Le manager du Rugby Club Toulonnais, Patrice Collazo s’est confié lors d’un entretien exclusif accordé à Christian Califano pour son émission des Tontons Flankers.

Dans un premier temps, l’entraîneur du RCT est revenu sur les mots forts qu’il a tenu dans les vestiaires à l’issue de la victoire de ses joueurs contre Toulouse, samedi dernier au Stade Vélodrome de Marseille. Extrait:

« Je ne sais pas si ce sont des mots forts. Ce sont des mots que l’on ressent sur le moment. C’est une performance que de battre Toulouse. Mais le plus important est que le groupe re-bascule vite et ne se contente pas juste d’une performance qui est déjà passée et qui est éphémère. Ce que l’on recherche surtout, après une saison compliquée, c’est d’avoir de la continuité. »

Questionné sur la saison très compliquée vécue par Toulon, le coach Varois estime que le RCT se devait de passer par une telle phase pour repartir de l’avant. Extrait:

« Il n’y a jamais de saison facile. Des équipes qui gagnent tous les matches du début à la fin, ça n’existe pas. Ce n’est pas une saison de transition. On est en phase de reconstruction. Il faut remettre les choses à leurs places, notamment le club et l’institution. Il faut faire adhérer les joueurs au projet club, une chose qui était un peu dissociée jusqu’à maintenant. On a de la satisfaction même si la saison du RCT est décevante. Je peux comprendre les supporters et les observateurs. Mais je pense qu’il fallait passer par cette phase-là et se réinventer. »

Malgré une décevante 10ème place, Patrice Collazo énumère les points positifs de la saison. Extrait:

« Les doutes, on les a toujours. Même quand on gagne car on se demande quand on va perdre. Le tout est d’avoir des convictions et de ne pas partir dans tous les sens sinon, à terme on perd des joueurs. Le plus important, c’est que les joueurs aient une ligne directrice. Même si sur le plan comptable on est toujours 10ème, il y a une évolution au sein du groupe, certains joueurs ont pris des responsabilités, de jeunes joueurs se sont affirmés et tout cela, ce sont des choses qui vont nous servir pour la suite. Pour les gens de l’extérieur ce n’est pas forcément palpable et visible car ça n’a pas d’enjeu. Mais ça fait grandir l’équipe. »

Une chose est sûre: l’entraîneur du RCT est certain de sa manière de fonctionner et ne veut rien changer. Extrait:

« Je ne changerais pas les choses car à un moment donné, pour avancer, il faut des convictions. Ce sont mes convictions. Je ne dis pas que ce sont les meilleures mais je les partage avec mon staff. Ce qui est le plus important c’est que nous ayons un staff qui est sur la même longueur d’onde. Malgré les défaites et les désillusions, depuis quelques matches et depuis quelques mois, je sens une autre dynamique lors des entraînements. »

Il précise également ne jamais avoir pensé effectuer son retour à Toulon. Extrait:

« On ne se projette jamais. J’ai passé 8 ans à La Rochelle et je n’ai jamais dit qu’un jour j’allais entraîner Toulon. Le plus important est qu’on aille dans des endroits et que l’on s’imprègne de l’identité des clubs et de l’importance des clubs. C’est le plus important. Il faut partager cela et le faire comprendre aux joueurs. Entraîner Toulon, ce n’est pas simplement entraîner un club. Toulon représente une ville, des supporters et a un certain héritage. C’est très important. »

Concernant sa relation avec son président Mourad Boudjellal, Patrice Collazo concède qu’il existe parfois des contradictions entre eux. Mais il précise que le club continue d’avancer. Extrait:

« Ce n’est pas une question de forte personnalité. Il a ses qualités et ses défauts comme moi j’ai mes qualités et mes défauts. Mais aujourd’hui, avec le président, ça se passe comme ça doit se passer. C’est mon président. Je suis le manager du club. Avoir de la contradiction de temps en temps, comme lui peut m’en apporter et comme moi je peux lui en apporter, je pense qu’au final, il faut que ce soit le club qui avance. Mourad Boudjellal est capable de tout, mais l’avantage c’est qu’il sait que je suis aussi capable de tout. L’un dans l’autre…  Il m’adresse une énorme confiance, mais cela ne veut pas dire confort et s’endormir. La remise en question n’empêche pas la confiance. Quand on est responsable du sportif à Toulon… Je suis venu pour entraîner l’équipe première, mais aussi et surtout pour un projet club. On ne peut pas se contenter d’entraîner uniquement l’équipe première. Il y a le centre de formation, il y a les équipes de jeunes… Il y a un potentiel à Toulon que je connais car j’ai joué ici. Il y a une identité qui est très marquée. »

Concernant l’effectif du RCT, il explique vouloir un certain équilibre entre les jeunes, les stars mondiales et les joueurs de club. Extrait:

« Il faut un équilibre dans une équipe. Il faut des joueurs de classe mondiale mais moi, je n’en veux pas 50. J’en veux quelques-uns. Il faut des joueurs qui ont une dimension club et qui connaissent le Top 14, puis il faut des jeunes joueurs. Il faut réussir à associer ces trois parties-là. On ne peut pas mettre que des jeunes ou que des vieux. Un jeune apporte de l’énergie et une certaine insouciance. Il va falloir l’encadrer par un joueur de classe mondiale. Mais le joueur de classe mondiale va avoir besoin de cette énergie à côté et cette fraîcheur. Le joueur club se bat tous les week-ends pour faire passer le message que le club est important. Il faut un certain équilibre. Je pense qu’il y a un potentiel jeunes joueurs à Toulon qui a toujours été là. Beaucoup de générations sont parties et beaucoup de générations ne voyaient pas de perspective dans le projet club et c’est en train de changer. C’est cela qui est positif. »

Pour conclure, Patrice Collazo évoque la grosse révolution à venir au sein du club Varois avec la construction du nouveau centre d’entraînement. Extrait:

« La plus grande évolution du RCT sera structurelle avec le commencement des travaux du centre d’entraînement et du centre de performance. Ce sera le poumon du club. Toulon a pris du retard dans les structures et ça va être comblé. Toulon avait besoin de cela. Toulon a besoin de retrouver cette dynamique de club, aussi bien les salariés que l’administratifs ou que l’association et la formation. On a tous besoin d’avoir cette perspective et ce projet-là. »