Le président du RC Toulon, Mourad Boudjellal, était l’invité de l’Access365 jeudi. Il est notamment revenu sur la victoire face au Racing 92 en Top 14, et sur le quart de finale à venir en Champions Cup, toujours contre le Racing.

Mourad Boudjellal, que d’émotions lors de ce match remporté face au Racing 92 à la dernière minute…
On ne va pas s’emballer, il ne faut pas rêver. Ce match, on le rejoue dix fois, le Racing le gagne dix fois. Il aurait suffi qu’ils tapent les pénalités. Les trois points qui manquent, ils sont là. C’est notre Afrique du Sud – Japon à nous, quelque part. C’est un match qu’on a gagné, mais on ne peut pas dire qu’on a écrasé le Racing.

Après ce match, il y a eu une petite polémique à propos du ballon marqué « MB », qui voulait dire « dans ta gueule Mourad Boudjellal », selon vous…
On m’a dit que ce n’était pas le cas (« MB » veut dire « match ball », ndlr) pour moi, l’incident est clos.

Marc Andreu a été cité pour, entre autres, avoir sifflé Frédéric Michalak sur la dernière pénalité. Qu’en avez-vous pensé ?
Il était à fond dans son match, point barre. Une fois que le match est terminé, et c’était un match assez prenant, il redevient normal. Je le connais bien, ce n’est pas un mauvais bougre. Il n’y a pas de quoi faire une histoire.

Vous aviez déclaré un jour « Jacky Lorenzetti, c’est mon Poulidor (…), mais un jour il va me dépasser ». Le pensez-vous toujours ?
Oui, j’en suis convaincu car il fait du bon boulot. Moi, j’ai essayé d’avoir vite des résultats. Lui, c’est un bâtisseur, à l’instar de son premier métier. Il faudra regarder nos palmarès dans dix ans. Ce sont deux méthodes différentes de voir son club. Moi, ce qui m’intéresse, ce n’est pas la qualité des fauteuils, c’est le spectacle. Jacky, il s’occupe d’abord de la qualité des fauteuils et ensuite il va s’attaquer à la qualité du spectacle. Les deux sont louables. Nous ne sommes pas brouillés. Je suis persuadé que si je disais du mal d’un autre président, Jacky Lorenzetti serait jaloux. Il n’a pas hérité d’un bassin de supporters comme moi, ni de cette envie de regagner, mais il construit tranquillement son club. Il n’a pas eu beaucoup de chance dans son palmarès jusqu’à présent, mais la chance ça tourne. Le Racing a quand même une belle gueule pour gagner quelque chose cette année.

« Le doublé est à mon avis inaccessible »

Le Racing a recruté beaucoup d’anciens Toulonnais. On dit même qu’il a approché Bernard Laporte, cela vous dérange-t-il ?
S’il l’a fait, il a raison. Les joueurs ne nous appartiennent pas. Personne ne nous appartient. On est sur un marché libre. Si vous ne voulez pas qu’on approche vos joueurs, vous n’avez qu’à en prendre des mauvais. Les joueurs sont là pour mener une carrière, ils peuvent avoir envie d’autres choses. Et ce n’est pas forcément qu’une histoire d’argent. Ils peuvent avoir envie de travailler avec tel entraîneur, ou vivre dans telle ville. Quand d’autres présidents contactent mes joueurs, je trouve ça normal.

Le Racing est-il favori du quart de finale de Champions Cup ?
Oui, car ils reçoivent, ils viennent de perdre contre nous, et ils ont l’envie d’en finir avec cette disette de titres. Ils ont tout ce qu’il faut cette année pour réussir. Mais lors de ces matchs contre le Racing, je ne sais pas combien de fois l’équipe qui jouait à l’extérieur a gagné depuis dix ans, mais c’est assez incroyable. C’est encore le cas cette saison en Top 14. (très sérieux) Sincèrement, je ne sais pas si je vais y aller. Pour moi, le match est plié, le Racing sera compliqué à jouer. Mais je pense que le perdant de ce match sera le favori pour le titre en Top 14 car son calendrier sera libéré. Vu la qualité qu’il y a cette année en Top 14, le doublé est à mon avis inaccessible. (…) Cette saison a été faussée par la Coupe du monde et par les doublons, mais on se rend compte qu’à l’arrivée toutes les équipes qui devaient être là sont à peu près toutes en place. Maintenant, le spectacle va commencer. La fin de saison ne va pas ressembler au début.

Le Racing travaille avec deux co-entraîneurs, cela pourrait-il être possible à Toulon ?
C’est plus cher, je n’ai pas les moyens. Il y en a qui préfèrent travailler en duo, c’est respectable. Il y en a qui sont plus solitaires, chacun sa méthode. Bernard (Laporte), je ne le vois travailler avec personne, ça c’est clair. Les deux Laurent (Labit et Travers, ndlr) ont quand même un palmarès, ils ont montré que leur couple fonctionnait.

Source: rugby365.fr