Victime d’une rupture totale du tendon d’Achille il y a un mois, Vincent Clerc a été opéré dans la foulée et poursuit depuis sa rééducation. En fin de contrat avec Toulon en fin de saison, l’ailier se lance comme défi, très hypothétique, de rejouer avant la fin de saison. Mais l’ancien Toulousain, qui aura 36 ans au mois de mai prochain, n’exclut pas non plus l’idée de mettre un terme à sa carrière.

Vincent, comment vivez-vous cette période de convalescence ?

Ça a été dur les premiers jours, évidemment. Après trois mois d’absence, je recommençais à prendre du plaisir, à avoir de bonnes sensations. Ça a été dur. Il faut faire avec, donc je me suis vite remotivé, vite remis au boulot pour ne pas perdre de temps, puisque je me suis fait opérer le lendemain de l’accident. Du coup j’avance, je fais une grosse rééducation tous les jours et petit à petit ça récupère plutôt bien, donc le moral est de nouveau là.

Avez-vous eu une pensée particulière au moment de la blessure ?

Oui, sur le coup je me suis dit : « je ne veux pas que ça finisse comme ça ». C’était dur, vraiment dur parce que ça ne m’était jamais arrivé de me blesser comme ça et d’enchaîner deux blessures. C’était vraiment dur psychologiquement, après j’ai eu tellement de témoignages autour de moi, de joueurs, du staff, des gens extérieurs, mes amis, que j’ai vite retrouvé le moral et la motivation pour basculer dans la rééducation. Ce que je peux maîtriser à l’heure actuelle, c’est faire une super rééducation pour bien revenir. Pour l’instant, l’avenir est assez flou. L’entourage a quand même été très important pour me remotiver, des messages d’anciens joueurs qui m’ont touché et qui ont été présents, ça m’a fait beaucoup de bien.

Vous êtes en fin de contrat avec Toulon en fin de saison. Avez-vous déjà discuté avec Mourad Boudjellal ?

Pour l’instant non, c’est encore frais. On va sûrement se rencontrer dans les prochaines semaines mais c’était trop frais et il y avait trop d’événements, la Coupe d’Europe, tout ça. Moi j’avance, ça je peux le maîtriser. Pour le reste, on verra dans les prochaines semaines. Déjà je me donne la possibilité de voir si je peux rejouer et me ré-entraîner avec l’équipe avant la fin de l’année. Pour l’instant je n’ai pas fait une croix sur la fin de saison, même si c’est possible que ce soit la fin. Il y a plein de facteurs que je ne maîtrise pas, notamment le temps de récupération. Si je peux revenir dans le groupe avec les mecs, tant mieux. Pour l’année prochaine, j’avance semaine après semaine et j’essaye de ne pas trop me polluer avec ça.

Vous posez-vous la question de votre fin de carrière ?

Je me la pose. Ce n’est pas tabou, parce que je suis plus proche de la fin que du début. C’est encore flou mais ça peut être dans les options. Je ne l’ai pas occultée, il ne faut pas non plus que je me ferme à tout ça. Mais continuer est une option, m’arrêter aussi. Il fallait que je digère la blessure. Je crois que malheureusement, on idéalise toujours une fin de carrière. Si ça doit être maintenant, j’aurais aimé que ça soit autrement. Peut-être que ce ne l’est pas. Pour l’instant il n’y a pas eu de vraie réflexion, je ne me suis même pas posé pour y réfléchir. Je ne me suis pas encore projeté à l’année prochaine car ça aurait été sur un coup de tête. C’est un puzzle que je suis en train de construire. Il faut se poser, en parler avec les gens autour de moi, la famille et puis ça nous amènera à une décision qui sera la meilleure possible pour moi et mon entourage.

Est-ce un défi pour vous de revenir sur les terrains ?

J’ai toujours pris les blessures comme des défis. Celui-là est peut-être un peu différent et plus fort à relever que les autres. Mais je crois que si je veux me lever tous les matins, avoir la motivation pour m’entraîner, pousser plus loin, il faut que je le prenne comme un défi, quelle que soit l’issue de cette saison. Je le prends vraiment comme un vrai challenge de pouvoir revenir le plus vite possible, maintenant que j’ai été rassuré sur certains points. J’ai envie d’être en grande forme le plus vite possible.

Vous qui êtes un Toulousain « historique », comment s’est déroulée votre adaptation à Toulon ?

Ça me plaît, c’est pour ça qu’il y a beaucoup de frustration de ne pas avoir pu vraiment m’exprimer sur le terrain car j’ai découvert un club, une région et une ville qui me plaisent. Je me sens bien avec le groupe, dans la ville, donc il reste cette partie sportive qui est pour l’instant une frustration. Mais toute cette découverte, cette nouvelle aventure, est hyper positive. Je découvre d’autres personnes, d’autres personnalités, une autre façon de vivre, une autre approche du rugby et des matchs. C’est très enrichissant. Il n’y a pas de regrets d’avoir bougé. Pour l’instant il y a en suspens cette frustration du terrain.

Source: rmcsport.com