Les merveilleuses confidences de Bernard Laporte sur le titre Européen du RC Toulon de 2013

Les merveilleuses confidences de Bernard Laporte sur le titre Européen du RC Toulon de 2013

Le mercredi 19 avril 2023 à 0:40 par David Demri

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Le 18 mai 2013, le Rugby Club Toulonnais remportait son premier titre européen en s’imposant face à Clermont sur la pelouse de Dublin.

Dix ans plus tard, Bernard Laporte, à l’époque entraîneur du RCT, se livre sur ses souvenirs via Midi Olympique.

Voici les belle confidences de Bernard Laporte :

« C’était un match très serré qui ne se joue pas à grand chose. Clermont aurait pu l’emporter. Ca se joue sur de petits détails et ça nous a été favorables. Ca se joue beaucoup sur ce contre de Juan Lobbe, qui plaque, qui récupère le ballon et qui donne à Delon Armitage qui va marquer. Sur cette action, je me souviens bien : si les joueurs de Clermont tapent au fond, c’est terminé et on ne gagne pas. L’émotion était très forte car on aurait pu perdre jusqu’à la dernière seconde et le suspense était énorme. On jouait face à une très bonne équipe de Clermont. Les trois ou quatre dernières minutes, je ne voulais plus voir le match et je suis parti dans le couloir car c’était intenable. On était dominés en fin de match et s’ils prenaient une pénalité on aurait perdu. Nous avions été remarquables lors des dernières minutes avec une discipline extraordinaire. Tous les joueurs ont respecté la règle et n’ont pas mis en danger l’équipe. J’ai vu Tom Whitford sortir en pleur en hurlant, et on s’est sauté dans les bras. J’avais compris qu’on avait gagné.

Les deux équipes se valaient. Ca s’est joué à tellement peu… On était au même niveau avec de très bons joueurs des deux côtés. L’expérience de nos joueurs nous a aidé. Je pense que Clermont était favori. On était en tête du championnat mais Clermont tournait plein pot. C’était un match pas facile à négocier et ça m’a beaucoup aidé d’avoir des joueurs d’expérience. Puis c’était le début d’une aventure car l’aventure a duré trois ou quatre ans. Je suis arrivé en 2012, on avait fait deux finales et on n’avait rien gagné. On a recruté, on a bâti un gros groupe pour gagner. On voulait écrire l’histoire du club et ça a commencé par ce match contre Clermont. On était fier. On a fait deux finales et quand tu es engagé sur les deux tableaux, c’est compliqué. On s’était dit qu’il fallait y aller et ça aurait pu basculer de l’autre côté. L’émotion était grande car c’était le premier titre.

On voulait donner un titre à ce club. Et quand tu parlais avec les étrangers, ils préféraient le titre de champion d’Europe. C’était important cependant dans la tête des supporters de gagner le Brennus. Mais pour eux, ils voulaient gagner la Coupe d’Europe. Je ne lisais pas les journaux mais je voyais la déterminations de mes joueurs à gagner cette finale.

Le recrutement, on l’a toujours fait avec Mourad Boudjellal pour être compétitif sur les deux tableaux car on savait très bien que c’est difficile. Ca te pousse à pratiquement plus de 35 matches. Et tu as des internationaux qui jouent des matches de haut-niveau. En fin de saison ça fatigue. Et on avait une équipe vieillissante : Sheridan, Bruno, Hayman, Botha… Ils avaient 35 ans et il fallait gérer avec eux les fins de saison. C’est une évidence. On échangeait beaucoup et je m’appuyais beaucoup sur ces joueurs expérimentés.

Un jour, Lobbe était venu me voir pour me dire qu’ils étaient fatigués alors qu’on allait attaquer les demi-finales. J’étais un peu surpris mais je le comprenais. Il fallait remédier à cela et retrouver de l’énergie. Le plus terrible, c’est d’annoncer la composition de l’équipe. Quand tu as 35 joueurs de très bon niveau, en sélectionner que 23 c’est dur. Annoncer aux autres qu’ils ne joueront pas, c’est difficile. Il faut expliquer au maximum à ceux qui auraient pu prétendre y être pourquoi ils ne sont pas retenus. Il fallait de la transparence et j’ai toujours expliqué à ceux qui ne jouaient pas pourquoi j’avais fait ce choix.

J’aimais mes joueurs et je savais qu’à ce moment-là, je leur faisais du mal en leur annonçant qu’ils n’allaient pas jouer une finale. Mais il fallait qu’ils préparent les joueurs qui allaient jouer la finale. Un entraineur s’appuie sur ses leaders. On s’entrainait très peu avant chaque finale car l’équipe était vieillissante. Il fallait gérer. Et parfois, on s’entrainait seulement 25 minutes. C’était très précis et court pour garder de la fraicheur. Mais c’était de grands moments.

Quand tu gagnes, tu sens tout le bonheur que tu donnes à une ville, un département et une région, quand tu es à Toulon. Au Stade-Français, j’ai vécu une expérience extraordinaire mais ce n’était pas du tout la même chose. La pression que tu te mettais, elle était pour toi. A Paris, c’était tellement fragmenté… Il y a moins de passion ! Quand tu joues les finales avec Toulon, les gens se réunissaient en ville alors qu’on était à Dublin. C’est ça qui te fait monter le palpitant. Ca me le faisait monter car je sentais qu’on avait un aspect social considérable. A Paris, tu gagnais pour toi et tes potes. Mais à Toulon tu devais rendre des gens heureux. Le rugby est tellement important dans cette ville et ce département, que ça incombe à tous les joueurs. A Toulon, ça existe particulièrement car le rugby est une religion et ça te met encore plus de responsabilités sur les épaules.

Je suis arrivé en 2011 et 18 mois après, on gagne la Coupe d’Europe. Je ne cessais de leur dire qu’on devait gagner quelque chose et écrire l’histoire de ce club. J’ai rabâché cela pendant 18 mois jusqu’à ce qu’on gagne enfin quelque chose et on a atteint notre objectif. En 18 mois, c’était considérable ce qu’on avait fait. On avait fait 2 finales et on perd. Et en 2013 on va deux fois en finale et on gagne la Coupe d’Europe. C’était la deuxième fois que Toulon participait à cette compétition. Le mérite revient aux joueurs. »

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