L’ailier international Sud-Africain Bryan Habana a pris sa retraite sportive au mois de juin dernier, à l’issue d’une saison totalement blanche avec le Rugby Club Toulonnais.

Lors d’un long entretien accordé au Midi Olympique de ce lundi, le Springbok a donné de ses nouvelles et a raconté sa nouvelle vie. Il explique de quoi est fait son quotidien. Extrait:

« Franchement, je pensais que l’après carrière serait plus cool ! En Afrique du Sud, j’ai animé quelques séminaires pour de grosses entreprises. À Londres, j’ai participé à un tournoi de golf avec quelques légendes du rugby. J’ai été à la Coupe du monde de rugby à 7 à San Francisco et viens de lancer une agence de marketing sportif, au Cap. Je commente aussi les matchs de Champions Cup pour Channel 4 et les rencontres des Springboks pour Sky Sports. Je suis toujours entre deux avions, quoi. C’est épuisant… »

Bryan Habana précise d’ailleurs que son salaire n’est plus du tout le même depuis qu’il a raccroché les crampons. Extrait:

« Le salaire n’est plus le même, c’est une évidence. Je conseille d’ailleurs à tous mes potes de jouer aussi longtemps qu’ils le peuvent au rugby parce que rien n’est facile, après, dans le monde réel. Mais bon… Ma maison en Afrique du Sud est payée, j’ai quelques économies et plein de projets en tête. »

Alors aurait-il pu poursuivre sa carrière d’une ou deux saisons ? L’ailier a préféré arrêter en raison de son genou douloureux. Extrait:

« Le rugby, la célébrité, l’argent, tout ça est évidemment génial et, en ce sens, tous les rugbymen du monde aimeraient arrêter leur carrière à 45 ans. J’aurais pu faire deux années de plus en Angleterre ou au Japon. Mais il faut aussi savoir écouter son corps : mon genou souffrait un peu et je récupérais plus lentement des gros matchs. Et puis, le monde ne s’arrête pas parce que Bryan Habana quitte la scène. Une fois que tu as compris ça, tu es prêt à tourner la page. La camaraderie, l’adrénaline, le jeu me manquent horriblement. Mais que faire ? À un moment, la vraie vie doit reprendre ses droits. »

Par ailleurs, Bryan Habana semble avoir du mal à tourner la page. Il sent bien qu’il n’est plus autant sollicité qu’auparavant, quelque chose qui n’est pas facile à admettre dans l’immédiat. Extrait:

« Quand sonne la fin, plus personne ne te donne des fringues gratuites ou des chaussures dernier cri. Le regard des gens change, le rapport au corps aussi. Au fil de mes voyages, j’essaie de rester fit mais c’est beaucoup plus difficile qu’à l’époque où je me déplaçais avec le RCT ou les Springboks : dans les hôtels que je fréquente désormais, il n’y a plus d’énorme salle de gym au rez-de-chaussée ! Quand je me promène en Afrique du Sud, je vois bien que je ne suis plus le centre des conversations. Aujourd’hui, tout le monde ne parle plus que d’Aphiwe Dyantyi (ailier de l’équipe nationale d’Afrique du Sud). Vous l’avez vu ? C’est la nouvelle bombe des Springboks, le kid de Johannesbourg. »

Désormais, Bryan Habana prend du bon temps avec son fils. Il précise avoir perdu du muscle et ne souhaite en aucun cas s’infliger des séances de sport dont il n’a plus envie. Extrait:

« Je prends du plaisir ailleurs. Je conduis mon petit à l’école, je cuisine. J’apprends le business et je découvre des choses que je ne connaissais pas, comme profiter d’un week-end. J’ai un peu grossi, j’ai perdu des muscles mais je m’en fous. Je n’ai pas peur de vieillir. Je n’irai pas courir des Iron Man comme le fait John Smit, participer à des marathons comme Butch James ou m’inscrire sur de longues courses de vélo comme Joël Stransky, le héros de la Coupe du monde 95. Je ne veux plus m’imposer de souffrances. Je n’ai pas envie de me lever à 5 heures du mat pour faire un footing avant que les enfants ne se réveillent. »

Pour conclure, Bryan Habana admet avoir eu une très belle carrière. Il ne regrette rien. Extrait:

« J’ai eu une carrière dont je suis fier. J’ai été champion du monde, champion d’Europe, champion de France. J’ai remporté le Super Rugby, les Four-Nations et on m’a donné beaucoup d’argent pour réaliser toutes ces choses merveilleuses. Qu’aurais-je pu demander de plus ? »