Au lendemain de la rencontre, Guilhem Guirado tire un bilan mitigé ce lundi de la laborieuse victoire du XV de France contre l’Ecosse (22-16). Le capitaine des Bleus retient avant tout l’esprit affiché par ses partenaires, mais regrette l’inconstance des Bleus. Explications pour RMC Sport.

Guilhem Guirado, que retenez-vous de cette difficile victoire contre l’Ecosse (22-16) ?

C’était une victoire étriquée et difficile. Grâce à l’état d’esprit, nous avons su rebondir dans les dernières minutes. La semaine dernière, le match nous avait échappé en Angleterre. Là, on est allé le chercher et ça fait énormément de bien de renouer avec la victoire. Je connais l’état d’esprit français, qui aimerait qu’il y ait aussi la manière. (Sourire) C’est vrai que le match a été assez brouillon avec beaucoup de turnovers et de jeu au pied. On n’a lancé le jeu que trois ou quatre fois. Cela a été compliqué pour nous d’avoir des repères, mais on sait vers quoi il faut tendre. On a beaucoup de travail avant le prochain match contre l’Irlande (25 février), notamment sur la zone de plaqueur-plaqué. On sait se remettre en question parce qu’il y a eu beaucoup d’erreurs et de nombreux en-avants.

Après trois courtes défaites de rang contre l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre, ressentiez-vous une grosse pression avant ce match ?

Forcément, on s’était mis la pression. Je l’avais mise aux joueurs pour bien commencer l’année 2017 à domicile. Je voulais absolument qu’on renoue avec la victoire. Et certains faits de match nous ont peut-être encore un peu plus crispés. Nous avons été menés et nous avons encaissé un essai assez tôt dans le match, mais nous sommes revenus par force. Surtout, en début de deuxième mi-temps, on prend un essai qui nous fait très mal. On s’est rendu ce match difficile. Mais j’ai envie de retenir que nous n’avons rien lâché et que les joueurs sont restés dans notre cadre pour revenir dans le match et passer devant. Il faut savoir gagner ce genre de match. Notre niveau est encore inconstant mais cela vient aussi de nos adversaires. Evidemment, on sait très bien que si on reproduit ce genre de match à l’extérieur, notamment en Irlande, on sera forcément contré.

Parfois, il faut donc savoir gagner en jouant « moche »…

Pas moche, mais en fonction des conditions de jeu et du match en lui-même. En Angleterre, nous avons eu beaucoup de lancements de jeu et nous les avons mis souvent à mal. On les a breakés plusieurs fois. Dimanche, on n’a eu que trois lancements de jeu. Il faut savoir être patient. On va devoir jouer beaucoup plus dans le désordre et trouver des solutions dans la zone de ruck. Je pense que les Ecossais avaient ciblé cette zone. Il faut savoir passer d’un match durant lequel on arrive à imposer notre jeu, car nous avons prévu plein de choses dans la semaine, à un match avec beaucoup d’imprévus et surtout de jeu dans le désordre. Chacun doit trouver sa place.

Sentez-vous des progrès dans cette équipe de France ?

Je sens surtout que cette équipe prend beaucoup de plaisir. On est un peu inconstant. On perd encore trop le fil du match, mais je pense que ça va nous servir d’apprentissage. Ce match va nous forger le caractère. Hier (dimanche), on a continué dans notre jeu, mais pas à la même vitesse qu’auparavant. Parfois, les rencontres seront plus étriquées et il faudra aussi les gagner. On ne peut pas toujours faire des matchs à la perfection. Hier, on a su être pragmatique même si c’est difficile après-coup de revoir ce choix de prendre la mêlée dans les cinq mètres (à la 68eme minute). Cela a failli se retourner contre nous, mais j’espère que ça va nous servir pour la suite. En tout cas, cela fait du bien de gagner. Mais connaissant les joueurs et le staff, il y avait aussi un peu de frustration. Les victoires aident à construire plus facilement. On se doit d’être exigeant. La semaine dernière, chaque joueur avait commis une erreur. Dimanche, c’était deux ou trois.

Ressentez-vous un manque de leaders dans cette équipe en construction ?

Non, mais on cherche toujours un petit peu notre place. Vous allez me dire que ça n’est peut-être pas une excuse valable mais par moments, on n’a pas les mêmes repères et on ne sait pas comment le copain va jouer. Même si ce groupe se connait depuis une dizaine de matchs, il y a toujours cette pression qui rend ces matchs difficiles à juger et surtout à jouer.

Avez-vous été impressionné par l’énorme match entre le pays de Galles et l’Angleterre samedi ? Et est-ce le rugby vers lequel vous voulez tendre ?

Ce match a été assez impressionnant au niveau du rythme et de l’intensité. C’était un jeu plus direct et simple, entre guillemets, mais drôlement efficace avec de très longues séquences. Je ne sais pas si on veut tendre vers ça mais on sait qu’il faut être lucide contre ces équipes pour absorber ces temps de jeu. J’ai trouvé les Anglais plus fringants que contre nous. Je ne sais pas si c’est nous qui les avions mis à mal la semaine dernière ou s’ils étaient reboostés samedi.

Pensez-vous toujours pouvoir gagner le Tournoi des VI Nations ?

L’avenir nous le dira dès la semaine prochaine en Irlande. Nous savons qu’il nous reste encore beaucoup de secteurs à travailler si nous voulons faire quelque chose dans ce Tournoi. Nous avons joué deux finales, en perdant la première. Il nous en reste trois.

Source: rmcsport.com