Bonjour Aubin, à froid, quel bilan tirez-vous de la rencontre disputée au Munster ?

Nous avons beaucoup appris de ce match. Nous avons découvert ce qu’était le très haut niveau en affrontant ce qui se fait de mieux en Europe. Ce match a mis au grand jour toutes les petites lacunes collectives et individuelles que nous pouvons avoir. Lors des séances vidéo, nous avons pu nous rendre compte avec Philippe Saint-André qu’en manquant un petit peu d’intensité physique et de férocité, il était très difficile de rivaliser avec ce genre d’équipe. Cela ressemblait de près à un match international. Nous avons très certainement la capacité de nous transcender, mais il fallait le vouloir plus que cela. Cependant, c’est un match intéressant car cela va nous apporter de l’expérience et un vécu au groupe. On va essayer de tirer profit de ce genre de rencontre pour en ressortir grandi.

Le RCT a été confronté à l’un des meilleurs huit de devant du monde. En tant qu’entraîneur, retenez-vous certains enseignements que vous pourriez appliquer à votre équipe ?

Leur système de jeu est relativement simple. Les munstermen jouent toujours dans le même sens. Ils sont très efficaces sur les rucks et très massifs. En revanche, ils n’ont pas une grosse mêlée mais celles-ci ont été trop rares pour les mettre en danger dans ce secteur. Il n’y a eu que dix mêlées à jouer. C’est excessivement peu par rapport à ce qu’on voit en TOP 14. Ce qu’on peut retenir de cette équipe, c’est l’agressivité qu’ils mettent dans les ruck et leur efficacité dans ce secteur. Ils ont également une certaine malice dans le jeu au sol. Ils sont toujours à la limite de la faute voire un peu plus mais ne sont que très rarement sanctionnés. Par exemple, sur certains rucks, on les a vu à plusieurs reprises donner des coups de pied dans le ballon. Cela est sanctionné dans notre championnat et pas en H Cup. Ils ont une expérience à ce niveau que nous n’avons pas mais que nous sommes en train d’acquérir.

Quelques points positifs parmis lesquels la mêlée. Qu’avez-vous pensé des fondamentaux du RCT au Munster ?

Il est vrai qu’on a été plutôt bien sur nos cinq mêlées y compris celle que nous avons disputé à sept contre huit. On arrive même sur celle-ci à sortir leur pilier droit, mais cela n’a pas été sanctionné. Là aussi, le corps arbitral britannique est beaucoup plus souple que chez nous. En touche, nous avons pu faire de bons lancements de jeu ce que nous n’avions pas trop réussi à faire depuis le début de saison. C’est encourageant et même si nous en avons pris 40, il y a quand même de bonnes choses à tirer de ce match en Irlande. Philippe Saint-André nous avait prévenu. Il avait déjà joué au Munster avec Sale, champion d’Angleterre, et ils en avaient pris 40 aussi… Quand vous allez à Thomond Park, si vous n’êtes pas à 120%, vous repartez avec ces 40 points. Joueurs et staff allons tirer des enseignements de ce déplacement. Nous avons également pu nous rendre compte que cette province a environ 60 joueurs, 16 membres du staff qui travaillent séparément avec deux groupes de 30 joueurs. Ce sont d’autres méthodes de travail avec un objectif unique dans la saison : la H Cup. Ils disputent la Magners League avec très peu de matchs à jouer, mais ils se préparent exclusivement pour gagner la H Cup.

 Sur le plan personnel, que retenez-vous de l’athmosphère qui règne à Thomond Park ?

 C’est une ambiance très sympa. Mais ce qui est le plus impressionnant, c’est le silence pendant que les buteurs se concentrent lors de leurs tentatives. À un moment donné, je me suis retourné pour parler à mon banc lors d’une tentative de pénalité. J’ai cru que j’avais un micro et que j’étais entendu par toute la foule. Je me suis arrêté de parler immédiatement car je me devais de respecter ce silence…

Du côté des mauvaises nouvelles, le Rugby Club Toulonnais est revenu avec plusieurs blessés de Limerick. On peut donc s’attendre à un roulement pour aller au Stade de France …

Effectivement, quand tu ne mets pas l’intensité nécessaire dans le défi physique, tu te blesses plus facilement. On revient avec deux déchirures, une absence plus ou moins longue pour Fotu (Auelua), Kefu est également touché… Voilà, c’est forcément pas pas le meilleur moment avant trois déplacements très compliqués au Stade Français, à Toulouse puis à Perpignan mais nous allons devoir nous adapter.

Le RCT se déplace quand même avec des ambitions au Stade de France ?

 Oui bien sûr ! On s’attend à un gros match de la part du Stade Français. Ils ont pu faire tourner leur équipe en Amlin Challenge Cup. Nous allons au Stade de France ce qui représente un nouveau challenge et une nouvelle expérience pour ce groupe. C’est la première fois que le Rugby Club Toulonnais évoluera au Stade de France. C’est encore un match historique pour le club comme on en joue toutes les semaines en ce moment. En plus de les jouer, il va maintenant falloir les gagner !