Le plus gros regret de Mourad Boudjellal au RCT : « Il y a des mecs avec qui j’aurais dû passer plus de temps »
Le plus gros regret de Mourad Boudjellal au RCT : « Il y a des mecs avec qui j’aurais dû passer plus de temps »
Le jeudi 3 décembre 2020 à 23:24 par David Demri
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Lors d’un entretien accordé à Le Figaro et à Rugbyrama, l’ancien président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal a évoqué l’un de ses plus gros regrets à la tête du XV de la Rade;
Il explique ne pas avoir pu entretenir de très bonnes relations avec ses joueurs.
Mourad Boudjellal se mettait des barrières pour rester dans la culture de l’exigence. Pour cela, il ne souhaitait jamais trop se rapprocher d’un joueur.
Il regrette par exemple de ne pas avoir passé plus de temps avec Matt Giteau, Drew Mitchell ou encore Jonny Wilkinson. Extrait:
« J’étais dans la culture du CCD. Quand tu fais signer un joueur, tu te demandes déjà si tu vas le prolonger ou s’il va partir. Les relations sont faussées. J’étais dans la culture de l’exigence. Je ne me sentais de me rapprocher d’un mec qui pouvait me décevoir et que je devrais virer. J’avais donc décidé d’avoir un rapport très autoritaire avec les joueurs. Et puis, pour être tout à fait sincère, quand vous avez des joueurs pareils, c’est compliqué d’avoir une légitimité par rapport à eux. C’est presque vous l’intrus. Je me suis souvent senti comme un usurpateur au milieu d’eux. Mais je le regrette. Il y a des mecs avec qui j’aurais dû passer plus de temps : Matt Giteau, Drew Mitchell, Jonny Wilkinson. J’ai passé un peu de temps quand même avec Guilhem Guirado, qui est brillant et qui, j’en suis convaincu, aura une grande carrière d’entraîneur, ou Mathieu Bastareaud. »
Il précise néanmoins s’être un peu plus lâché sur cet aspect lors de sa dernière année à la tête du RCT, lorsqu’il savait que Bernard Lemaître allait prendre le relais. Extrait:
« J’ai un peu rattrapé ça sur la fin parce que, quand Lemaitre était là, je m’en foutais un peu donc je passais mon temps avec les joueurs. Mais c’est la culture du CDD, ça. A peine avez-vous signé un joueur, les rapports sont faussés. La question qui se pose, c’est déjà « Est-ce que je vais le resigner ou pas ? Est-ce qu’il va rester ou partir ? » Je ne vis pas dans le présent, toujours dans le futur. Ajoutez les agents au milieu de tout ça et c’est vrai que je n’ai pas eu les mêmes rapports avec les joueurs que ce que j’ai pu avoir avec les auteurs dans l’édition. »
Pour lui, le RCT n’était qu’un aéroport où les joueurs se croisaient. Extrait:
« Ma philosophie était très simple. Je disais toujours à mes joueurs « Nous sommes un aéroport ». Dans un aéroport, des gens se croisent, attendent chacun un avion pour les quatre coins de la planète. Pour moi, on est plus proches de quelqu’un qui vit à 10000 kilomètres et dont on partage les joies et les peines, que d’un voisin avec qui on ne partage rien. Le RCT, c’était un aéroport, et notre nationalité, c’étaient nos joies et nos peines communes. J’ai construit un club mondialiste. Je suis un mondialiste convaincu. Ce qui unit les gens, c’est un passé commun. Aujourd’hui, tous ces joueurs en ont un. Leur histoire, c’est non seulement ces titres qu’ils ont su gagner ensemble, mais ma plus grande fierté, leur véritable lien, c’est que sur les passeports de leurs enfants, il est marqué « Né à Toulon ». Je trouve ça extraordinaire. »
Il tempère néanmoins et indique avoir passé de très bons moments avec ses joueurs, mais ne les avoir jamais invité chez lui. Extrait:
« Ça ne veut pas dire non plus que j’étais le Père Fouettard ! J’ai passé des moments agréables, on a fait des bringues. Mon bureau leur était ouvert, toujours. Pas ma maison. Le président, ça doit rester à part. Ce n’est surtout pas un copain. Mais il y avait une forme de respect réciproque. »
Mourad Boudjellal conclut en affirmant que c’est en fréquentant Gonzalo Quesada, le premier joueur qu’il a recruté au RCT, qu’il a pris la décision de prendre de la distance avec ses joueurs. Extrait:
« Je ne fonctionnais pas comme ça au départ. Le premier que j’ai signé, c’était Gonzalo Quesada. J’allais bouffer avec lui tous les soirs. J’avais le même rapport qu’avec un auteur. Puis j’ai compris que ce n’était pas la bonne méthode. Inviter un mec à bouffer chez vous et lui dire le lendemain qu’il est nul, ou que vous ne le gardez pas, c’est compliqué. C’est dur. Donc je me suis mis des protections. »
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ça fait longtemps que je dis que Boudjellal avait transformé le RCT en « hall d’aéroport », tellement il y avait de transferts et de joueurs étrangers. J’étais loin de m’imaginer quand j’écrivais ça que c’était justement ce qu’il disait aux joueurs, « nous sommes un aéroport ».