Thierry Louvet : « Notre passion était de destroncher l’adversaire »

Thierry Louvet : « Notre passion était de destroncher l’adversaire »

Le lundi 22 juin 2020 à 18:53 par David Demri

23 Commentaires

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Pour Gueules de Rugby, l’ancien troisième ligne du Rugby Club Toulonnais, Thierry Louvet s’est confié sur sa carrière de rugbyman.

Ce-dernier explique qu’il ne badait aucun joueur de rugby, si ce n’est ses coéquipiers. Extrait:

« Je bade tous les miens, c’est-à-dire ceux avec qui j’ai joué à Toulon. Les autres, je ne les bade pas, non. Je n’ai jamais badé personne. J’ai trouvé des grands joueurs, des mecs adorables, des mecs vraiment supers. Mais je n’ai jamais badé personne à part les miens. »

Concernant ses plus grands ennemis, ce sont tous les joueurs qui ne portaient pas le maillot du RCT. Extrait:

« Mes plus grands ennemis étaient tous ceux qui n’avaient pas la couleur de mon maillot. »

Thierry Louvet raconte ensuite ses moments passés à Mayol, des moments extraordinaires. Extrait:

« J’ai passé des moments extraordinaires à Mayol. C’est par moment difficile à expliquer car on ressent cela tellement de l’intérieur que les mots sont trop simples pour que je puisse expliquer ce que ce lieu-là veut dire pour moi comme pour beaucoup d’autres. J’ai l’impression que les miens sont à côté, en train de se préparer. Il y a les odeurs qui reviennent, il y a les coutumes des uns et des autres, les petits trucs. On se préparait d’abord individuellement mais on avait tous des petits rituels et après il y avait la préparation collective. »

Il confirme qu’à Toulon, on aimait se battre contre le diable. Extrait:

« A Toulon mais aussi un peu de partout, on jouait d’une manière où il fallait se préparer pour affronter un peu le diable. On avait envie qu’en face il y ait des diables donc on faisait en sorte de les affronter. Chez nous, c’était exacerbé car on aime cela, on est une terre où on est un peu des sauvages. On a toujours aimé avoir cette sensation de dire qu’on va rentrer sur le terrain pour se battre contre la terre entière. Ça a toujours été un peu comme cela. »

Il précise que les adversaires se faisaient souvent destroncher à Mayol. Extrait:

« Venir à Mayol, se battre et se faire destroncher, c’est ce qu’il se passait souvent. En même temps, le rugby était aussi un peu comme cela. Notre passion était de destroncher l’adversaire. C’était quelque chose que l’on avait en nous. Mais on avait aussi envie de jouer au rugby. On avait quand même fait autre chose que de se battre contre l’adversaire. C’est vrai que ça passait aussi par une petite phase d’engagement un peu complet. »

Thierry Louvet indique n’avoir jamais bu un verre avec un adversaire à l’issue d’un match. Ce n’était pas sa manière de faire. Extrait:

« Entre troisième ligne, on se frictionnait. Il y avait de grands joueurs. On a eu des équipes qui avaient des joueurs de talent et vraiment très bon. J’étais beaucoup moins bon qu’eux donc j’essayais de faire différemment pour avoir ma place et me confronter à eux. Quand on dit qu’il y a une transmission à Toulon, c’est aussi un état d’esprit et une manière d’être et une manière de faire. J’ai passé 20 ans sur les terrains à me battre contre tous les joueurs et je n’ai jamais bu un coup après un match, jamais de ma vie. Car je n’avais pas du tout l’envie. C’était mon adversaire. C’était quelque chose de récurrent chez nous. Les anciens nous ont transmis cela, même sans parole. Ce sont des visions. C’est voir arriver les anciens et une fois le match terminé, on ne calcule pas les autres et on part entre nous. Même quand on était junior, on était comme cela, on reproduisait ce que faisaient les anciens. C’est une caractéristique de Toulon car les autres clubs ne le faisaient pas. Même à l’extérieur, on allait boire une bière mais jamais avec les autres. On était un peu des animaux. »

Concernant ses hauts et ses bas avec Toulon, Thierry Louvet répond très simplement. Extrait:

« Les hauts avec l’équipe de Toulon, c’est lorsque j’ai commencé à jouer et les bas c’est lorsque j’ai arrêté. Je pense qu’en fin de compte, c’est ça. Ce n’est même pas une question de finale perdue ou de match perdu. C’est le début de jouer à Toulon et la fin de jouer à Toulon. C’est vraiment cela. Tout le reste, ça fait partie de ce que j’ai fait avec Toulon. C’est comme un livre. Le beau du livre c’est quand tu le débutes, et tu es triste quand tu termines de le lire. Tout ce qu’il y a au milieu, c’est ce qui fait partie de l’histoire. Comme tous les joueurs probablement même si certains joueurs ne le disent pas : on né à un moment et on meurt un peu à la fin de la carrière. Soit on est préparé ou alors on n’est pas préparé. Certains y arrivent, certains mettent plus de temps que d’autres. C’est effectivement une petite mort et c’est toujours difficile. »

Par ailleurs, l’ancien troisième ligne du RCT explique détester les discours expliquant que l’on apprend suite à une défaite. Extrait:

« Quand on vous dit que c’est super car vous avez un bon match mais tu as perdu, ce genre de discours, ça ne m’a jamais servi. Ce n’est pas comme cela que je réfléchis. Si je perds, j’ai du mal à trouver quelque chose de bon dans la défaite. Quand on perd des finales, on est au fond et on se demande pourquoi on l’a perdue. On se pose pleins de questions et on essaie de trouver des solutions pour éviter de perdre la prochaine finale. Mais c’est tellement long et compliqué d’y retourner, que même ce que tu as pu dire à la fin de la finale, dans l’année il se passe tellement de choses que c’est presque oublié. »

Pour conclure, Thierry Louvet explique combien la mêlée est importante à Toulon. Extrait:

« La mêlée, c’est un baromètre. Tu prends emprise sur l’équipe en face. Ça nous est arrivé de les destroncher et de perdre des matches. Il y a eu une réflexion qui s’est mise en place par rapport à cela. Si on a l’image d’un Toulon qui se bat, on allait aussi rajouter d’autres choses et on faisait d’autres choses que de se battre. Mais c’était une des premières choses qui, chez nous, devait exister. La mêlée passait devant tout le reste. A Toulon, c’est les piliers, les deuxième ligne, les troisième ligne. Ce sont nos papas. Ce sont eux qui font la maison. »

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23 Commentaires

  1. Cissou83 22 juin 2020 at 19h- Répondre

    Lui et Jeff Tordo mes idoles…

  2. Faf 22 juin 2020 at 20h- Répondre

    Et dire que ce joueur (très bon certes) possède un pavé à son nom dans l’allee Des légendes devant Mayol!! Dommage…

    • Cissou83 22 juin 2020 at 20h- Répondre

      C’est mérité non….on peut pas dire qu’il a triché pour Toulon

      • Faf 22 juin 2020 at 20h- Répondre

        Je dis pas le contraire! C’est sûr qu’il n’z Jamais triche! Chapeau!
        Mais ceci dit, niveau rugby je ne pense pas qu LOL soit au niveau des autres légendes…
        En plus, son discours ci dessus ne me le rend pas vraiment sympa vis à vis des valeurs du rugby…

        • loule 22 juin 2020 at 22h- Répondre

          Pour moi Thierry fait parti des légendes du club, on parle du club pas d’une légende au même titre que Jonny par exemple, ne mélangeons pas tout. L’indien quand il rentrait sur le pré ben c’était l’indien, le Rouge pareil, Manu idem, Eric Melville, Yvan, Jeff et tous les autres… A moins que vous ne soyez trop jeune pour vous rappeler la saveur de tout ça, ce que je ne sais pas. Et puis vous parlez des valeurs du Rugby, allez boire un coup avec ses adversaires? Il explique qu’il ne fonctionnait pas comme cela, on ne signe pas une charte de la 3eme mi temps quand on est joueur, on fait comme on le sent, surtout à cette époque non professionnelle et donc plus libre et moins consensuelle. Quand au Rugby en tant que tel, vous parlez de niveau, quel niveau? Le niveau d’un joueur ne se mesure pas juste s’il sait faire une vissée de 25 mètres où s’il marque 3 essais par match. Sa combativité, ses ,qualités de meneur, son rayonnement dans le jeu, sa disponibilité au près au large, sa capacité à faire jouer derrière lui, la qualité de ses soutiens, ses relais, son emprise sur l’adversaire, et bien d’autres aspects… Vous l’aurez compris, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous mais c’est pas grave, chacun a son avis et fort heureusement!
          Je vous salue amicalement.

          • Faf 22 juin 2020 at 23h

            Ne mélangeons pas tout, vous le dites!
            Donc, les vraies légendes ont leur pavés, normal. Mais vous le dites, Louvet n’en est pas une!
            Niveau rugby aussi bien que valeurs de rugby, désolé, moi je vote Carrere, Herrero, Gruarin, et d’autres.. à moins que vous ne soyez trop jeunes pour connaître ces gens là… vos références sont bien jeunes… prenez un peu de recul… amicalement aussi…

          • brice 23 juin 2020 at 16h

            vous parlez de valeur du rugby, comme ci il y en avait qu une.
            Alors que la richesse du rugby français est que dans chaque région elle est différente et tant mieux. Alors oui Thierry Louvet est un légende pour un supporter du RCT, et certainement pas pour le reste de la France.
            C est pour ça que ce club à une si forte identité parce qu elle ne ressemble à aucune autre.

    • Gandolfi 23 juin 2020 at 12h- Répondre

      pourquoi parce que c’est un vrais Toulonnais moi je préfére voir des pavés au nom des Vadella,Fabre,Gruarin, Carrére ,Gallion , Labouré ,Baillette ,Bonus etc …. et bien d’autres nourri au salade du cours La Fayette que certains

  3. Thierry 22 juin 2020 at 21h- Répondre

    Pur moi Thierry Louvet est un des vrais Toulonnais d avant de

  4. Olivier 22 juin 2020 at 21h- Répondre

    Lire cet article… Que de souvenirs inoubliables

  5. MICHEL Fery 22 juin 2020 at 22h- Répondre

    Le véritable *Indien* , ‘Le Comanche’ Rouge et Noir , puis c’est tout !.. Moi , j’le badais *notre Grand Titi* !.. YES !..

  6. loule 23 juin 2020 at 01h- Répondre

    Pour Mr Faf, puisque je ne peux répondre à votre post.
    En bref, non pas en bref car je ne sais pas faire.
    Vous m’avez mal lu je crois. Pour moi oui, Thierry est une légende ***DU CLUB***
    Figurent sur cet avenue des légendes Rouges et Noires qui au passage ont pu être aussi des légendes du rugby mondial…
    Oui nombreux autres joueurs pourraient y figurer, je n’ai jamais dit le contraire sauf que cet article concerne Mr Louvet et qu’apparemment vous trouvez sa présence illégitime où du moins discutable dirons nous, d’où notre discussion.
    Oui je connais Aldo où la Gruche, Jo Fabre, Vadella et bien d’autres anciens. De la naissance du club, en passant par l’épopée Niçoise de 71 jusqu’aux titres de la dernière décennie je connais l’histoire de mon club. Je ne vais donc pas jouer à qui est le plus vieux car pour ma part j’aimerai bien être un peu plus jeune 😉
    Les valeurs du Rugby? comme le vibrant hommage que nous avons su rendre à l’emblématique Captain JOE? rassurez-vous il ne nous en veut pas. Je vous charrie un peu mais j’ai été joueur et peu importe le niveau, j’ai eu en face de moi des cons et parfois je l’ai été aussi, pas envie de partager ensuite une bière, c’est humain. C’est pareil dans tout les sports mais je reconnais une différence de taille dans le notre c’est le combat collectif et il faut avoir un minimum envie de s’y filer pour le collègue qui plus est dans le 8 de devant, et encore, parfois je doute. J’ai vécu de belles aventures humaines mais j’ai aussi vu des coéquipiers se déchirer et s’en vouloir à mort, et même pour l’anecdote éviter de se faire une passe en plein match c’est dire! dans ces situations les valeurs je les cherche encore. Mais les valeurs intrinsèques du Rugby, je les appelle les « Méta-valeurs » elles existent depuis toujours et vivent d’elles mêmes dans un mythe intemporel. La solidarité, le partage, la camaraderie, le dévouement, la combativité, l’abnégation, le pas t’échapper comme dirait Daniel, c’est juste que certains les pratiquent plus où moins selon leur propre échelle de valeurs, donc arrêtons de les voir comme un objet monolithique, comme un code barre qui s’inscrirait automatiquement dans l’ADN de tout joueur de Rugby. Je vous salue une dernière fois, maintenant j’ai soif et je vais partager un verre avec moi-même. Amicalement

    • Faf 23 juin 2020 at 11h- Répondre

      Je vous rappelle simplement que c’est vous qui avez commencé à parler d’age…
      Pour le reste… comment dire… je maintiens que Louvet n’est ni une légende du rugby ni une légende du club…, Sur ce dernier point, nombreux sont ceux qui devraient être classés devant lui et avoir leur étoile…
      Bon apéro! C’est toujours dommage de le prendre seul!

      • Gandolfi 23 juin 2020 at 12h- Répondre

        oh les mecs les étoiles les légendes c’est a hollywood qu’il faut aller ici c’est Toulon C’est Besagne nos idoles (mot a la mode)c’est les gonzes qui sortaient en sang ce faire soigner et qui re-rentraient car a l’époque le rugby ce jouer a 15 pendant 80 minutes et pas a 25 ( exemple De Rougemont contre Béziers a Mayol contre cette pute d’Esteves qui « nous avez déja fondu A Herrero en finale  » en sang il est re -rentrer et si mes souvenir sont exact Estéves avait mangé chaud ) ça c’est les étoiles de Mayol a une époque que l’ Indien a connu une époque ou les étoiles c’est les adversaires du RCT qui les voyaient dans le train en repartant de Toulon justifiant leur cagagne des 5 jours précédant le match a l’idée de venir a Mayol

        • Calmels 24 juin 2020 at 08h- Répondre

          Esteve a finit sa carrière en 1985, De Rougemont étant né en 1972, ils ont pas pu ce rencontrer !

  7. RCT87 23 juin 2020 at 07h- Répondre

    Louvet c’est le rct , comme champ, Herrero, Melville, llopy
    Il faut voir le face à face avec bègles avant que le match démarre, observez le ; peur de rien.
    Ce n’est pas un poète , cest un symbole viscéralement rouge et noir
    J’ai aimé le joueur, j’aime ses propos exclusivement toulonnais, je ne connais pas l’homme

  8. Ritou du Pradet 23 juin 2020 at 07h- Répondre

    Je préfère 10 000 fois regarder le pavé de Louvet le guerrier Toulonnais que de sbw la starlette du cac 40 et joujou marketing du roi de la holding.

    Question de goût certainement.

    Merci pour tout Thierry , que de frissons

  9. platon 23 juin 2020 at 08h- Répondre

    un pan d histoire du RCT
    une certaine époque où la notion de territoire était primordiale

  10. tial 23 juin 2020 at 08h- Répondre

    Thierry c’est un style, un mec comme on ne fait plus, il est le reflet du rugby pratiqué à une époque, c’était comme ça, et je trouve certaines critiques assez dures, il reste une figure du RCT, l’indien, et nous on l’aime comme ça. Croyez moi à cette époque dans les vestiaires d’avant match, ça sentait le camphre et la sueur, et tu partais pour un combat, et quand tu avais dans ton équipe des mecs comme ça, tu étais fier d’être à leur côté.

  11. Nicohulk 23 juin 2020 at 09h- Répondre

    Je me souviens de m être entraîné sur le terrain à côté de lui quand j étais jeune, ça faisait quelque chose. Et c est un des seuls qu on peut toujours voir en se baladant à Toulon il n à pas fait que jouer pour un contrat (surtout à l époque bien moi lucratif) et je suis d accord avec lui, d une annee sur l’autre on retrouvait tous les meilleurs joueurs de la région contre qui on avait joué avec nous au rct, et bien cela ne me plaisait pas j étais donc même plus « sauvage » que lui alors. En tout cas même 20ans après cela me fait autant plaisir de croiser ce monsieur que les grandes stars actuelles,.

  12. MICHEL Fery 23 juin 2020 at 13h- Répondre

    Tellement vrai , les Amis @tial et @Nicohulk !.. Un personnage que l’on aimera et respectera toujours , exactement !.. Et avec qui l’on aimerait bien partager un bon Pastis de l’Amitié , en plus !..

  13. Brachet 23 juin 2020 at 15h- Répondre

    Je crois bien que Faf a une dent contre l’Indien Légende du RCT que ça lui plaise ou non. Il n’a jamais eu le cul gelé dans les gradins populaires mais bon laissons lui ses idées Vive le RCT et que ça continue à nous faire vibrer avec ou sans légendes étoilée ou pavées. Respect pour ceux qui ont été Rouge et Noir et ceux qui vont le devenir

  14. Gilles 24 juin 2020 at 17h- Répondre

    J’ai vu grandir Thierry à l’USAM, j’ai même eu le privilège de faire quelques matches en senior (lui junior), a l’époque, la coupe des armées,aussi…j’ai entraîné aussi ces deux frères, à l’USAM….et bu des coups avec le père…!!!
    Thierry est pour moi un joueur que l’on nomme le « serviteur » sur un terrain. C’est celui qui est au service de l’équipe, qui va mettre la tête ou toi tu ne mets même pas ton pieds…!
    C’est l’homme sur qui tu comptes, qui va faire le boulot de sappe, le boulot que personne ne voit, qui va user l’adversaire….qui va l’impressionner, lui faire baisser les bras…..il leur chuchotait a l’oreille….et, parfois, un regard suffisait.
    Certains ont besoin de sélection pour devenir seigneur, lui, il l’est devenu simplement dans son club, sur son terrain….!
    Thierry est une petite légende, mais une de nos légende, quand même…!