Il est parti sur un sans-faute. Cinq nouvelles transformations réussies avec une précision chirurgicale, sa marque de fabrique. Dix unités de plus dans une mallette de points déjà pleine ras la gueule. On n’a pas attendu la venue de Castres à Mayol, samedi dernier, pour en être convaincu: Jonny Wilkinson pèse lourd, très lourd à Toulon.

En dix-sept rencontres – dont trois en Challenge européen -, il a inscrit pas moins de 212 points, soit une moyenne de 12,5 points par match. Depuis son arrivée dans les rangs varois l’été dernier, le meilleur marqueur de l’histoire en sélection nationale(1 058 points) ne passe pas autravers, à l’exception de la double confrontation face à Clermont.

Avec l’international anglais, le RCT a ainsi la quasi garantie d’entamer les débats avec de l’essence dans le réservoir et de ne pas tomber en panne dans les moments critiques. Mais à partir d’aujourd’hui et pour deux longs mois, il va devoir aussi faire sans son champion du monde. Dès dimanche, au lendemain de la qualification toulonnaise pour les quarts de finale du Challenge européen, Wilkinson a fait son sac, destination le Portugal où l’équipe d’Angleterre est en stage cette semaine dans l’optique du prochain Tournoi des Six nations.

« Wilko » ne portera plus la tunique rouge et noire durant toute la durée de cette compétition (6 février-20mars). Pour le RCT, candidat à un billet pour la H-Cup, ce n’est pas la manière idéale de mener le sprint avec la concurrence en Top 14. Durant l’absence de son leader, buteur mais aussi stratège, le club varois disputera tout de même quatre matches : outre la réception de Montpellier ce soir, le meilleur réalisateur du championnat(177 points) ne sera pas de la partie à Toulouse puis devant Biarritz et le Castres Olympique, rien que ça ! Certes, le multiple champion de France haut-garonnais, le BO et le CO seront privés de leurs internationaux au cours de cette période, mais Toulon, actuellement 6e et dernier qualifié potentiel pour la H-Cup, ne dispose pas non plus d’un matelas suffisamment confortable pour pouvoir se passer d’une arme comme Wilkinson avec une absolue sérénité.

L’Anglais parti, Philippe Saint-André a cependant une option de rechange en or massif avec Felipe Contepomi, autre gâchette de dimension internationale . Samedi dernier, l’Argentin, justement, a commencé à prendre le relais dès son entrée en jeu (52e ), transformant l’ultime essai (69 e ). Il devra maintenant prolonger cette efficacité sur la durée, lors des quatre journées de Top 14 à venir. Revenu de blessure cet automne – rupture des ligaments croisés en mai -, il a lancé des premiers signes plutôt encourageants en Challenge européen (22 points en quatre apparitions).

Un autre examen l’attend tout à l’heure pour sa deuxième titularisation en championnat seulement après une sortie assez correcte à Clermont malgré la déroute(39-3). A-t-il recouvré l’ensemble de ses aptitudes physiques? Est-il à nouveau en mesure de tenir la route sur tout un match? Les interrogations demeurent ce matin. Le Puma devra les balayer d’un revers de patte sans tarder. Car le RCT n’a pas des atouts plein les manches depuis le départ de Fauqué à Bayonne il y a dix jours.

Le nouvel ouvreur de l’Aviron ne s’est jamais véritablement imposé dans le Var, mais il avait au moins le profil pour dépanner un tant soit peu. Derrière Contepomi, aujourd’hui, on trouve le polyvalent (centre, ailier ou ouvreur) May, en délicatesse avec un genou depuis samedi dernier, le jeune Barthélémy(20 ans tout juste), voire le centre Kefu et le demi de mêlée Cibray. Il faut décidément du monde pour combler le vide laissé par Wilkinson. Cela suffira-t-il ?