Guilhem Guirado: « J’ai peur que ça entache tout simplement mon rôle avec Toulon »

Guilhem Guirado: « J’ai peur que ça entache tout simplement mon rôle avec Toulon »

Le vendredi 8 janvier 2016 à 14:18 par David Demri

1 Commentaire

Publicité

guiradoDésigné capitaine du XV de France par Guy Novès, Guilhem Guirado (29 ans, 38 sélections) est à l’image de Thierry Dusautoir un leader discret et humble. Un capitaine exemplaire avec l’ambition de remontrer ce que l’équipe de France est vraiment. Entretien.

Guilhem, depuis lundi vous êtes officiellement le nouveau capitaine du XV de France. Quel est votre ressenti ?

Guilhem GUIRADO: Pour l’instant, je ne me projette pas trop sur l’avenir. Inconsciemment, j’y pense mais je n’ai pas le temps d’être perturbé en raison des objectifs aux quotidiens avec Toulon. Même après ce mini-stage à Marcoussis, j’ai du mal à réaliser, à me dire que dans un mois, je serai capitaine face à l’Italie.

Il y a forcément une part de modestie dans votre réponse. Mais est-ce que vous vous interdisez de trop y penser pour ne pas être submergé par l’émotion ?

G.G: Il y a un peu de ça. Je ne veux pas trop céder à l’émotion. Et puis, j’ai peur que ça entache tout simplement mon rôle et mon objectif avec mon club. Et vous savez très bien que ce mois de janvier est primordial que ce soit en Champions Cup ou en Top 14. Malheureusement, je n’ai pas le temps de me réjouir de cette nouvelle même à travers ces stages d’un jour avec l’équipe de France.

 » Je ne veux pas trop céder à l’émotion. J’ai peur que ça entache tout simplement mon rôle et mon objectif avec Toulon »

Comment Guy Novès vous a-t-il présenté sa volonté de vous nommer capitaine ?

G.G: Le staff a pris le temps d’y réfléchir en interne. Ils ne m’ont pas forcément sondé en amont. Et puis cela ne se refuse pas. A moindre échelle, j’ai été capitaine de l’USAP pendant une saison et je suis aussi un peu le lien entre la génération qui vient d’arrêter et les jeunes qui peuvent promouvoir l’avenir. Il y a plusieurs paramètres qui sont rentrés en jeu. Ils cherchaient également un joueur au milieu du groupe au niveau rugby. Leur vision a tourné autour de moi et plusieurs joueurs. Mais comme je le répète souvent, le capitaine n’est pas uniquement une personne. C’est un groupe de joueurs qui aident le capitaine à se focaliser sur sa tâche.

Durant la dernière Coupe du monde, vous ne souhaitiez pas vous étendre sur votre statut de talonneur numéro 1. Avec le recul, qu’est-ce qui a changé depuis 2011 où vous regardiez les matches du Mondial en tribunes ?

G.G: La vie m’a appris à ne jamais m’asseoir sur mes acquis. J’ai essayé de toujours me remettre en question, de toujours y croire. Pendant quatre ans, j’ai persévéré ! J’ai travaillé dur en essayant de rester humble. Par moment, il y a eu des déceptions mais j’ai fait en sorte de passer outre. Je n’ai rien galvaudé. Je me suis toujours dit que mon avenir en équipe de France passerait par mes performances en club. Je n’ai jamais rien revendiqué. Mais quand on a fait appel à moi, j’ai simplement dit que le jour où on me ferait confiance, j’essaierais de ne pas les décevoir.

 » J’ai été dans l’ombre mais on ne peut rien y faire. C’est la destinée »

A un moment donné de votre carrière internationale, vous est-il arrivé de penser que vous seriez toujours la troisième roue du carrosse ?

G.G: (silence) J’ai juste su et appris qu’il y avait une hiérarchie. Surtout quand tu es jeune et que tu n’as encore rien prouvé. Mais j’ai toujours attendu ce moment où on me ferait confiance. Ça a été plus long que prévu (sourire). J’ai été obligé d’attendre. Mais ceux qui étaient devant moi ont toujours fait de bonnes prestations. J’ai été dans l’ombre mais on ne peut rien y faire. C’est la destinée.

Vous prenez le relais de deux capitaines taiseux mais exemplaires sur le terrain : Lionel Nallet et Thierry Dusautoir. Vous sentez-vous proche de ces deux joueurs ?

G.G: Je vais surtout essayer de me servir de leur façon d’être. Ils ont toujours été irréprochables. J’ai eu la chance d’apprendre à leurs cotés. J’ai toujours aimé leur discrétion. C’est un petit peu ce qui me va bien. Je n’aime pas trop me mettre en avant pour être à l’écoute de joueurs qui ont plus d’aura. Mais il y a une double personnalité chez moi. Sur le terrain, c’est un autre moi. C’est inconscient, mais mon caractère de meneur ressort dans le combat. Rien n’est calculé. C’est du ressenti pur.

 » Il faut remontrer ce que l’équipe de France est vraiment »

Le XV de France a rarement été dans une situation aussi désastreuse. La Coupe du monde a été un fiasco. Avez-vous conscience de la pression et des enjeux autour du prochain Tournoi des 6 Nations ?

G.G: C’est évident que la tâche n’est pas facile. Pour moi qui l’ai vécu en interne, ça été très difficile à vivre. Tous les joueurs qui ont été de l’aventure ont été touchés et navrés de montrer ce visage. Sur les deux derniers matches contre l’Irlande et les All Blacks, on a vraiment montré un très mauvais visage. Du coup, on ne va pas appuyer sur ce levier. Beaucoup de joueurs n’y sont plus et les jeunes ne vont pas comprendre si on appuie sur ce levier-là. Ça ne servirait à rien. Mais Guy (Novès) a un discours qui permet de recadrer et de prendre conscience des obligations de notre présence en équipe de France. Il faut remontrer ce que l’équipe de France est vraiment.

Source: rugbyrama.fr

Publicité

1 Commentaire

  1. danyc83 8 janvier 2016 at 14h- Répondre

    Excellente mentalité. Tous mes voeux de succès dans son rôle de capitaine des bleus