Le 3 septembre dernier, le Rugby Club Toulonnais s’inclinait au Stade Mayol, contre Brive, pour son premier match de la saison à domicile. Ce samedi soir, le groupe Toulonnais voudra très certainement se montrer revanchard et rêverait de réaliser un coup du côté de la Corrèze, pour remettre les compteurs à zéro.

Il faut dire que tout le monde se rappelle encore de cette défaite à domicile face au CAB. Celle-ci avait provoqué une énorme colère du président Toulonnais Mourad Boudjellal, qui n’avait alors pas hésité à sortir à l’artillerie lourde pour l’occasion.

Retour sur les déclarations de Mourad Boudjellal juste après la défaite du RCT contre Brive, à domicile, le 3 septembre 2016:

« L’équipe est nulle »

« La réalité aujourd’hui est que l’on devrait être à trois défaites. On a joué trois équipes qui affirment jouer le maintien: Bayonne, Pau et Brive. Face à trois équipes qui affirment jouer le maintien, on devrait être à trois défaites. J’en conclue que l’on n’est pas au niveau du maintien. Le plus inquiétant: il est où notre jeu ? Il est où ? On n’est pas capable de faire trois passes, on balaye le terrain, voilà. Pour ça, oui, on balaye pas mal ! On pourrait travailler au service de la voirie car on balaye pas mal ! C’est tout ce que l’on fait. Sinon, il ne se passe rien d’autre et au bout de trois ballons on le fait tomber. Ça fait trois matches que ça persiste. On ne va pas se mentir: à Pau, s’ils prennent la mêlée, on le perd le match. C’est l’arbre qui cache la forêt. C’est juste catastrophique. Donc aujourd’hui on joue le maintien. On a quatre matches devant nous: Toulouse, Racing, Clermont et Montpellier. Mais il ne faut pas rêver: l’équipe que j’ai vue ce soir, face à ces quatre équipes, elle va prendre cher. La seule réflexion que nous avons ce soir est que puisque nous jouons le maintien, puisqu’on veut préparer l’avenir, est-ce qu’il ne vaut pas mieux lancer les jeunes ? Quitte à perdre, autant préparer les jeunes. Je vais en parler avec les coaches. »

« On arrive à la limite de ma patience »

« Il manque encore des joueurs: il manque Mamuka Gorgodze en première mi-temps, il manque Samu Manoa, il manque Duane Vermeulen. Je savais très bien, les coaches je ne sais pas, mais je savais très bien que ça n’allait pas être un gala de danse ce soir. On savait très bien qu’on allait jouer contre une équipe qui est pénible devant. C’est devant qu’il fallait mettre des joueurs. Ce sont des choses qui arrivent. J’ai une expérience de président et je me dis que le dernier match n’est jamais le reflet de la saison. J’espère que ça tiendra. Mais le niveau de jeu est très très inquiétant. Il va falloir que les joueurs se responsabilisent. Même si on peut parler du plan de jeu et du niveau de jeu, les fautes, ce ne sont pas les coaches qui les font. On arrive à la limite de ma patience. Sur ce que je vois actuellement, j’ai envie de dire que le stage est terminé. Maintenant il faut passer aux choses sérieuses. Ça ne veut pas forcément dire que je vais virer les coaches. Je peux me virer à moi-même. Je vais voir. Mais ça commence à me gonfler sérieusement tout ce stress. Qu’on puisse foutre en l’air presque huit ans sur trois matches, je trouve cela honteux. Il y a des joueurs qui ont trois étoiles sur le maillot mais il ne faut pas qu’ils oublient qu’ils ne les ont pas gagné et qu’ils essaient au moins de les mériter. »

« On ne respecte rien, c’est pathétique, les joueurs sont nuls »

« Bien évidemment que la colère n’est pas bonne conseillère, mais ce soir je suis lucide: sur ce que je vois actuellement, on joue le maintien. Il faut se rendre compte qu’on est une équipe à 800 sélections qui joue le maintien. Cela est une réalité. Je vais parler avec mes leaders et mes coaches pour savoir pourquoi. Même si on a des blessés… on a beaucoup de blessés, mais on a quand même ce qu’il faut sur le terrain pour gagner un match à Mayol. Vous l’avez vu comme moi ce soir: on est pathétique. On n’est pas capable d’enchaîner deux ou trois temps de jeu. J’ai regardé la Pro D2 hier, ça jouait mieux. Les dix meilleurs minutes, c’est quand nous étions à 13 sur le terrain. A 13 on n’a pas été mal. Je pense tout simplement que l’on est nul. A nous de nous en sortir. On peut trouver pleins de raisons: peut-être que des joueurs étaient crispés car c’était le premier match à Mayol et qu’ils s’en étaient faits une montagne, je n’en sais rien. Mais on est nul ! Le coup d’envoi part en touche direct… A une époque, on le faisait exprès, mais la je ne pense pas. On a mis deux coups de pied directement en touche. Dès qu’on a un ballon que l’on peut exploiter, on fait un en-avant. On se précipite. On ne respecte rien. C’est pathétique. Heureusement que l’on a Leigh Halfpenny et je l’ai remercié d’ailleurs. J’ai l’impression que le point de bonus défensif que l’on prend c’est un hold-up. Si on n’a pas Leigh Halfpenny, je pense que c’est un match que l’on perd avec 15 points d’écart. Mais actuellement, les joueurs sont nuls. Je ne veux pas être dans le Guinness Book après trois journées, mais il va falloir que tout le monde se reprenne en main. On va considérer que ces trois journées étaient un stage. Maintenant le stage est terminé. »

« On ne mérite même pas le maintien, je ne vois pas qui ont peut battre »

« Je vais mettre une grosse pression sur le groupe, mais moi aussi je l’ai la pression. J’ai une très très grosse pression. Quand on vient à Toulon, ce n’est pas pour jouer comme cela. Ce n’est pas possible. C’est ma onzième année en tant que président de club et je pense que ce match est dans le top 3 des matches les plus minables que j’ai vu de mon club, peut-être même leader. J’ai rarement vu mon équipe jouer aussi mal. Il faut que les joueurs se posent des questions et que plusieurs personnes se posent des questions. Il faut que tous ensemble on essaie de s’en sortir. Et si on ne s’en sort pas tous ensemble, il faudra s’en sortir, mais pas tous ensemble. Mais je ne suis pas le président des victoires. Peut-être que je me suis trompé dans le recrutement, peut-être que je me suis trompé dans le choix des hommes du staff, j’espère que non. On va voir avec les matches qui viennent. Ça me rappelle un peu la conférence de presse du match perdu contre Grenoble à Mayol. On avait fait le doublé derrière. Mais on avait un peu joué quand même. Ce qui m’inquiète le plus ce soir, c’est qu’on est une équipe qui ne mérite même pas le maintien. J’ai vu jouer toutes les équipes du Top 14 et elles jouent toutes mieux que nous. Je ne vois pas qui on peut battre dans le Top 14 ce soir. C’est peut-être la fin d’une belle histoire, je ne sais pas. »

« Depuis le début de la saison, ça fait deux fautes professionnelles »

« Ça fait quand même quelques leaders. Brive nous a fait un très bon match à l’ancienne, un match d’homme. Nous, on n’était pas prêt à répondre à ce combat-là. On est battu à la maison face à Brive et on a quatre matches pour s’en sortir. Mais moi, je n’ai pas de patience. Sur ce qu’on me demande et sur ce qu’on m’exige, on ne me laisse pas de la patience. La vie ce n’est pas compliqué: on te demande beaucoup tu donnes beaucoup. Si on ne te demande pas beaucoup, tu ne donnes pas beaucoup. J’estime que je mets tout ce qu’il faut pour que mes joueurs soient dans les meilleures conditions, je mets tout ce qu’il faut pour qu’ils aient les meilleurs coéquipiers afin de pouvoir briguer des titres. Mais ça ce n’est pas acceptable. Dans le monde du travail ça s’appelle une faute professionnelle. Depuis le début de la saison, ça fait deux fautes professionnelles. On a failli en faire trois et ça fait beaucoup. »

« Il faut que l’on se dope »

« Je ne veux pas faire le mec aigri vis-à-vis de Brive car Brive n’a rien volé du tout. Ils méritent largement leur victoire et j’espère que ça leur permettra de passer une saison sereine et d’aller embêter tout le monde pour les six premières places. Ça va nous faire bizarre de les voir tous devant nous. Mais bon, c’est comme ça. Mais il ne faut pas rêver. On ne va pas gagner à Toulouse, on ne va pas gagner au Racing sur ce qu’on a vu ce soir. Ou alors il faut que l’on se dope. Les mauvaises langues diront peut-être que l’on a perdu car on ne se dope plus. Peut-être qu’on se dopait et qu’on ne se dope plus, voilà. Puis je ne nous vois pas battre Clermont qui est une espèce d’armée en ce moment. Ils jouent un rugby millimétré, chirurgical et précis. Montpellier va également avoir besoin de rattraper sa défaite à domicile. La réalité est claire. Je vous mets le classement à la septième journée: au maximum, on aura huit ou neuf points et ce sera terminé pour les phases finales. »