach me gueulait dessus, je me disais : c’est la France. J’accueillais le truc à Toulon comme si j’étais au Japon, à des années-lumière de ma culture originelle. Je prenais tout, le positif et le négatif. »

Il raconte ensuite la première fois qu’il a entendu le terme « mercenaire ». Extrait:

« J’ai entendu ça lors de mon premier match, face à Toulouse. J’avais mal joué. Dans les vestiaires, j’ai demandé aux gars : « Ça veut dire quoi mercenaire ? », ils m’ont répondu : « Ça signifie que tu n’es là que pour le fric. » Ça m’a blessé, puis servi à alimenter mon feu intérieur pour prouver ma fierté de joueur de rugby, mon tempérament à tout donner de moi sur le terrain. Le match suivant, j’ai bien joué et je n’ai plus entendu dire que j’étais un mercenaire. »

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