En cette période de crise sanitaire, les matches de Top 14 se jouent dans des stades totalement vides.

Si jouer à huis clos est forcément moins agréable pour les joueurs, c’est aussi un gros changement pour la télévision et notamment pour les réalisateurs qui doivent s’adapter pour combler le vide et montrer le moins possible l’absence de supporters dans les tribunes.

Interrogé dans les colonnes du Midi Olympique de ce lundi,  Antoine Zaro Goni, assistant réalisateur sur Canal + a indiqué tout ce qui changeait d’un point de vue réalisation, avec les matches à huis clos.

La première des différences se constate au niveau du son. En l’absence de supporters, on entend tout ce qui se dit sur la pelouse et sur le bord du terrain.

Aussi, des restrictions sanitaires sont à respecter lors des interviews. Extrait:

« Première chose, il y a une différence au niveau du son. On « perche » les coachs de moins près, on ne peut plus les approcher comme d’habitude. Et on a aussi remarqué que les bancs se refrènent. Ils parlent moins, car tout s’entend. Je l’ai ressenti avec Christophe Urios par exemple. »

Ce n’est pas tout. Les caméramans de Canal + n’ont plus le droit d’entrer dans les vestiaires. Alors des caméras fixes sont positionnées dans les vestiaires pour avoir tout de même des images. Extrait:

« La LNR a donné un cahier des charges très précis. Canal + va plus loin. On ne fait plus entrer de caméras dans les couloirs et dans les vestiaires. A priori, l’offre est plus pauvre, mais on a trouvé d’autres moyens. On utilise donc des caméras « Remote », c’est-à-dire commandées à distance. Elles sont plus petites, on les fixe au plafond. On a aussi reconverti une caméra appelée la « Beauty » car elle est destinée d’habitude à faire des plans très larges du stade et nous évitons d’en faire. Mais nous n’avons reçu aucune consigne sur la façon de filmer les actions, plus ou moins resserrées. »

Du côté de France Télévisions, le réalisateur Fred Godard explique tout mettre en œuvre pour que les tribunes vides soient le moins vues possible par les téléspectateurs. Extrait:

« J’ai placé des caméras un peu plus hautes, en piqué, ne garder que le carré vert. Pour les gros plans, j’utilise certaines profondeurs, de gros rapports pour les gros plans quand on va dans le détail d’un visage, l’arrière-plan est flou, et on ne perçoit plus le vide. »

Concernant l’audio, il n’aime pas trafiquer le son. Mais il a tout de même décidé d’utiliser une bande-son pour combler quelque peu le vide. Extrait:

« Je ne supporte pas l’idée de tronquer le son et de travestir la réalité. Mais on peut travailler le son. J’ai fait fabriquer une bande-son spéciale, neutre, je la mets à faible intensité et je la mixe avec le commentaire des journalistes et de temps en temps avec le son de l’arbitre. Cette nappe sert à compenser le vide, c’est une histoire de résonance, un travail assez minutieux. »

Pour conclure, Fred Godard indique qu’il est désormais très facile de capter les paroles des entraîneurs et des joueurs lors du match. Mais il ne souhaite pas que tout soit entendu par les téléspectateurs. Extrait:

« D’habitude, on a du mal à capter les bruits et les paroles du jeu. Mais en ce moment, on peut capter ce qui se dit sur le terrain et dans le staff. Mais je ne veux pas répercuter tout ce qui se dit, c’est un choix. Je n’ai pas envie de piéger les gens. Je suis là pour protéger le jeu et les joueurs et je suis là pour montrer ce qu’il y a de beau. »