Le début du regroupement des Bleus a eu lieu le 24 janvier à Nice. Une choix étonnant puisque la région PACA est la région la plus touchée par le Coronavirus.

Pendant 10 jours, les joueurs logent dans un hôtel privatisé et s’entraînent sur des terrains à 10 minutes de bus. A deux reprises, ils s’offrent une sortie : la première au CHU de Nice pour rencontrer le personnel soignant. Puis en mer sur l’Île de Sainte-Marguerite pour une journée de repos. Autre déplacement qui pose question : la semaine dernière, les joueurs ont été autorisés à rentrer chez eux pour 4 jours alors que Fabien Galthié est positif au Covid.

Au cours des quatre dernières semaines, France 2 estime à une cinquantaine le nombre de joueurs hors groupe initial des 31, à être entrés en contact avec le XV de France. Des changements en raison des blessures et du Covid, mais aussi avec l’équipe de France à 7 partenaire d’entrainement lors des trois premières semaines, ou encore les moins de 20 ans invités à compenser les absences mercredi dernier.

Mercredi 17 février, Fabien Galthié est déclaré positif, deux jours plus tard c’est au tour d’Antoine Dupont. Au bout d’une semaine, on compte 17 contaminés. Habituellement, un cas contact doit s’isoler 7 jours. Les joueurs sont de retour à Marcoussis 6 jours plus tard et ont pour consigne de se confiner 24h00. Après deux jours sans nouveau cas positif, reprise de l’entrainement collectif. La Fédération annonce un risque de contamination nul. Mais jeudi, un joueur est testé positif.

Le retour des joueurs à Marcoussis est programmé dimanche prochain. D’ici là, la Fédération va-t-elle prendre de nouvelles mesures pour renforcer le protocole sanitaire ? Elle doit rendre les conclusions de l’enquête interne au plus tard mercredi.

Invité sur le plateau de Stade 2 ce dimanche soir, le président de la Fédération Française de Rugby, Bernard Laporte a répondu à toutes les questions qui lui ont été posées.

Dans un premier temps, ce-dernier a démenti être sous pression comme certains veulent le faire croire. Il explique simplement vouloir connaître la vérité et savoir qui a fauté. Extrait:

« Je ne suis pas sous pression. Je veux simplement savoir la vérité. C’est pour cela que j’ai demandé un rapport avant que la ministre nous le demande. C’est le secrétaire général de la Fédération qui va mener ce rapport avec les gens concernés et également les gens de la Commission médicale. Je veux savoir comment ce virus est rentré à l’intérieur du groupe France. Pour le moment, on me dit qu’à 99% on connaît la raison. Mais je veux qu’ils me l’écrivent et on enverra le rapport à notre ministre. On l’enverra mardi. »

Questionné sur les joueurs du groupe France ayant mangé des gaufres dans des rues bondées à Rome, Bernard Laporte affirme que ces-derniers ont été retestés lors de leur retour au sein du groupe. Extrait:

« Les joueurs qui ont mangé des gaufres ont été retestés en rentrant, bien sûr. Je ne suis pas médecin et il y a une Commission médicale hyper compétente. Il y a des gens en place en qui j’ai une totale confiance. Tout ce qui a été décidé, ce sont des décisions que nous avons pris en relation avec eux. Il n’y a jamais eu des choses sur lesquelles on peut dire « on n’était pas au courant de cela ». Cette Commission se réunit tous les jours et tous les jours on sait ce que l’on peut et ce que l’on ne peut pas faire. Après, le risque zéro n’existe pas. C’est une évidence. Quand un joueur revient, qu’il est testé négatif, derrière il y a toujours ce délais d’incubation. Si on voulait aucun risque, il faut faire comme le tennis : on isole les joueurs pendant 14 jours. Il faudrait que les joueurs ne bougent pas pendant 6 semaines. »

Lorsque les journalistes remettent en question l’utilité de cette bulle sanitaire, Bernard Laporte estime que personne n’a véritablement saisi la notion de bulle. Il l’affirme : la bulle n’empêche pas les joueurs de sortir de Marcoussis. Extrait:

« Je crois que la notion de bulle n’est pas bien saisie. Il y a un protocole et j’attends maintenant le rapport pour qu’on me dise si des gens ont fauté. C’est aussi simple que cela. Si on n’a pas le droit d’aller manger une gaufre ou d’aller faire un footing dans un bois… Et je ne vois pas comment on peut être contaminé en allant faire un footing dans un bois. La notion de bulle, ce n’est pas de rester enfermé à Marcoussis. Ce n’est pas cela le protocole. C’est une bulle, mais elle n’est pas infaillible. Je vois d’ailleurs qu’il y a des matches qui sont reportés tous les week-ends. Donc ça existe de partout. Ce n’est pas qu’avec l’équipe de France. J’ai vu que les Anglais et les Gallois ont aussi été autorisés à repartir dans leur famille. On sait que les joueurs peuvent revenir et être contaminés en voyant leur famille. »

Il précise d’ailleurs que le protocole que doit respecter le groupe France est le même pour les autres nations de la compétition. Extrait:

« Le protocole que nous avons, c’est le même que celle des autres nations. Pour le moment, les autres nations n’ont pas de cas. Effectivement, pour le moment il n’y a que la France qui est touchée. On le sait. C’est un protocole imposé par les 6 Nations et on doit le respecter. Je veux savoir si tout le monde l’a respecté à travers ce report. J’ai confiance en mon équipe. D’ailleurs, l’infectiologue Monsieur Caumes n’est pas un membre de la Fédération. Il est rentré juste pour gérer cette problématique-là. Monsieur Caumes ne va pas s’amuser à mentir. »

Questionné sur la réaction de la Ministre des Sports Roxana Maracineanu qui a menacé le rugby Français de lui retirer ses autorisations si des fautes ont été commises, Bernard Laporte la comprend parfaitement. Extrait:

« La Ministre des Sports est dans ses droits. J’ai occupé son poste donc je sais de quoi je parle. Elle a raison de dire qu’il faut prendre des sanctions si des gens ont triché. On ne va pas applaudir des gens qui n’ont pas respecté le protocole. Les premiers punis, ce sont les joueurs et le staff. On n’a contaminé personne. J’ai imposé que les joueurs repartent chacun dans un taxi particulier et c’est de l’argent pour la Fédération. Mais je ne voulais pas qu’ils prennent les transports en commun. On ne peut pas mettre les joueurs dans des avions alors qu’il y a un cluster au sein du groupe France. Donc j’ai voulu que les joueurs repartent chacun dans un taxi particulier. Encore une fois, ce sont eux les premiers punis. Ils ne jouent pas, ils ne transmettent pas d’émotion à nos fans. Je trouve que l’on va loin. La Ministre a raison de dire qu’il faut sanctionner les gens qui n’ont pas respecté le protocole. Quand vous rentrez manger chez votre famille, si vous 7 ou 8 autour de la table, vous vous exposez et ce n’est pas autorisé par le protocole. C’est une évidence. Moi, je ne suis pas médecin et j’attends d’avoir le rapport. »

Questionné au sujet de la sortie de Fabien Galthié qui est allé à Jean-Bouin voir son fils jouer avec les Espoirs de Colomiers contre le Stade-Français Paris le dimanche 7 février dernier, Bernard Laporte défend son sélectionneur. Extrait:

« Pour moi, Fabien Galthié a le droit d’aller voir son fils jouer à Jean-Bouin à partir du moment où il est masqué. On m’a dit qu’il avait regardé le match à côté de Thomas Lombard, le directeur général du Stade-Français Paris qui est testé tous les trois jours et qui devait porter le masque. Je ne vois pas où il y aurait un problème. Mais je ne suis pas médecin et c’est le rapport qui me dira si c’était autorisé ou pas. J’attend que l’on me donne le rapport. Ce qui m’intéresse surtout, ce n’est pas de dire que c’est la faute d’untel ou d’untel. Mais c’est de savoir comment on peut progresser et comment on peut améliorer ce protocole. »

Des décisions vont d’ailleurs être prises puisque lors des prochains rassemblements du groupe France, seulement 31 joueurs pourront participer aux séances d’entrainement et non plus 42 comme c’était le cas jusqu’à présent avec l’aide de l’équipe de France à 7 ou de l’équipe de France U20 par exemple. Extrait:

« Roger Salamon nous a dit qu’il valait mieux nous cantonner à 31 joueurs pour le moment. Et cela me semble être une bonne chose, c’est logique. Nous, on appliquera ce que la Commission médicale nous dira de faire. J’ai une grande confiance en Roger Salamon et Eric Caumes. Ils sont au summum en France. On ne peut pas les mettre en doute. Donc s’il faut réduire le nombre de joueurs, on le fera. On s’entrainera à 31 et pas 42. »

Bernard Laporte défend également le Covid Manager du XV de France : Serge Simon. Extrait:

« Non, Serge Simon n’est pas en échec. On vit à l’intérieur de ce XV de France et un cluster est rentré, c’est une évidence. C’est une certitude et le risque zéro n’existe pas. Serge Simon applique le protocole qu’on lui dit d’appliquer. En plus il est médecin donc il est mieux placé que moi pour en parler. Il applique ce qu’on lui dit de faire. Si des gens n’ont pas respecté le protocole, alors ce seront mes prérogatives en tant que président de prendre des mesures et de sanctionner. »

Une chose est sûre : Fabien Galthié n’est pas menacé. Bernard Laporte ne veut en aucun cas prendre pour argent comptant les rumeurs qui circulent autour du sélectionneur Français. Extrait:

« Pourquoi je ne soutiendrai pas Fabien Galthié ? Je vais accepter la rumeur et je vais prendre pour argent comptant la rumeur en disant qu’il a fauté ? Mais ça veut dire quoi ça ? Je ne suis pas procureur ! Et ce n’est pas parce que j’aime bien Fabien. Il sait très bien que je ne ferais de cadeau à personne. Mais oui, je le soutiens car j’ai appris aujourd’hui que nous étions la 3ème nation mondiale alors que l’on était 9ème quand je suis arrivé. Cela fait plaisir car ça faisait 10 ans que l’on n’avait plus été à ce niveau. Je le soutiens car sportivement ça marche bien. Effectivement ce cluster est arrivé. Le risque zéro n’existe pas. Aujourd’hui il est en équipe de France et je ne le souhaite à personne mais on apprendra un jour qu’il contaminera une autre équipe. »

Il précise également que le staff du XV de France soutient Fabien Galthié durant ces moments compliqués. Aussi, il n’a senti aucune méfiance du côté des joueurs. Extrait:

« Au sein de l’équipe, je ne sais pas s’il y a de la méfiance car je ne vis pas avec eux. J’y suis très peu avec eux. Mais j’ai parlé aux joueurs vendredi matin avant qu’ils repartent. J’ai beaucoup plus parlé avec les gens du staff. Sincèrement, au niveau du staff il y a énormément de solidarité autour de Fabien Galthié. J’ai dit bravo c’est bien car dans ces moments-là, c’est dur et il faut que les gens soient costauds. Ils soutiennent Fabien Galthié et je n’ai pas vu de doutes au niveau des joueurs. Je ne vis pas avec eux et je parlerai aux joueurs quand ils reviendront. On avait rectifié le tir sportivement. Maintenant, il faut que ça redémarre comme c’était il y a 15 jours avec le même état d’esprit et la même envie de devenir la meilleure équipe du monde car dans 2 ans et demi  on a quand même une Coupe du monde en France. »

Vendredi, Bernard Laporte a menacé certains membres de la Fédération Française de Rugby de licenciement, indiquant qu’il ne souhaitait absolument pas que des rumeurs soient colportées.

Dans Stade 2, Bernard Laporte a confirmé qu’il refuserait que des rumeurs soient colportées par des membres de la Fédération. Il réclame de la solidarité. Il rajoute cependant qu’il n’empêche personne de parler. Extrait:

« J’ai dit que je ne voulais pas que l’on colporte des rumeurs. C’est tout. Je n’ai pas interdit les gens de parler. J’ai dit que certains colportaient des rumeurs car vous avez lu cela quelque part. Non, il ne faut pas colporter des rumeurs. Des menaces ? Des menaces de quoi ? J’ai dit que le jour où des gens colporteraient des rumeurs et si en plus elles sont fausses, alors ce sera mon domaine à moi de dire que s’il n’y a pas de solidarité, tu n’as rien à faire avec nous. C’est ce que j’ai dit. Chacun a le droit de parler. Mais colporter des rumeurs quand on ne sait pas, ce serait manquer de solidarité. Donc j’ai dit à tout le monde que la solidarité est importante et je ferais en sorte qu’elle existe. »

Ce dimanche, la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu a remis un petit coup de pression à la Fédération Française de Rugby lors d’un entretien accordé à RTL. Selon elle, la Fédération devra sanctionner la personne qui a fauté.

Elle prend pour exemple l’ailier Gallois Josh Adams qui a percé la bulle sanitaire et qui a écopé de deux matches de suspension. Extrait:

« J’ai vu qu’un autre joueur aurait rompu la bulle à l’étranger (Pays-de-Galles) et il avait été suspendu pour deux matches. Ce n’est pas à moi de dire quelle sanction, mais encore une fois, il est légitime que la Fédération se positionne. »