Le nouveau directeur du rugby de Montpellier, Philippe Saint-André a accordé un long entretien à France Bleu via un Facebook Live, ce mercredi.

Ce-dernier a évoqué de nombreux sujets dont notamment celui de la reprise des entraînements et de la compétition. Il indique qu’il faut se montrer patient car l’épidémie n’est pas encore terminée. Extrait:

« Il faut être patient, mais si la courbe descend, on pourrait alors imaginer s’entraîner à haute intensité et avec du contact en juillet, faire des matchs amicaux en août et commencer début septembre. Cependant, s’il y a des soucis, on pourrait commencer mi-septembre ou début octobre. »

Dès  le début de la saison, les internationaux Français pourraient être réquisitionnés par le XV de France afin de disputer six matches internationaux aux mois d’octobre et de novembre. Il précise que des négociations sont en cours. Extrait:

« Il faut voir si l’équipe de France joue en octobre et en novembre. Ou bien si elle ne joue qu’un un seul match du tournoi des six nations fin octobre, plus les tests du mois de novembre, donc cinq matchs ou six matchs. Il y a aussi une négociation pour la Coupe d’Europe, à savoir réduire les poules de quatre à trois équipes pour faire deux matchs de moins (…) Pour moi, ce qui est important, c’est qu’on ait un vrai Top 14 la saison prochaine et une coupe d’Europe avec moins de dates. »

Concernant les matches à huis clos, Philippe Saint-André explique pourquoi il ne sera pas possible de fonctionner ainsi sur le long terme. Extrait:

« C’est assez simple. Au foot, qui est une référence, les droits télé constituent en moyenne 80% du budget des clubs. Nous, c’est entre 15% et 20%. Du coup, le sponsoring, les supporters, le merchandising, les RP (Rugby Partenaires), tout ça est primordial et vital pour la sérénité du rugby. Imaginez des partenaires venir dans les loges, mettre un masque et ne pas pouvoir boire une bière ou une coupe de champagne et manger quelque chose, ça ne va pas trop avec l’esprit du rugby et de la troisième mi-temps. On peut sans doute supporter un ou deux matchs à huis-clos par club, mais on espère qu’on va trouver des solutions face à cette pandémie. Et on espère qu’en septembre ou en octobre, on pourra rejouer avec des capacités correctes dans nos stades. » 

Concernant les transferts, Philippe Saint-André indique que le MHR a été contraint de faire des économies en raison de la crise financière. Il précise que l’effectif va être rajeuni et que le club Héraultais a décidé de recruter de jeunes joueurs à gros potentiels. Extrait:

« On avait besoin de rajeunir l’effectif, besoin d’avoir plus de joueurs issus de la filière formation. Besoin aussi de recruter sur certains postes en première ligne et en seconde ligne, où l’équipe était en difficulté. Des joueurs plus jeunes avec un très gros potentiel vont amener de la concurrence. On a signé beaucoup de joueurs sur trois saisons, qui vont s’inscrire dans un nouveau cycle (…) On a des joueurs de classe mondiale, mais on n’a pas besoin de 200 joueurs de classe mondiale. On a besoin d’un état d’esprit, d’une identité, de mecs qui mouillent le maillot. On a rencontré tous les joueurs qu’on recrute, pas sur vidéos ou via des agents. Et pour moi c’est important de sentir leur envie et leur détermination de venir relever le challenge (…) On a aussi resigné nos meilleurs joueurs, comme Bouthier pour deux ans supplémentaires. Le meilleur des recrutements, de toute façon, c’est de conserver ses meilleurs éléments. C’est ce que j’ai fait avec Picamoles, quand je suis arrivé, alors même qu’il était blessé au genou, en lui faisant une année supplémentaire. » 

Aussi, Philippe Saint-André espère que le MHR sera mieux capable de gérer les doublons avec un effectif mieux construit. Extrait:

« On ne peut pas se plaindre, c’est une fierté pour le club d’avoir des joueurs en équipe de France (…) mais l’effectif manquait d’équilibre, lors des doublons. On n’avait pas anticipé que six à neuf joueurs seraient régulièrement pris en équipe de France. On a donc travaillé pour avoir un effectif tout terrain, notamment lors des doublons » (…) Avoir un quinze de rêve, c’est bien. Mais l’important, c’est d’avoir deux premiers choix sur un poste, et un jeune à fort potentiel en numéro trois. »

Pour conclure, Philippe Saint-André estime que les joueurs doivent accepter une baisse de salaire et doivent se montrer solidaires en cette période très délicate pour le rugby Français. A Montpellier, les négociations se situent sur une baisse des salaires entre 15% et 31%. Extrait: 

« Ce qui est important, c’est qu’il y ait une vraie solidarité dans le club. On a la chance d’avoir un président qui a donné énormément au club. Il est encore motiver pour continuer à donner, mais je crois qu’il faut un geste fort de tous les employés. C’est pas que les joueurs, c’est aussi le staff, ceux qui les encadrent. On avait une réunion avec six représentants des joueurs, ce mercredi. On essaie de travailler en osmose. La Ligue Nationale de Rugby a demandé aux joueurs de faire des efforts, parce qu’elle pense qu’il y aura entre 20% et 30% de moins en sponsoring sur les saisons prochaines et entre 15% et 20% de moins en matière de supporters. On est donc obligé d’anticiper cette période de crise. Les joueurs sont conscients de la situation. La DNACG propose aux clubs de baisser les salaires des joueurs de 31%. Après, chaque club à son économie. Nous, on serait entre une baisse située entre 15% et 31%. Mais pour l’instant, rien n’est acté. »

Concernant les joueurs qui pourraient se plaindre, l’ancien sélectionneur du XV de France rappelle que les joueurs du Top 14 sont sûrement les moins à plaindre. Extrait:

« On n’est pas mal loti, en France. Le chômage partiel, avec la prise en charge par l’Etat, nous a beaucoup aidé. En Nouvelle-Zélande, les All-Blacks ont du accepter 50% de baisse de salaires immédiatement, 60% en Australie, 42% en Afrique-du-Sud. Nous, on est dans la négociation. »