Quand Matthieu Lartot en fait des tonnes sur le Stade Rochelais
Quand Matthieu Lartot en fait des tonnes sur le Stade Rochelais
Le vendredi 9 décembre 2022 à 12:00 par David Demri
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Ce week-end se joueront les matches de la première journée de la Champions Cup.
A cette occasion, le journal régional Sud-Ouest s’est entretenu avec le commentateur rugby de France Télévisions : Matthieu Lartot.
Ce-dernier n’a pas manqué d’en faire des caisses sur l’actuel champion d’Europe : le Stade Rochelais.
Il explique dans un premier temps avoir rapidement compris que La Rochelle allait devenir un club important au sein de la Champions Cup. Extrait:
« On a compris, sans jouer les médiums, que ça allait être un club important sur la scène européenne dès lors qu’il serait compétitif sportivement. Tout était réuni pour avoir des belles après-midi sur nos antennes : un stade plein et une superbe ambiance, ce qui n’a pas toujours été le cas chez d’autres clubs français. Tout de suite, on s’est dit que ça se plaçait dans la catégorie des Clermont, Toulouse, où il y a cette ferveur, cet engouement et un cadre qui se prête à une belle diffusion. »
Il indique que La Rochelle a tout de suite joué la Coupe d’Europe à fond tandis que certains clubs comme Montpellier ont décide de galvauder la compétition. Extrait:
« Je me souviens de matchs dans un Altrad Stadium à moitié vide, où l’on ne sentait pas une implication très forte de la part du club, qui priorisait le Top 14. La Rochelle, c’était tout l’inverse, c’était une opportunité pour elle d’exister autrement que par la scène domestique, de passer un cap de notoriété tout en ayant des stars internationales comme Victor Vito, qui donnent une certaine dimension au club. Le Top 14 est un formidable produit, mais ses audiences sont réservées à des aficionados, des initiés ; j’ai eu la sensation que La Rochelle avait très vite saisi l’enjeu de l’image. La preuve, elle a tout de suite eu une réussite sportive en adéquation avec sa manière de placer très vite cette compétition comme un objectif. Elle ne s’est pas dit qu’elle allait la jouer pour apprendre. Il y a le titre européen de 2022, mais avant cela, il n’y a eu que deux défaites à domicile en Champions Cup (contre Exeter et Glasgow, NDLR), ce qui traduit quelque chose de fort même si Deflandre est déjà une forteresse en Top 14. Avoir une telle efficacité avec si peu de références prouve l’implication générale du club.
On voit très rapidement ceux qui jouent tous les tableaux. Dans nos choix de programmation – même si la donne a changé avec l’arrivée de beIN Sports, car on n’a pas toujours le choix des affiches –, pendant des années, le critère était d’aller dans des stades pleins, dans des clubs qui jouent le jeu dans cette compétition, sans parler de chance de se qualifier ou pas. Ça n’a pas toujours été le cas dans d’autres clubs. Toulon et le Racing ont eu des moments difficiles, ont connu la Pro D2 et se sont peut-être dit qu’il y avait un sentiment d’urgence à être vite performant sur la scène européenne. »
Selon lui, le Stade Rochelais remplace actuellement Clermont qui connait des difficultés sportives depuis quelques saisons désormais. Il rajoute que le Stade Rochelais coche toutes les cases pour France Télévisions. Extrait:
« La comparaison la plus naturelle, c’est avec le Michelin, parce que pendant des années Clermont avait cette réputation d’être un chaudron, intraitable à domicile, il y avait toujours un rugby hyper plaisant. Ça donnait le sentiment, à la fin des retransmissions, que c’était ce que nous, nous avions envie de montrer au très grand public. On coche toutes les cases : un rugby sexy qui plaît aux téléspectateurs. Quand France Télévisions diffuse la Coupe d’Europe, elle est le premier palier avant le Tournoi des Six Nations. Il y a les aficionados qui regardent le Top 14 et on commence à attraper dans nos filets ceux qui viendront sur le Tournoi. Ces derniers ne s’intéresseront à la Coupe d’Europe que s’il y a un stade plein, de la ferveur, du spectacle et aussi des victoires. Des matchs étriqués dans des stades à moitié vides se ressentent au niveau des audiences. Et La Rochelle remplissait un peu, je trouve, le vide laissé par Clermont qui a connu une phase un peu moins glorieuse. Dès qu’elle est arrivée, elle a tout de suite occupé l’espace médiatique, même si on l’a accompagnée, avec des joueurs identifiés, des internationaux, des stars, des personnages. »
Par ailleurs, des joueurs comme Grégory Alldritt et Teddy Thomas représentent un plus pour France Télévisions. Extrait:
« Alldritt a pris une dimension assez importante et pour France Télévisions, c’est tout bénéfice. D’autant qu’il y en a d’autres à La Rochelle, avec Jonathan Danty. Le club peut capitaliser dessus, et c’est là aussi l’intelligence de Vincent Merling qui a su bâtir une équipe forte en termes d’image. Ce qui a fait la renommée du Stade Toulousain depuis toujours, c’est qu’on y retrouve l’équipe de France quasiment à chaque fois. Avoir dans ses rangs un élément indispensable du XV de France est un atout à tous les niveaux, et en particulier pour des diffuseurs comme nous : s’il y a Tom Cruise dans un film, il a plus de chances de faire des entrées. »
Il se montre dithyrambique avec le club Maritime. Extrait:
« La Rochelle coche toutes les cases. Il y a ce rugby de club, de terroir, de famille, une forme de fidélité, d’amour du maillot, une histoire forte entre les joueurs et le club. Il y a aussi quelques stars du rugby international, il y a donc un casting parfait pour plaire au-delà de son public, de ses supporters. C’est ça, la grande force du Stade Rochelais, en plus de son parcours remarquable de 2017 jusqu’au titre de 2022. Il capitalise sur la politique sportive mise en place, le choix des hommes. C’est génial pour le club et pour nous, c’est banco puisque cela se traduit au niveau des audiences. Je ne dis pas ça pour le flatter. »
Et il l’affirme : La Rochelle effectuent les plus belles audiences sur France Télévisions avec le Stade Toulousain. Extrait:
« On regarde nos bilans d’audience après chaque saison et l’on voit les clubs qui intéressent. On est un service public, on essaie donc de diffuser un maximum de clubs, mais quand on a des arbitrages à faire, l’audience prime. Il faut savoir qui séduit le plus grand public. La Rochelle s’inscrit tout en haut, avec le Stade Toulousain, des clubs qui ont ce potentiel-là. »
Pour conclure, Matthieu Lartot affirme avoir misé sur une victoire du Stade Rochelais en finale de la Champions Cup, la saison dernière contre le Leinster. Extrait:
« Ceux qui ont fait la saison avec moi l’an dernier – les consultants, Cécile (Grès, NDLR), etc. – pourraient le dire, j’avais annoncé que La Rochelle battrait le Leinster en finale. Parce que, déjà, il y avait eu une référence. Évidemment, la demie de 2021 était à Deflandre mais elle disait beaucoup de la dimension prise par La Rochelle. J’étais persuadé que s’il y avait bien une équipe qui pouvait battre le Leinster, c’était elle. Au même titre qu’elle a pour bête noire le Stade Toulousain. Il y a des choses qui ne sont parfois pas très rationnelles, mais c’est un fait, certaines équipes correspondent plus ou moins bien à d’autres. Et puis, il y avait le parcours, la victoire dans un match qualitativement assez mauvais mais qui était une demi-finale à l’extérieur face à un autre club français (le Racing, NDLR). Il y a parfois des choses qui semblent inexorables, et c’est le sentiment que me donnait cette équipe. Je sentais que quelque chose était enclenché, il y avait aussi la frustration de la finale perdue la saison précédente, ce sentiment qui compte beaucoup d’être le dernier représentant français, l’équipe qui va défendre le palmarès français. Et puis, tout le monde annonçait un Leinster imbattable. C’est dans notre ADN d’être le village gaulois, d’avoir de la fierté et de ne pas aimer être pris de haut. Et puis les Rochelais l’avaient déjà fait… Ça a été grandiose. »
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