Christophe Urios fait monter la tension : « Ils ne voulait plus voir ma cabine mais ils vont la voir dimanche ! »
Christophe Urios fait monter la tension : « Ils ne voulait plus voir ma cabine mais ils vont la voir dimanche ! »
Le vendredi 17 février 2023 à 11:35 par David Demri
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Lors d’un long entretien accordé au Midi Olympique, le manager de Clermont, Christophe Urios est revenu sur son départ de l’Union Bordeaux-Bègles en cours de saison.
Ce-dernier l’affirme : il n’avait jamais changé de couleurs en cours de saison jusqu’à présent. Extrait:
« Cela ne m’était jamais arrivé. Je ne pensais pas que cela m’arriverait à Bordeaux. Encore une fois, ça a été dur jusqu’en décembre. J’ai eu des rencontres avec des clubs, mais je n’avais ni le courage ni l’énergie de repartir. J’ai basculé en janvier. Ça m’a titillé. Je regardais les matchs à nouveau, je relisais les journaux… Et puis tout est allé très vite. On s’est rencontré un samedi, et le lundi on était OK. Il a fallu que je me plonge dedans. Mais ce n’était pas dur parce que ce club m’a toujours fait rêver. Un grand club, du territoire, avec une grande ferveur, un public de connaisseurs, des titres même si on est aujourd’hui dans le dur. J’avais envie. J’aurais peut-être pris plus de temps pour un autre projet. »
Malgré son licenciement, il refuse de dire du mal de l’UBB à l’approche de cette rencontre face aux Girondins. Il précise s’être régalé avec Bordeaux. Mais il a senti son licenciement approcher ces derniers mois. Extrait:
« Je ne vais pas dire de mal de Bordeaux. Je sais exactement ce qu’il s’est passé. Je me suis régalé pendant trois ans. Bordeaux faisait partie des clubs que je voulais entraîner. J’ai passé trois ans formidables avec le club, son territoire, ses supporters, les joueurs, les clubs alentours… Mais j’ai senti, à partir de la fin de saison dernière, que des choses se cassaient petit à petit… Comme on a perdu la demi-finale, on n’a pas avancé. Et au retour des vacances, ce n’était pas pareil. On n’était pas aligné. Certaines choses m’ont marqué lors de la préparation. J’ai senti que ça allait mal se terminer.
L’intersaison avait été courte, on avait pas mal d’internationaux absents. On commençait direct par cette réception de Toulouse. Je savais que ce match allait être fondamental. Je l’avais dit au président : « Soit on gagne et on repart, soit on perd et la petite musique va entrer dans la tête des mecs. » Cela n’a pas loupé. On fait un match incroyable, mais on perd. Et derrière, on n’a pas accroché. Je pense néanmoins avoir participé à l’évolution du club, comme d’autres. Et j’ai respecté ce qu’on avait dit : « Gagner et plaire. » On était là-dedans. »
Il affirme d’ailleurs avoir mis beaucoup de temps avant d’accepter de prolonger son contrat avec l’UBB, en 2021. Extrait:
« J’ai mis un temps fou à prendre cette décision. J’avais besoin de sentir que je pouvais faire progresser le club. Mais des choses me gênaient : par exemple, je n’arrivais pas à faire avancer la formation. Je me suis beaucoup interrogé. Et puis je me suis dit qu’on était premiers, que la boutique tournait quand même bien… J’ai prolongé mais sans ressentir d’excitation. »
Selon lui, il n’y a aucun mystère sur son licenciement comme veut bien le faire croire son ancien président Laurent Marti. Extrait:
« Il n’y a pas de mystère. Je ne vais pas le dire là mais il n’y a pas de mystère. Je lui ai donné les alternatives, il avait la feuille de route. On était onzièmes, on n’y arrivait pas. On était solides à domicile, mais pas à l’extérieur. On en avait pris 30 à Pau où j’avais le sentiment que les joueurs avaient lâché. Des choses n’allaient pas, c’est clair. On a dit que j’étais trop dur, que j’étais négatif, que je voulais tout contrôler, que Pépusque (son domaine viticole, NDLR) me prenait du temps… Je ne me reconnais pas dans tout ça. Des joueurs ne supportaient peut-être plus mon fonctionnement, et cela s’est fini comme ça. »
Il répond dans la foulée aux gens qui estiment qu’il a fait passer ses activités personnelles comme son domaine viticole avant le rugby. Extrait:
« Les gens sont cons… Je savais que je m’y exposais. Je faisais en sorte de ne pas tout mélanger, et j’ai quand même le droit de faire ce que je veux de ma vie privée. J’ai jamais manqué un entraînement parce que j’allais faire du vin. Il m’arrivait de faire une animation le dimanche dans la ville où nous avions joué la veille, oui. Et alors ? Je savais que le jour où ça allait moins marcher, on me glisserait de faire du rugby plutôt que du pinard… C’est une passion. Et heureusement que j’ai eu Pépusque après Bordeaux, parce que cela a été une bouffée d’oxygène. On m’a viré le mardi, j’ai vidé mon bureau le vendredi j’ai tout jeté, et le lundi j’ai retravaillé sur Pépusque. »
Dans la foulée, il avoue avoir été vexé d’être viré de l’UBB. Selon lui, il ne méritait pas d’être licencié. Extrait:
« J’ai été vexé d’être viré de Bordeaux, parce que j’ai trouvé que je ne le méritais pas. Mais en même temps, il fallait prendre une décision. J’ai été en colère, et surtout envers moi-même. J’ai voulu comprendre, alors j’ai travaillé pour me refaire tout le film. Et avec le recul, je ne changerais pas grand-chose. La page de la quatrième année je ne vais pas la tourner, je vais la déchirer parce qu’elle ne m’apportera rien. Les trois autres, je les garde parce qu’elles m’ont apporté beaucoup de plaisir. »
Il est certain que des joueurs lui ont savonner la planche, mais il ne veut pas s’attarder sur le sujet. Extrait:
« Bien sûr… Mais je n’ai pas envie de parler de ça. On joue dimanche contre eux, je ne voudrais pas leur donner des leviers de motivation. »
Pour conclure, il remercie ses ex-adjoints Julien Laïrle et Frédéric Charrier qui ont porté leur c*****. Il l’affirme : certains joueurs ne voulaient plus voir sa gueule, rien de plus. Extrait:
« Eux, ils ont porté leurs c…..s. Ils ont donné une interview qui m’a fait plaisir. J’étais content d’eux parce qu’ils ne se sont pas échappés. Dans cette affaire, beaucoup de choses ont été téléguidées, notamment par la presse locale. Mais eux, ils ont dit ce qu’ils ressentaient. On s’appelle régulièrement, on ne parle que rarement de rugby car je m’en fous d’avoir des informations. J’ai un lien car j’aime ces mecs et j’aime les entraîneurs.
Ils ont fait front, face aux joueurs, ils n’ont pas écouté certains qui voulaient tout changer du jour au lendemain. Ils ont gardé ce qu’on faisait parce qu’ils y croyaient, et parce qu’on l’a fait ensemble. Et maintenant, ces mêmes joueurs disent qu’ils y croient. En fait, c’est juste ma cabine qu’ils ne voulaient plus voir ! (rires) Mais ce n’est pas grave, parce qu’ils vont la voir dimanche ! »
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