Entre Toulon et le Stade Français, votre cœur risque d’être partagé samedi, non ?
Mon cœur est plus Stade Français forcément. Et puis je suis toujours actionnaire du club (NDLR : à hauteur de 1%).

Le Stade Français reste sur deux victoires en Challenge européen alors que Toulon sort d’une lourde défaite au Munster. Peut-il y avoir un avantage psychologique pour les Parisiens ?
Le niveau du Challenge européen est trop faible pour qu’on puisse s’appuyer dessus. Après, je trouve intéressant le travail de Michael Cheika, le manager. Physiquement, les joueurs sont prêts, un style est en train de se mettre en place. Actuellement, je trouve que le Stade a plus de certitudes que Toulon dans l’animation offensive. Mais en général, le ciment de l’équipe reste la défense, sa capacité à défendre sa ligne d’en-but dans les moments difficiles. A ce niveau, le RCT a plus de caractère.

Le caractère, c’était pourtant la force du Stade Français lorsque vous y évoluiez encore comme joueur…
Les hommes ne sont plus les mêmes. Un système sans les hommes, ce n’est plus la même chose. Est-ce que la «gagne» se transmet? Je ne pense pas. L’état d’esprit n’appartient à personne, il faut se le forger. C’est vrai que nous avions une équipe de caractère avec des garçons qui ne supportaient pas perdre. C’était notre moteur.

Est-ce qu’il manque au Stade Français un maître à jouer comme Jonny Wilkinson peut l’être à Toulon ?
Sans doute. C’était un coup de poker que d’aller embaucher un joueur qui enchaînait les blessures, aujourd’hui on constate que ce choix était judicieux. Il a une capacité incroyable à tuer des matchs, à passer des drops quand son équipe domine. Il montre aussi l’exemple en défense, c’est assez significatif sur son investissement.

Le Stade Français et Toulon ont en commun d’avoir des présidents atypiques. Vous diriez qu’il y a du Max Guazzini chez Mourad Boudjellal ?
Avec le Stade Français, Max Guazzini a prouvé qu’on pouvait réussir dans le rugby en étant différent. Boudjellal a relancé – avec ses qualités et ses défauts – un club qui était dans la difficulté. Il a révolutionné le RCT. Quand on est atypique, forcément on a des gens avec soi et d’autres contre. On va voir si son Toulon va s’installer dans la durée. Pour l’instant, ça en prend le chemin.

Est-ce un regret de voir aussi peu de Toulonnais dans l’équipe première ?
Quelque part, il y a des choix qui sont faits. Toulon forme beaucoup. En Top 14, il y a beaucoup de jeunes issus de la formation toulonnaise, mais ils ne jouent pas à Toulon. C’est le rugby professionnel. Et puis, certains doivent peut-être quitter leur cocon toulonnais pour franchir des paliers. Aujourd’hui, c’est difficile de faire toute sa carrière dans son club formateur. A un moment, il faut partir pour s’affirmer. J’ai connu ça en quittant Toulon pour Paris