Peu habitué à la défaite, le président du RCT, qui affronte les Parisiens ce soir, vit le mauvais début de saison de son club comme un psychodrame. Et travaille déjà à toutes les éventualités.

Fabien Galthié ne signera pas à Toulon cette saison. Selon nos informations, l’affaire était entendue dès jeudi soir, à l’issue du dîner entre le technicien et Mourad Boudjellal, le président du RC Toulon. S’il a laissé planer le doute hier au micro de France 2 – « on ne peut pas être insensible à ce type de rencontre »-, l’ex-entraîneur de Montpellier, toujours en plein contentieux avec son ancien employeur Mohed Altrad, a fait voeu d’abstinence pour au moins une saison, en dépit des alléchantes sirènes de la Rade. Il est par ailleurs impossible, au regard de son CV, de le recruter en tant que numéro 2 d’un staff, derrière Diego Dominguez, choisi pour succéder à Bernard Laporte au mois de juin prochain. Cependant, le contact entre Galthié et Boudjellal a bien eu lieu, comme le révélait RMC Sport, vendredi soir.

Un rendez-vous symptomatique du climat orageux qui règne aujourd’hui dans les coulisses du club après son entame de Top 14 ratée (défaite à domicile contre le Racing 92, 27-22 et à Castres 24-7). Un bilan indigeste pour le patron des Rouge et Noir, en dépit des dix-sept internationaux absents pour cause de Coupe du monde (18 septembre-31 octobre). Joint hier matin au téléphone, Boudjellal tirait un premier coup de semonce : « Rien ne bougera avant le match contre La Rochelle (4e journée, samedi prochain). En revanche, si on est derniers au soir de la 4e journée, je ne prendrai pas la pelle pour creuser la tombe. Comme dans le Bon, la brute et le truand : je tiendrai le flingue. » L’omni-communiquant Boudjellal, coutumier des sorties spectaculaires, reste conscient de la faiblesse actuelle de son groupe. « Oui, on a une équipe très moyenne en ce moment, mais d’autres clubs montrent qu’avec une équipe moyenne on peut gagner. »

LAPORTE : « ILS ONT BESOIN DE MOI, JE SERAI LÀ »

D’un naturel anxieux et sanguin, le voilà au bord de la crise de nerfs, convaincu que les points laissés en route ne se rattrapent pas, à l’image de la saison 2010-2011, que le club avait terminé à la 8e place après un départ manqué. Il ne croit pas à une possible bonne surprise à Jean-Bouin, malgré les grosses difficultés en mêlée du Stade Français en cette période pré-Mondial. Il préfère donc avoir un coup d’avance, même s’il faut couper court à certains fantasmes. Il ne limogera pas Bernard Laporte, l’homme de ses quatre titres (Europe : 2013, 2014, 2015 ; Top 14 : 2014). « Pas question de m’en séparer, confirme le taulier. Il ne m’a jamais pris en traître par rapport à la FFR. On avait discuté longuement de tout ça au moment de sa prolongation. »

Son manager s’est, certes, lancé dans la course à la présidence de la FFR de 2016 et obéit à plusieurs contrats avec des médias, notamment pendant le Mondial mais les deux hommes forts du RCT s’étaient entendus à l’avance quant à un fonctionnement qui apparaissait pourtant bancal au départ, et encore plus aujourd’hui.

Boudjellal regrette simplement une reprise tardive de l’entraînement et assume le match de gala face à France 98, en juillet, plutôt qu’une vraie rencontre de préparation supplémentaire. « Moi aussi je vais me réorganiser », a promis, de son côté, Laporte. « Être là le lundi et n’être absent que le mardi après-midi. Je sens que les joueurs ont besoin de moi dans cette période difficile. Quand tu gagnes les matches et que ça va mieux, c’est plus facile. Donc vu qu’ils ont besoin de moi, je serai là. Je vais être là toute la semaine prochaine et je vais m’organiser jusqu’à ce que Diego (Dominguez) arrive. » L’Italo-argentin, recruté comme manager fin 2014, doit arriver le 12 décembre, et prendre le témoin des mains de Laporte sur les derniers mois de la saison. Sa promesse d’embauche dûment signée le rend extrêmement cher à libérer si, comme il se murmure, Mourad Boudjellal voulait faire machine arrière sur ce dossier. Le patron du RCT, lui, jure qu’il n’est pas question de résilier le contrat de l’ancien ouvreur du Stade Français.

Dans l’entourage de ce dernier, on assure aussi qu’aucune tractation de ce genre n’est en cours. En revanche, le boss du RCT réfléchit bien à quelques ajustements au sein de son staff, et songe à s’appuyer sur le pilier néo-zélandais Carl Hayman, fraîchement retraité et capitaine du RCT la saison dernière. « Il pourrait devenir assistant pour les avants, porter un regard nouveau, sous la forme de piges. Mais ce n’est pas encore réglé. Je dois le voir très rapidement. »

Quoi qu’il arrive, ce soir, à Paris, Boudjellal n’agira pas dans la précipitation, notamment parce qu’une trêve de cinq semaines viendra s’intercaler entre la quatrième et la cinquième journée de Top 14. Mais à la question de savoir s’il envisagerait de payer des indemnités à des techniciens remerciés, il n’écarte rien : « Pour s’en sortir, il vaut parfois mieux payer des gens pour qu’ils partent que les garder. »

Source: lequipe.fr