Le témoignage glaçant du fils de Philippe Sella : « Je ne bougeais pas ! »
Le témoignage glaçant du fils de Philippe Sella : « Je ne bougeais pas ! »
Le samedi 20 août 2022 à 16:00 par David Demri
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L’ancien trois-quarts centre de Massy et de Biarritz, Geoffrey Sella, fils de Philippe Sella s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique pour évoquer un sujet sensible : les commotions cérébrales dans le monde du rugby.
Le , ce-dernier annonçait être contraint de mettre sa carrière entre parenthèses en raison d’une succession de quatre commotions cérébrales en sept mois
Victime de séquelles suite à ces commotions cérébrales à répétition, le jeune centre a sombré dans une forte dépression.
Il va désormais mieux. Extrait:
« Ça va mieux, tenait d’emblée à rassurer celui qui n’hésite plus à se confier sur son calvaire quotidien. Je peux dire que la dépression, c’est complètement derrière moi. J’ai tout de même un suivi régulier parce que dès qu’on se sent un peu trop bien et qu’on se laisse aller, on est vite rappelé à l’ordre. »
Il explique dans la foulée pourquoi, le 23 décembre dernier, il a poussé un gros coup de gueule sur le réseau social Instagram. Extrait:
« Il y avait de la colère, parce que mon dossier médical pendant trois ans, ça a vraiment été la m****. J’arrivais à un moment où j’étais vraiment au fond et j’étais épuisé. J’avais l’impression d’être laissé tomber par les organismes comme la sécurité sociale. C’est un combat permanent et quand on est fatigué, on essaie de faire avancer les choses. Et c’est pour cela que j’ai fait ces publications. Mais depuis, j’ai un gros suivi avec un psychologue et un orthophoniste et j’ai des traitements. C’est ce qui me permet d’aller mieux petit à petit. Mais il ne faut pas lâcher. »
Le fils de Philippe Sella a ensuite expliqué sa souffrance au quotidien. Extrait:
« Au quotidien, je suis passé par plusieurs étapes. Il y a eu un côté de dépression qui a amené que cet hiver, je sois un peu au fond du gouffre. Je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivait, j’avais des sautes d’humeur, j’étais fatigué tout le temps, anxieux. Je n’arrivais pas à accepter le fait de ne plus pouvoir faire de sport, sans parler d’être sportif de haut niveau. J’étais devenu complètement sédentaire. Le moindre effort était atroce, pendant trois jours, je ne bougeais pas. Après, j’ai des troubles de l’attention, sur lesquels je bosse encore. »
Geoffrey explique ensuite sa décision d’arrêter le rugby à 27 ans. Extrait:
« J’avais pris quatre K.-O. la dernière année, ça avait été infernal. Après cela, je n’ai jamais eu l’impression de retrouver mon plein potentiel donc j’avais du mal à aller m’entraîner. Sur le terrain, j’avais de la nervosité, des absences au niveau de l’attention, notamment sur les phases défensives. Et surtout, j’avais des sautes d’humeur. J’en avais parlé avec un coach des trois-quarts à Massy, qui m’avait dit qu’à l’entraînement, je pétais les plombs parce que je ne comprenais pas une consigne. Je n’essayais pas de le masquer, et je pense même que ces signes d’agacement, c’était un peu des appels à l’aide.
À un moment j’ai dit stop. Je me suis dit peut-être six mois, huit mois ou un an et que je pourrais reprendre après. Le rugby, c’est ce qu’on aime faire depuis tout petit, on a envie d’en faire quel que soit le niveau. Pas d’arrêter comme ça, du jour au lendemain. »
Malgré tout, il ne regrette rien et continue de conseiller le rugby à ses amis. Extrait:
« Même si aujourd’hui, je me suis écarté du rugby, c’est un sport que je conseille à tout le monde. Je ne regrette pas mon passé de rugbyman. On sent bien que les mentalités ont déjà changé au niveau du suivi et de la prise en charge des joueurs. Le but ce n’est pas de faire peur aux gens avec mon expérience mais que certaines personnes impliquées dans le dossier apprennent et évitent de faire les mêmes erreurs pour permettre au prochain joueur d’être pris en charge et d’être complètement protégé. C’est pour faire avancer les choses. »
Questionné sur le cas de Jonathan Sexton qui enchaîne les commotions cérébrales et qui refuse de s’arrêter, il ne fait pas de langue de bois. Extrait:
« J’en entends parler parce que mes potes m’envoient les vidéos à chaque fois. Je ne dirai même pas que c’est triste parce que je ne suis personne pour juger son cas. Mais je n’aimerais pas être à sa place dans quelques années, même si peut-être qu’il ira bien. C’est inquiétant. Après, c’est son choix, il faut le respecter, même si je trouve ce choix… bizarre. Je pense que chacun voit le danger différemment. Il ne mérite pas de finir avec de la démence, comme Carl Hayman ou autres. C’est complexe les commotions. »
Pour conclure, Geoffrey Sella dévoile sa reconversion professionnelle. Extrait:
« J’ai créé ma boîte de production donc c’est beaucoup d’événements et je travaille avec les marques et les restaurants. Je fais également DJ, j’ai mixé au festival Garorock à Marmande. Enfin, je suis en train de bosser sur mon projet perso, qui est de sortir six titres avant la fin de l’année. Ils vont représenter ce par quoi je suis passé lors des quatre dernières années. Ça va me permettre de boucler la boucle avec le rugby et de passer à autre chose. Ça me permet de m’évader complètement. »
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