Le talonneur Teddy Baubigny a intégré les rangs du Rugby Club Toulonnais l’été dernier, en provenance du Racing 92.

Interrogé via Poulain Raffute, le joueur Varois a expliqué sa décision de quitter le Racing 92 pour rejoindre Toulon.

Il affirme notamment avoir signé à Toulon pour faire évoluer son jeu et devenir plus méchant. Extrait:

« On me reprochait souvent de ne pas être assez agressif dans mon jeu. C’est pas que le RCT m’a changé, mais c’est une culture besogneuse, méchante et agressive. Et ça avait donc du sens que de rejoindre le RCT. C’est un peu étrange à dire, mais j’avais envie de rendre mon jeu un peu plus méchant. J’ai joué au football et au golf étant plus jeune. Peut-être qu’elle vient d’ici ma gentillesse. Ici, ils sont un peu barjot sur les bords (rire).

Pierre Mignoni est plus explosif que Franck Azéma. C’était un peu effrayant quand on ne le connaissait pas car Laurent Travers avait un caractère aussi fort au Racing, mais Pierre Mignoni est particulièrement explosif, c’est le terme. »

Il raconte d’ailleurs une anecdote concernant Franck Azéma qui l’a approché à plusieurs reprises pour le recruter. Extrait:

« Quand j’avais 17 ans, j’étais rentré en contact avec Clermont et Franck Azéma. Mais à cette période, je ne voulais pas partir et connaitre une nouvelle aventure. Ensuite, Franck Azéma m’a contacté à nouveau quand j’avais 20 ans mais je ne me voyais toujours pas partir, c’était mon premier contrat professionnel au Racing 92 et ça ne s’était pas fait. Puis arrive la troisième fois : la situation était différente au Racing, j’étais hésitant à partir ou non. Il fallait prendre une décision et ça ne s’est pas fait au Racing. Il fallait trouver un point de chute. J’ai donc hésité entre Lyon et Toulon. Pierre Mignoni était à Lyon et j’avais envie d’être entrainé par Pierre Mignoni. Puis Franck Azéma débarque à Toulon et j’ai eu mes premiers contacts avec Toulon. C’était d’abord avec Patrice Collazo, ça s’était très bien passé. Mais c’est vrai qu’il ait eu cette attache avec Franck Azéma depuis quelques années, c’était la belle histoire. J’ai signé avec Franck Azéma, puis trois mois plus tard j’apprenais que Pierre Mignoni allait rejoindre Toulon. Les planètes se sont alignées. »

Il explique pourquoi il a finalement décidé de quitter le Racing 92. Extrait:

« Je me posais la question de quitter le Racing 92 depuis plusieurs saisons déjà. On sentait qu’avec Camille Chat, on était dans une forte concurrence, on se partageait le temps de jeu. Mais quand je suis parti, je ne jouais pas et je n’avais pas le rôle que j’attendais. Camille Chat s’était engagé sur le long terme avec le Racing et j’ai senti que c’était le bon moment. On n’a pas trouvé d’accord avec avec le Racing non plus. Donc on s’est arrêté, ça s’est très bien passé, on s’est serré la main et je n’ai pas d’amertume. J’ai bien évolué avec Toulon. »

Il ne cache pas que son arrivée à Toulon n’a pas été forcément facile. Extrait:

« Je ne m’attendais à ce que tout soit beau et rose, je savais que ça n’allait pas être facile. Mais je minimisais l’impact que cela allait avoir dans ma vie perso et privée. Ca se passait de mieux en mieux avec le Racing 92 et partir à ce moment-là… Je n’étais pas dans la même relation avec les joueurs à Toulon que celle dans laquelle j’étais au Racing. Tu n’as pas les repères et la confiance. Tu as envie de prouver que tu es au niveau, tu surjoues. Je me sentais en forme mais je ne trouvais pas ma place au sein de l’effectif. Ce n’est pas encore fait, mais depuis la moitié de la saison, je gagne en assurance et en confiance. Ca va de mieux en mieux. Ca ne déroule pas mais tu te sens mieux et le changement sportif est énorme. Le changement de vie perso aussi. Tout est plus compliqué.

Je sortais d’une saison aboutie au Racing 92, j’arrive ici et il y a beaucoup d’attente, tu as de la pression car il y a beaucoup de monde et les gens connaissent le rugby. Ils te reconnaissent, ils en attendent de toi. Dans pas mal d’endroit, les gens sont connaisseurs, ils regardent les matches et tu es donc plus attendu et observé. Mais nous ne sommes pas des stars internationales non plus (rire). »

Dans la foulée, il évoque la Coupe du monde. Il rêve d’y participer. Extrait:

« C’est un rêve de gosse que de participer à une Coupe du monde, avec la perspective et l’engouement qu’il y a tout autour de l’équipe. Tout est beau en équipe de France donc on a forcément envie d’y participer. Je bosse pour y être mais je sens qu’il y a des joueurs devant moi qui ont œuvré. Donc je ne me sens pas proche d’y participer. Mais il peut toujours y avoir une surprise. En début de saison, je n’y pensais pas du tout, mais il y a eu quelques blessures et ça m’a permis d’être appelé. Ca a été une surprise et ça me permet d’y croire. Je ne sais pas d’où je pars, mais cet appel m’a lancé ma saison aussi. »

Il l’affirme : depuis tout petit, il voulait devenir sportif de haut niveau. Extrait:

« Depuis que je suis petit, je sais que je veux être sportif, mais je ne savais pas dans quel sport. J’ai la certitude de m’être donné à fond dans tous les sports que j’ai essayé. J’ai toujours eu l’ambition d’être bon. Et c’était au rugby que j’avais la meilleure chance de percer. Je ne vous dis pas la tête de mon père quand les entraineurs ont dit qu’ils allaient me faire jouer en première ligne. Ils se sont demandés si j’étais si mauvais que cela (rire). »

Questionné sur la saison du RCT, Teddy Baubigny dévoile les objectifs du groupe Toulonnais. Extrait:

« Il faut continuer de gagner à la maison. On a trois réception et deux matches à l’extérieur. En étant dans les six, si tu continues de gagner chez toi et que tu vas récupérer quelques points à l’extérieur, tu te mets en bonne position. Mais le championnat est tellement dingue… On reçoit Bordeaux en fin de saison et il est fort possible de croire que c’est lors de ce match que ça va basculer ou non. »

Il s’est ensuite confié sur le quart de finale à venir contre le LOU. Extrait:

« Je ne sais pas si nous sommes l’adversaire idéal du LOU, mais on va essayer de faire un bon match. Toulon mérite de jouer sérieusement cette compétition car Toulon mérite un titre. Donc on la joue à fond depuis le début de la saison et ça se voit, on peut en être fier. La mentalité de Pierre Mignoni et Franck Azéma, c’est de tout gagner. C’est frustrant de rencontrer une équipe Française, mais on l’a joue car on a envie de gagner un titre. Je n’ai pas beaucoup gagné de titre, j’ai perdu en finale. Donc on a sincèrement envie de jouer cette compétition et j’ai même très envie de la gagner. »

Le pire moment de sa carrière : la finale perdue en Champions Cup avec le Racing 92. Extrait:

« La finale perdue avec le Racing 92 en Champions Cup, c’est le pire moment de ma carrière. J’ai vécu le pire à tous points de vue : match à huis clos, tu dois le gagner 9 fois sur 10 et tu perds. Autant les deux finales précédentes… Mais la troisième finale, objectivement, c’était la bonne. Je pense vraiment qu’on aurait dû gagner. C’est un souvenir un peu dur pour tout le monde. Elle est très dure à digérer. J’avais 21 ans et c’était une saison un peu en or pour moi car j’étais à fond dedans et s’écrouler si près ça fait mal. »

Pour conclure, Teddy Baubigny parle de la fin de la saison du RCT. Extrait:

« Toulon a l’habitude de mal débuter ses saisons et de bien les finir. Charles Ollivon dit beaucoup que le groupe est resté le même et les mecs ont une amertume forte par rapport à la saison dernière. J’espère qu’avec un petit peu d’enthousiasme et l’expérience de chacun, on pourra gagner un titre. Je ne sais pas s’il faut un déclic, mais nos dernières prestations nous poussent à croire qu’on est sur le bon chemin. J’espère qu’on sera présent en phases finales. Et j’espère qu’on fera quelque chose si on y est. Il faut y aller pour quelque chose. »