Ce vendredi matin, le nouveau manager du Rugby Club Toulonnais Franck Azéma s’est confié en conférence de presse pour évoquer son arrivée à Toulon en tant que manager général, pour succéder à Patrice Collazo.

Dans un premier temps, celui-ci a affirmé que ses contacts avec le RCT sont très récents et que rien n’a été prémédité ou anticipé. Extrait:

« Les contacts sont très récents. La situation est ce qu’elle est. Mais quand on est entraineur, on sait que ça fait partie du métier et malheureusement c’est ce qu’il s’est passé. Le contexte vous le connaissez. Mardi soir ou mercredi, j’ai eu un coup de téléphone du président qui m’a proposé le poste. Ce n’est pas quelque chose qui a été prémédité ou anticipé. J’étais forcément libre de tout contrat et évidemment, quand on m’a proposé de rejoindre Toulon, c’est une fierté, un honneur, c’est quelque chose qui ne se refuse pas. J’ai souvent été en opposition avec Toulon et je sais ce que ça représente, la difficulté, le tempérament et la qualité de cette région et de ce club. C’était du bon sens pour moi que d’y répondre favorablement. »

Ce samedi contre Biarritz, il ne sera pas sur le bord du terrain. Il laisse les commandes à James Coughlan qui a préparé le match avec le groupe Toulonnais cette semaine. Extrait:

« Je ne vais pas être au bord du terrain ce samedi. Je serais dans les tribunes avec les garçons. Un travail a été très bien fait et bien mené par James Coughlan et l’entourage du staff pour préparer le match contre Biarritz. Ce serait arrogant de dire que je vais me pointer sur le banc et dire que je sais ce qu’il faut faire cette semaine. Cela me permet aussi de prendre le pouls et d’observer les garçons dans leurs comportements à la fois sur le terrain et en dehors. Pour pouvoir ensuite être efficient la semaine prochaine dès le début de la semaine. Je vais tout faire pour les aider au mieux dans la semaine. »

Questionné sur d’éventuelles modifications au sein du staff, Franck Azéma réfute tout changement pour le moment. Extrait:

« Il y a un staff qui est en place aujourd’hui et il n’y a pas de raison de le changer. C’est aussi ce qui est excitant pour moi : rencontrer un nouveau staff, un nouveau challenge, un nouveau défi, de nouvelles personnes. C’est ce qui construit une équipe et il faut aller vite à l’essentiel. On verra s’il y a des besoins plus tard mais pour le moment il n’y a pas besoin de changer quoi que ce soit. Il faut se retrousser les manches et travailler ensemble pour améliorer les performances du moment. »

Il précise que son rôle de consultant pour Canal + lui a permis de visionner deux matches du RC Toulon dans le détail. Extrait:

« Consultant à Canal +, ça m’a permis de voir deux matches de Toulon en particulier. Cela m’a permis de voir des choses mais c’est différent de le vivre depuis l’intérieur. Quand un club est en difficulté, ce n’est jamais un seul paramètre. C’est une multitude de petits détails qui font que l’on perd 1% par ci, 1% par là, et à la fin de la journée on se retrouve avec 20% en moins. Comment réussir à retrouver ce cadre-là pour être de nouveau efficaces et soudés pour affronter le Top 14 et la concurrence. »

Il veut désormais tout faire pour que le club puisse repartir de l’avant et remonter au classement. Extrait:

« Peu importe le classement, ce qui est important c’est le processus que l’on va mettre en place pour tous les jours nous améliorer. Mon métier c’est d’entrainer, d’échanger, de transmettre et c’est le cœur de notre quotidien. Il faut établir un contenu, une planification pour savoir comment on va avoir des certitudes, de la clarté dans ce que l’on va mettre en place ensemble. Si on fait bien les choses ensemble à l’unisson, alors il y aura une récompense derrière. Tout le monde a envie de gagner mais ce sera la conséquence de ce que l’on va mettre en place dans la semaine et l’accumulation des semaines qui feront qu’on sera efficaces dans notre rugby. »

Selon lui, le groupe Toulonnais a envie de se révolter et de tout donner pour remonter. Extrait:

« Quand on ne gagne pas, on perd de la confiance petit à petit. Il y a cette atmosphère-là. Mais il y a un groupe qui a envie de répondre, de se révolter, de donner, de rendre. J’ai eu la chance de venir deux fois à Mayol pour voir l’engouement qu’il y a autour de l’équipe et voir la qualité de ce qui était fait sur le terrain. Car il y a quand même une qualité à casser la ligne et à bécher régulièrement. Il y a un contenu, du répondant. Il faut essayer d’utiliser ces points forts là, de les mettre en avant et petit à petit, améliorer chaque secteur. Il y a un constat : il faut s’améliorer au quotidien. »

Franck Azéma va désormais rencontrer les joueurs Toulonnais pour apprendre à les connaître. Extrait:

« L’effectif, je ne le connais pas ! Je vais apprendre à le connaitre, je vais apprendre à découvrir les joueurs. Ce qui m’intéresse, c’est de rencontrer les hommes pour savoir ce qu’ils peuvent apporter sur le terrain et savoir ce qu’ils ont envie de générer autour d’eux et voir les responsabilités qu’ils veulent prendre et se battre pour ce maillot. Avoir ce ressenti avec eux. En une journée, ça me paraît pas possible. Il faut aller vite et c’est ce que je vais faire sur les prochaines semaines. »

Il rajoute que son stage chez les Dragons Catalans lui a été très utile. Extrait:

« C’est important d’apprendre tout au long de sa carrière et de sa vie. C’était un moyen d’échanger pour moi avec un autre manager et un autre sport. Ils m’ont accueilli les bras ouverts et c’était intéressant de voir les exigences et les attentes qu’il peut y avoir dans ce sport-là et les transversalités avec le rugby à 15. C’était intéressant sur le contenu technique, la tactique mais aussi sur le mode de management qu’ils ont. Ce sont des détails qui permettent d’étoffer son registre. »

Questionné sur le match à venir face à l’ASM le week-end suivant, Franck Azéma affirme se concentrer avant tout sur la réception du Biarritz Olympique. Extrait:

« Je connais particulièrement le club de Clermont, mais le fonctionnement de l’équipe est différente cette année car il y a un nouveau manager à Clermont. Mais honnêtement, je vais plus me concentrer sur nous, sur notre jeu et notre équipe que sur l’équipe de Clermont. Ce sera la semaine prochaine. Mais il y a d’abord un match contre Biarritz à préparer et l’équipe est plutôt focus sur cela et moi aussi. Il va falloir être efficaces demain face à Biarritz avant tout. »

Aussi, Franck Azéma affirme être fier de porter les couleurs Toulonnaises. Extrait:

« Avoir le muguet sur le cœur, ce n’est pas une habitude. Mais gamin, j’ai baigné avec des générations qui ont marqué le rugby : je me souviens quand j’étais minot de regarder Mellvillle, Orso, Champ et toute cette génération qui avait du caractère et qui a marqué les esprits quand j’étais à Perpignan. Il y a une identité en terme de combat qui est propre à Perpignan et qui est exacerbée ici. J’ai connu cela en tant que joueur quand j’étais à Clermont et que je venais jouer ici et bien évidemment dans ma carrière d’entraîneur. Donc je suis assez fier de porter ces couleurs car dans le territoire Français, il n’y a pas beaucoup de clubs qui ont une identité forte comme celle de Toulon et un palmarès comme celui de Toulon. C’est à la fois beaucoup de fierté mais aussi beaucoup de responsabilités, une pression positive et il faut bien répondre aux attentes à la fois de l’équipe et de l’environnement. »

Il évoque aussi la forte présence des supporters au RCT. Extrait:

« Les supporters font aussi partie de la force de Toulon et d’une équipe : la passion qu’elle peut délivrer, l’engouement qu’il peut y avoir derrière son équipe, le soutien aussi. C’est aussi à cela que l’on mesure la qualité des supporters. Quand c’est facile c’est une chose et quand c’est difficile il faut montrer du caractère. Cela ne veut pas dire passer sur tout mais être présent quand il le faut, ça compte. Cela fait partie des rites qu’il peut y avoir ici et de l’atmosphère que génère Mayol. Je suis plus focalisé sur l’équipe et sur ce que va délivrer l’équipe demain en prenant son jeu à son compte, en étant dans l’initiative et avec un état d’esprit sur le combat. Ce sont des choses qui collent à l’identité du club et j’espère que l’on va voir grossir cela de plus en plus. »

Franck Azéma n’a qu’une idée en tête : trouver un moyen de faire remonter le RCT au classement et de remporter des matches. Extrait:

« Bien évidemment que l’on a envie de remonter au classement. Aujourd’hui, on est à cette place-là. Il ne faut pas l’accepter mais c’est une réalité. Comment on va mettre les outils en place et l’investissement que l’on va avoir là-dedans pour pouvoir remonter chaque rang. C’est à la fois très près mais à la fois, on sait que sur une saison, ça se joue sur un ou deux points. Aujourd’hui on en est loin. Mais il faut se concentrer sur les moyens d’y arriver. On a en ligne de mire tout cela car on a envie de remonter. On va en parler en début de semaine prochaine. On va voir comment on va construire cela ensemble. J’ai commencé à discuter avec pas mal de joueurs. Il y a pas mal de choses à faire, à construire, à rencontrer. Et petit à petit, être de plus en plus dans le fonctionnel dès lundi.

Après le match contre Clermont, le Top 14 effectuera une trêve. Et pour Franck Azéma, c’est une bonne chose. Extrait:

« Il y aura un peu plus d’une semaine de coupure et elle sera nécessaire. Pour avoir de l’efficacité dans ce que l’on fait, ça reste un sport où il y a besoin d’enthousiasme et de l’envie. Le Top 14 est très long, il est très dur mentalement et physiquement. Donc il faudra récupérer, avoir la tête bien fraîche et reprendre en début de semaine suivante pour préparer la venue de Lyon à Mayol. Cette pause nous servira à se régénérer et absorber quelques retours dans l’équipe de certains joueurs qui sont encore à l’infirmerie et réintégrer les internationaux et les garçons à l’infirmerie. »

Franck Azéma ne cache pas avoir trouvé un groupe inquiet au RCT. Mais pour lui, c’est tout à fait normal étant donné les résultats. Extrait:

« J’ai trouvé un groupe inquiet et c’est normal quand on est à cette place là du classement. Il y a toujours une perte de confiance, il y a un peu d’incertitudes, des doutes. C’est comme ça quand il n’y a pas de victoires. Mais je sens aussi une flamme. Il y a du tempérament, il y a un ressort qui est là. En travaillant ensemble, dès demain, il y a des choses qui sont possibles et il y aura des jours meilleurs. Il faut prendre conscience de la situation. Mais ça ne fait qu’une journée que je suis là. Je ne suis pas un magicien. Mais il faut construire tout cela ensemble avec une volonté commune. »

Le technicien a ensuite évoqué le jeu qu’il souhaite mettre en place à Toulon. Extrait:

« En terme de jeu, il faudra avoir de l’alternance dans les formes de jeu que l’on peut avoir. Il faut aussi coller à l’identité de Toulon. C’est une équipe qui a toujours été avec beaucoup de caractères, qui aime combattre et ce sont des choses qui me tiennent à cœur. C’est une équipe qui a besoin d’être dans l’initiative, entreprendre, ça correspond au caractère d’être combattant devant ou derrière. Aussi, il faut séduire car on a envie de prendre du plaisir sur le terrain et donner envie aux gens de venir au stade et de prendre du plaisir quand ils voient les performances de l’équipe. Pour être efficaces là-dedans, il faut être capable d’évoluer dans toutes les formes de jeu. Cela parait ambitieux mais on va travailler pour cela. En ayant cette efficacité dans les différentes formes de jeu, on va chercher les espaces libres et la gagne. La finalité, c’est la compétition et il faut gagner. Il faut le faire en ayant construit des choses ensemble et en ayant un état d’esprit qui va nous permettre de nous exprimer le week-end. La première des qualités c’est notre attitude ensemble. Il n’y a pas besoin d’avoir un talent fou pour cela. Si j’ai ça déjà, on va pouvoir étoffer le reste petit à petit. Il y a de grands joueurs, je ne suis pas inquiet sur le talent qu’il y a dans ce club. Maintenant, il faut voir comment on va délivrer les choses ensemble. C’est comment je me mets au service de l’équipe pour performer ensemble.

Il y a une saison à construire avec l’effectif que nous avons. Je vais avoir besoin de tout le monde et tout le monde doit être prêt à performer. Ce que je veux c’est que tous les joueurs lèvent la main et me disent être prêts pour jouer samedi. Ce sont de bons problèmes ça. Si je sens cela, ça veut dire que je vais pouvoir m’appuyer sur tous les gars tout au long de la saison. Certains vont jouer davantage, d’autres moins. Mais quand ils vont jouer il faut qu’ils soient à 200% et qu’ils se régalent de jouer pour l’équipe. »

Questionné sur le Campus RCT, il ne cache pas que le RCT est doté d’un excellente centre d’entrainement. Extrait:

« J’ai eu la chance d’avoir un très bon centre d’entraînement à Clermont à l’époque. Il y avait de très belles structures récentes aussi avec de la qualité. Ici, c’est encore un ton au-dessus. Il y a vraiment de quoi travailler et partager. Il y a une unité de lieu intéressante avec l’administratif, le sportif, le centre de formation. C’est forcément le reflet et le symbole d’un club, l’unité autour du club. L’outil s’y prête. Maintenant, c’est le fonctionnement à l’intérieur qui est important et les actes également. Ce sont ces choses là qui donnent du sens à cet outils. Mais les structures sont magnifiques, oui. »

Pour conclure, Franck Azéma a évoqué son avenir. Il convient que si les résultats étaient bons, il pourrait rester à Toulon au-delà de 2023. Mais pour l’heure, ce n’est pas d’actualité. Extrait:

« Si ça se passe bien, on me proposera de continuer, si ça ne se passe pas bien, c’est comme ça. C’est le rôle d’un entraineur. Ce qui est important, c’est qu’un club est un gros navire. Il doit garder un cap et ça ne peut pas changer de cap tous les deux jours. Il faut garder cela. Il faudra être réactif sur ce que l’on va entreprendre. Pour alimenter cette compétition, il faut que le centre de formation continue d’avancer et fournisse des joueurs issus de la région, des clubs autour et qu’ils aient envie de mouiller le maillot et de se battre pour cette équipe. Il suffit de continuer sur ce qui a été fait et essayer d’amener deux ou trois choses que l’on va aller un peu plus loin pour améliorer le rendement. »

« Contre Toulon, j’ai plus de mauvais souvenirs que de bons souvenirs. Mais cela veut dire que l’on s’est retrouvé à des moments importants d’une saison. Je me suis souvent retrouvé face à Toulon dans les phases finales face à de très bons coaches, de très bons joueurs et à des supporters qui animaient aussi les gradins. Je ne peux pas dire que j’en garde de mauvais souvenirs. Sportivement, il y a des choses que j’ai en tête comme la Coupe d’Europe mais aussi des bons souvenirs. C’est ce mélange. Cela veut dire que Toulon et Clermont ont souvent été en phase finale. La frontière entre la victoire et la défaite est infime. Donc c’est tout ce que je retiens. Toulon a toujours été un adversaire redoutable. »