Suite au départ de Paul Stridgeon, le Rugby Club Toulonnais a décidé de recruter le préparateur physique des Glasgow Warriors, à savoir le Français Thibault Giroud.

Interrogé dans les colonnes du quotidien L’équipe, ce-dernier a expliqué avoir énormément apprécié son aventure avec le club Écossais. Extrait:

« Mon passage là-bas a été super, un rafraîchissement dans le sens où Gregor Townsend, l’entraîneur, prônait un jeu tourné vers l’évitement et non la collision. On a donc pu travailler à développer les qualités adéquates à ce rugby. Ce projet était basé sur l’accélération et les répétitions de vitesse à haute intensité. Mais ce qui était magnifique c’est que la préparation physique et le rugby étaient totalement imbriqués. L’analyse scientifique se faisait aussi à l’intérieur du rugby. On était en permanence dans l’individualisation et l’effet de transfert, c’est-à-dire développer les qualités spécifiques et adéquates au projet de jeu utilisé. »

Thibault Giroud a expliqué la différence physique entre les joueurs Français et Anglo-Saxons. Extrait:

« D’abord il ne faut pas jeter la pierre sur l’équipe de France. Si vous comparez le Top 14 à tous les autres Championnats, il y a beaucoup plus de collisions et d’impacts frontaux à moins de 2 mètres par seconde. En revanche, il y a largement moins de distances passées à haute intensité, d’accélérations. La vélocité maximum à l’instant T des joueurs exprimée en kilomètres par heure est aussi largement inférieure. De moitié sur certain matches. C’est énorme. Du coup, les joueurs ne développent pas les qualités athlétiques spécifiques. »

Pour conclure, le nouveau préparateur physique du RCT rentre dans les détails avec beaucoup de technique. Extrait:

« Avant, on était sur un travail de vitesse par poste. Aujourd’hui, on évolue sur une spécificité de la vitesse par profil sur le terrain. Des piliers peuvent se retrouver avec des ailiers sur des ateliers de développement de qualités transférables. Par ailleurs, on n’essaie plus de modifier la technique de course des joueurs comme en athlétisme. En revanche, on va utiliser la biomécanique de l’individu pour avoir une application de force horizontale au sol dans un temps minimum (elle ne doit plus être verticale). Les passages au sol c’est la même chose, le transfert dynamique, c’est-à-dire la capacité à produire de l’explosivité sur une situation de passage vertical-horizontal. Le 100 mètres a beaucoup évolué sur cet aspect-là. Avant, la génération Carl Lewis avait des maintiens de vitesse époustouflants, mais une vélocité maximum tardive. La nouvelle génération, elle, a une accélération monstrueuse, elle produit une force au sol plus importante, donc elle a une accélération largement plus grande. Le précurseur étant Maurice Green, et le meilleur exemple actuel Usain Bolt. Aujourd’hui, si tu sors mal des blocks, c’est mort ! En rugby, c’est pareil avec les Blacks ou les Boks. Quand ils jaillissent, si vous n’avez pas les mêmes temps de réaction, vous êtes morts. À l’heure actuelle est-ce que l’on change au moins une fois de vitesse post ou pré-contact ? Les Néo-Zélandais, eux, sont capables de varier deux à trois fois de vitesse individuellement et collectivement, en changeant l’amplitude et la fréquence des appuis. Et ça, c’est hyper dur à défendre. »