Les nombreuses anecdotes de Mourad Boudjellal sur ses années passées au RC Toulon
Les nombreuses anecdotes de Mourad Boudjellal sur ses années passées au RC Toulon
Le vendredi 19 mars 2021 à 1:11 par David Demri
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Invité sur BeIn Sports ce jeudi après-midi, l’ancien président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal est longuement revenu sur ses années passées au sein du RCT.
Il a notamment raconté de nombreuses anecdotes sur divers sujets.
Tout d’abord, Mourad Boudjellal a souhaité rendre hommage à Sonny Bill Williams qui a décidé de mettre un terme à sa carrière de rugbyman. Extrait:
« C’était un joueur du futur et c’est ma grande fierté car c’est le seul joueur All-Black qui a été formé à Toulon. Ce n’est pas demain la veille que ça se reproduira. Il venait du rugby à XIII et je l’ai vu démarrer au rugby à XV sur la pelouse d’entrainement du RCT avec Tana Umaga. C’est Tana Umaga qui l’avait repéré. Il m’avait dit que c’était un extraterrestre. Je l’ai écouté, on a réussi à le faire venir et c’était un joueur hors-norme ! Il avait un physique hors-norme. Il avait 6% de masse graisseuse pour plus de 100 kilos ! C’est vrai que je ne l’ai pas contacté par texto pour sa retraite sportive car on n’a plus trop contact, mais j’aurais dû ! C’est vrai que je ne fais pas très attention à ce genre de choses. »
Il explique ensuite comment il est arrivé au RCT en 2006. Extrait:
« Quand vous êtes à Toulon vous connaissez forcément le RCT. J’allais voir jouer le RCT quand j’étais gamin. C’est une religion à Toulon. Puis on me l’a proposé quelques années après. Mais je ne m’imaginais pas président de club, je voulais être éditeur de BD. On m’a proposé ce club et j’avais envie de faire cela pendant un an pour voir ce que j’étais capable de faire. Mais je m’étais dit qu’après une saison j’allais arrêter car j’étais programmé pour faire de l’édition de BD. Et puis je me suis rendu compte qu’il y avait des points communs entre les deux métiers : donner du bonheur aux gens. Sauf qu’en rugby on le voit car les gens sont en tribunes. C’était plus prenant. Puis je savais qu’il y avait des émotions nouvelles à vivre dans le rugby. Alors que dans l’édition j’avais déjà tout connu. »
Il a ensuite évoqué le perfectionnisme d’un certain Jonny Wilkinson. Extrait:
« Jonny Wilkinson c’était un psychorigide sur le boulot, un perfectionniste. Puis il ne vivait que le match présent et ça m’avait impressionné. Une fois, on avait gagné et je vais le voir à la réception d’après-match. Il me demande combien on est au classement. Il me demande ensuite qui on joue au prochain match. Cela voulait dire qu’il ne s’était pas encore soucié du match suivant mais qu’il était uniquement concentré sur le match présent. Sa motivation était de se dire : comment être encore plus motivé pour le match suivant que le match d’aujourd’hui ? Je ne vais pas vous raconter le nombre de fois où il s’entrainait et tout le monde l’attendait dans le bus. Quand on devait partir en déplacement, tout le bus attendait que Jonny réussisse sa 300ème pénalité face aux poteaux. Tout le monde s’y était fait. »
Mourad Boudjellal concède ensuite que Fabien Galthié avait accepté de renoncer à l’une de ses primes lorsqu’il entrainait le RCT. Il explique la situation. Extrait:
« Fabien Galthié a accepté de renoncer à ses primes pour que l’on puisse recruter un joueur. C’est exceptionnel ce qu’il a fait et je le reconnais. On était un peu emmerdé : on avait signé Semi Radradra mais on n’était pas sûr que c’était le Radradra d’aujourd’hui. En plus, il avait un problème de justice et on ne savait pas ce qui allait se passer. Finalement, il a été totalement innocenté. En même temps on avait recruté Malakai Fekitoa. J’ai donc décidé de signer Fekitoa car je pensais que Radradra n’allait pas venir. Mais finalement il est venu. Fabien Galthié a alors accepté d’abandonner l’une de ses primes. C’est le seul qui a fait cela. Bernard Laporte avait aussi accepté de baisser son salaire pour recruter des joueurs. J’avais refusé. »
Il revient ensuite sur l’échec de Fabien Galthié à Toulon. Extrait:
« J’avais fait à Fabien Galthié la plus belle équipe que l’on puisse faire à un entraineur. Pierre Mignoni était jaloux car on avait une meilleure équipe que celle qui avait fait le doublé. On avait une ligne de trois-quarts à faire rêver, même devant avec des Vermeulen, des Lobbe, des Attwood… et ça n’a pas fonctionné. Il y a différentes raisons à cela dont certaines privées que l’on ne va pas dévoiler. Mais on n’a pas eu Fabien Galthié dans les meilleures conditions. Puis il n’était pas totalement guéri de ses années à Montpellier. Il avait énormément pris sur lui par rapport à ses conflits avec Mohed Altrad. Mais là, ça a l’air d’aller mieux quand même. »
Le meilleur entraîneur qu’il ait connu ? Bernard Laporte. Extrait:
« Bernard Laporte a du charisme. S’il vous fait un discours dans le vestiaire, même vous vous allez avoir envie de jouer. Il a ce côté chef de guerre. Dans un vestiaire il est exceptionnel. C’est un grand technicien aussi. Nous le soir on se refait un film ou une série, et lui se refait les matches. »
Il se remémore de son premier titre majeur gagné avec le RCT la Coupe d’Europe en 2013. Extrait:
« Je rêvais de gagner un titre et le premier que j’ai gagné, je l’ai vécu dans un taxi. Donc aujourd’hui je regrette d’avoir pris un taxi lors de la première finale. J’avais beaucoup de mal de regarder les matches. En tribune c’était impossible. Il m’arrivait de faire des tours de maison, j’ai vécu des matches de différentes manières mais c’était assez rarement sur place car c’est une douleur que je ne supporte pas. »
Il l’affirme : avec Bernard Laporte, il avait pris la décision de tout jouer à fond. Il raconte d’ailleurs les 52 secondes les plus folles de son aventure au RCT. Extrait:
« On a gagné 4 titres mais le plus dur a été de faire autant de finales en 6 ans car vous jouez toutes les compétitions et vous vous retrouver à jouer contre une équipe qui fait qu’une finale. C’était compliqué mais on avait fait le choix de tout jouer à fond. On aurait pu être davantage champions de France mais on voulait aussi gagner la Coupe d’Europe. Les 14 années de rugby ont duré 52 secondes. Quand vous menez de 8 points face à Castres, que vous êtes déjà champion de France et que l’on arrive à la 79ème minute de jeu, qu’il y a une touche et que vous savez qu’en 52 secondes il est impossible de marquer deux fois, là, vous vous dites que vous l’avez fait. Ces 52 secondes sont très sympa à vivre car vous n’avez plus aucune pression. Vous avez comme un message divin car faire le doublé c’est juste improbable. Au départ de l’histoire, vous vous demandez si vous allez gagner une fois, et là vous faite le doublé chose que personne n’a fait ! »
Mourad Boudjellal regrette seulement de ne pas avoir pu partager un dernier moment avec les supporters avant de quitter le club. Extrait:
« Ce que j’ai fait à Toulon, je ne l’ai pas fait tout seul. Je l’ai fait avec l’économie d’une ville, avec l’investissement des supporters et des partenaires. Je voulais simplement un moment où l’on puisse contempler les trophées ensemble et se dire qu’on l’a fait ensemble. Juste le plaisir de se dire que l’on a fait tout cela et bonne chance au suivant, en espérant qu’il fera aussi bien. Dans mon livre j’allume Bernard Lemaître car il avait commencé à m’allumer. Mais je suis passé à autre chose dans ma vie. Je lui souhaite juste bonne chance. Je pense que ça sera un bon président. Pour le moment il est dans la continuation de ce que j’ai fait. Il faudra qu’il fasse les choses de sa façon à lui. Et je pense que ce sera très bien. Mais si je veux retourner à Mayol, il faudra que j’achète ma place. »
Une chose est sûre : lui et le RCT, c’est totalement terminé. Extrait:
« Avec le RCT, c’est terminé. Il faut laisser vivre Bernard Lemaître et il faut qu’ils écrivent leur histoire. Il faut qu’il fasse rêver les Toulonnais. J’ai reçu beaucoup de messages lors de mon départ, notamment de certains qui m’ont dit que grâce à moi, ils ont eu envie de monter leur boîte. J’ai aussi reçu des messages de la part de certains Clermontois. Ils me disaient que j’étais le mec qu’ils avaient le plus détesté mais que j’allais énormément leur manquer. C’était sympa. »
Mourad Boudjellal ne manque pas de raconter une anecdote au sujet de Bernard Laporte et du footballeur Bafé Gomis. Extrait:
« Bafé Gomis suivait un peu le Rugby Club Toulonnais et un jour, on joue à Lyon. On est à l’hôtel au bar comme souvent avec Bernard Laporte et Bafé Gomis vient nous voir. Bernard Laporte le voit et ne le reconnaît pas. Et il dit : « qui est-ce qui a commandé une pizza ? » Il pensait que c’était un livreur de pizzas alors qu’il avait une tenue qui avait dû lui coûter un bras. Mais pour Bernard, c’était un livreur de pizzas. »
Ses regrets ? Ne pas avoir davantage échangé avec Guilhem Guirado et Tana Umaga. Extrait:
« J’aurais aimé avoir davantage de contacts avec Guilhem Guirado car c’est un garçon vraiment intéressant. C’est un mec authentique. Peut-être Tana Umaga aussi car c’est quelqu’un de particulier. Mais au sport, vous êtes dans le CDD, vous signez un joueur pour un an ou deux. C’était donc compliqué d’avoir autant de relations dans le sport que dans l’édition. »
Il ne le cache pas : Mathieu Bastareaud a dû payer pour quitter le club avant la fin de son contrat. Extrait:
« Mathieu Bastareaud ? C’était le chouchou ! Mais derrière il y avait un club qui avait les moyens et il a dû payer pour partir. Mais je pense que j’en aurais fait moins pour un autre joueur. »
Pour conclure, Mourad Boudjellal affirme qu’il ne reviendra jamais dans le monde du rugby. Extrait:
« Jamais je ne reviendrai dans le milieu du rugby. Ce serait en tout cas très surprenant. Mais à priori non, sincèrement non. Ou alors aider le club de mon quartier pour m’amuser, mais sinon non. J’ai fait ce que j’avais à faire dans le monde du rugby. »
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Quelles années quand même !
Qu’on aime ou pas le personnage, ça reste exceptionnel ce qu’il a fait avec Laporte.
Des émotions qu’on est pas près de revivre avec notre future effectif à 5 2eme ligne, 6 3emr ligne, 2 ouvreurs, 3 centre pour jouer les 2 tableaux c’est compliqué.
La situation avec l’arrivée des milliardaires dans le rugby n’est plus la même. Désormais quand tu cherches à recruter un grand joueur tu as de suite 3 ou 4 clubs qui surenchérissent.
Finalement ce que confirme Mourad c’est qu’il n’y a qu’un entraineur qui a réussi avec lui comme Président c’est Laporte. Je pense que c’est a cause de l’autorité de Bernie et Mourad n’a jamais pu se mêler du domaine sportif avec lui comme il a fait avec les autres .
Il est resté à sa place et c’est le secret de la réussite.
Bien dit tout ça et merci
Un grand Merci Mourad .