Le manager du Rugby Club Toulonnais, Patrice Collazo s’est confié en conférence de presse ce jeudi midi pour évoquer le match à venir contre Bordeaux-Bègles, programmé ce samedi après-midi au Stade Mayol à l’occasion de la 25ème journée du Top 14.

Comment avez-vous mis à profit cette semaine de repos après un marathon de trois matches ?

On l’a mise à profit de manière simple : on a donné le début de la semaine aux joueurs afin qu’ils puissent récupérer de ces trois matches en huit jours et on a repris en fin de semaine. La reprise en fin de semaine nous a permis d’arriver déjà lundi focus sur l’objectif de ce week-end qui est le match contre Bordeaux.

La frustration de Clermont est-elle évacuée ou doit-elle servir de source de motivation supplémentaire pour le sprint final ?

La frustration et la déception de tout le monde ont été grandes car on avait engagé beaucoup de choses sur ce match. Maintenant, je pense que l’événement de ce week-end et les choses qu’il y a à chercher sur les deux prochains matches doivent suffire en terme de motivation. Maintenant, Clermont c’est passé. Même si on y a mis beaucoup, on a rien ramené de ce match-là ce qui est dommage étant donné la performance du groupe. Maintenant, on a toujours nos cartes en mains et c’est nous qui allons décider de notre fin de saison. Soit on décide pour nous, soit on laisse les autres décider pour nous.

Vos deux derniers matches ont été marqués par de l’indiscipline. Comment cela se travaille-t-il afin de la corriger ?

On a fait des séances vidéo en montrant les choses qui n’allaient pas. Après, on a traversé une phase où nous avons été énormément pénalisés alors que toute l’année nous avons été une équipe plutôt disciplinée. Mais en rentrant dans ces matches qui sont éliminatoires, on ne peut plus se permettre de tourner aux alentours de 10 et 15 fautes. Ce sera rédhibitoire. Le groupe en a conscience et les joueurs aussi à titre individuel. On a souvent vu que les erreurs individuelles nous mettaient en dedans en terme de discipline. Individuellement, il y a eu une remise en question de chacun, on a redéfini les rôles de chacun et on va essayer de tomber sous la barre des 8 pénalités maximum.

Votre équipe a toujours su hausser son niveau au bon moment dans les matches importants cette saison comme en Coupe d’Europe, deux fois contre le Racing ou encore contre Toulouse dernièrement. Cela vous rassure-t-il pour les deux dernières échéances très importantes ?

Je connais le potentiel de l’équipe. On est capable de se mobiliser comme on est capable de se démobiliser très vite. Ce week-end, Bordeaux a aussi des objectifs assez élevés pour cette fin de championnat. Nous aussi. Comme je l’ai dit : l’évènement doit suffire à hausser le curseur et à se mettre vraiment dans des dispositions. Même si ça reste un match de championnat, ça ressemble quand même à un seizième de finale pour nous. Il faut en prendre conscience. Chaque victoire que l’on aura nous permettra d’exister le week-end d’après. On a bien matérialisé cela aux joueurs et on leur a bien fait comprendre. Chaque victoire permettra de jouer une carte le week-end d’après.

Bordeaux va disputer son troisième match en une semaine et a déjà son billet pour la phase finale en poche. A quel genre d’équipe vous attendez-vous en face ?

Bordeaux a joué trois matches en une semaine et ils ont fait tourner leur effectif. Ils ont aussi joué contre des équipes qui étaient un peu démobilisées (Agen et Montpellier). Je pense qu’ils vont arriver à Toulon avec la meilleure équipe du moment car je crois que quand on a l’opportunité d’aller chercher une deuxième place et une demi-finale directe, connaissant l’état d’esprit des Bordelais, je pense qu’ils visent ça. Chacun vise le plus haut. On sait ce qui nous attend ce week-end et on sait sur quelles dispositions va venir Bordeaux sur l’état d’esprit et sur la continuité de leur dernier match. Ils auront la volonté de se qualifier très vite et le plus haut possible. Par contre, nous avons l’obligation de gagner pour continuer à exister dans cette compétition. Et on ne dépend que de nous.

La victoire de Montpellier en Challenge Cup ne qualifiera pas le 8ème du Top 14 pour la Champions Cup mais uniquement le 7ème. Est-ce un élément auquel vous pensez ou le discours est-il uniquement orienté sur le top 6 ?

Le discours est axé sur une qualification car nous sommes 6ème du championnat. On a été à 90% du temps dans les six premiers cette saison. Donc le discours est axé sur la qualification. C’est l’objectif de l’équipe, du club et on fera les comptes à la fin, quand le classement sera arrêté. Pour aujourd’hui, la priorité c’est le match contre Bordeaux pour se donner l’occasion de jouer un autre match à enjeu à Castres le week-end d’après.

Le retour des supporters, même s’ils ne seront que 1 000, arrive au meilleur des moments ?

Ca reste une énorme frustration pour nous et les supporters aussi. Jouer un match de cet enjeu avec uniquement 1 000 supporters, j’imagine le casse-tête déjà pour choisir les 1 000 personnes. Aujourd’hui, toute cette frustration doit générer une énergie hyper-positive autour de l’équipe et doit donner envie de pousser tout le monde pour que l’équipe aille le plus loin possible et que l’équipe puisse récupérer les supporters au fur et à mesure si on va loin.

Considérez-vous le Stade-Français comme votre principal adversaire pour une place dans le top 6 ?

Non. Notre principal adversaire, c’est nous-mêmes. C’est savoir ce que l’on va être capable de faire ce week-end, à quel niveau on va placer le curseur, à quel niveau on va mettre la volonté de continuer à avoir les cartes en main et de décider de notre fin de saison. Quand on a su se préparer et se mobiliser, on a réussi à répondre présent. Mais quand on n’a pas réussi à se mobiliser, on n’a jamais trouvé les solutions. Ce week-end, on n’a pas le choix.

Qu’est-ce que change dans la manière d’aborder un match couperet d’avoir son destin entre les mains. Cela rajoute-t-il ou enlève-t-il de la pression ?

Il faut demander cela à ceux qui n’ont pas leur destin en mains. On a des équipes qui sont derrière et qui dépendent des résultats des autres. Dans ce championnat ultra dense et ultra serré qui est extrêmement long cette saison car dans une semaine ça fera 12 mois que l’on aura repris le rugby, on a ce luxe-là. On a eu des cartouches que l’on n’a pas su utiliser pour avoir du confort, mais on n’est pas fait pour être dans le confort. On est fait pour être au pied du mur. Ce week-end, on est au pied du mur. On a une première marche à gravir. Le groupe en a conscience et a envie de faire quelque chose en cette fin de saison.

En raison des blessures et des aléas de la saison, vous n’avez pas souvent pu aligner la même équipe. Avez-vous des certitudes pour ces deux derniers matches ?

Il y aura encore des blessés. Des joueurs cadres ne seront pas là. Mais ça fait partie du lot d’une saison même si on n’a pas été épargné comme d’autres équipes. On a aujourd’hui des joueurs clés qui vont nous manquer. Mais je crois surtout à la notion de groupe avant la notion individuelle. Quand on est entraineur, on aime avoir tout son effectif et ses meilleurs joueurs. Mais on a très peu pu aligner vraiment notre équipe type. Peut-être deux ou trois fois dans la saison. Le reste du temps, on a composé mais ça fait partie de cette saison. On en tirera les enseignements à la fin pour la future saison. Je sens le groupe mobilisé malgré les absences et malgré des joueurs cadres qui ne seront pas là. Je sens une envie d’appétit pour cette fin de saison et pour se qualifier dans les six. »

Pouvez-vous nous parler du rôle de Baptiste Serin. Comment vous appuyez-vous sur lui ?

On a gardé le même fonctionnement avec Baptiste. C’était déjà un leader du groupe et un joueur cadre de l’équipe. Maintenant il est capitaine, il doit rassembler autour de lui. Mais déjà son rôle de numéro 9 faisait qu’il avait besoin d’avoir l’adhésion des joueurs. Donc ça n’a rien changé dans son rôle. Il sait prendre des responsabilités, il sait parler au groupe et je pense que tout le monde le suit. J’en suis sûr, tout le monde est à fond derrière lui. »