Le Top 14 va débuter avec de nombreuses interrogations
Le Top 14 va débuter avec de nombreuses interrogations
Le vendredi 21 août 2015 à 10:26 par David Demri
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D’un début de saison occulté par la Coupe du monde à une finale exfiltrée à Barcelone pour cause d’Euro de football, le Top 14, qui s’annonce toujours aussi indécis, aura bien besoin de ses nouvelles vedettes du Sud pour tenir la distance.
Tous les quatre ans, bien obligé, la Ligue nationale de rugby fait l’obole à l’équipe de France d’un peu de lumière et de sérénité. Cette année, bonne fille, elle est même allée jusqu’à laisser une semaine de répit à Philippe Saint-André avant d’annoncer, dimanche, la liste des trente et un joueurs retenus pour le Mondial (18 septembre-31 octobre), et voilà donc que, déjà, les calendriers s’entrechoquent et s’emmêlent avec un France-Angleterre au Stade de France pour détourner un peu l’attention médiatique du tout-puissant Top 14.
Et l’imbroglio calendaire ne fait une nouvelle fois que commencer puisque, après une entame chaotique – quatre journées d’affilée suivies d’un mois de trêve durant la phase finale d’un Mondial où les Tricolores peuvent pourtant briller par leur absence – et l’habituel gymkhana hivernal entre Tournoi et Coupe d’Europe, l’édition 2015-2016 s’en ira finir sa course un vendredi soir de juin, à Barcelone, à l’avant-veille du début des huitièmes de finale de l’Euro de football organisé en France.
Pour exister, tout au long de cette cahoteuse saison, l’autoproclamé « meilleur Championnat du monde » comptera toujours sur le même argument majeur, un suspense étouffant du haut en bas de la compétition qui vaut bien les démonstrations artistiques de tous les « Super Rugby » de la planète ovale. On ne sait pas s’il n’y a « plus de petites équipes », comme se plaisent à le seriner les patrons de grosses cylindrées en danger, mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y a jamais eu autant de grandes équipes candidates au titre. Car, contrairement à ce que supposaient les Cassandre du professionnalisme, celui-ci n’a pas réduit le champ des espérances à l’heure de décrocher le bouclier de Brennus. Depuis la création du Top 14 (2005-2006), sept clubs ont ainsi touché au Graal en bois massif – Biarritz, le Stade Français, Toulouse, Perpignan, Clermont, Toulon et Castres –, soit un de plus qu’au cours des dix dernières années du rugby dit « amateur » (1986-1995). Et rien n’interdit de penser qu’ils sont à peu près aussi nombreux à pouvoir y prétendre à l’aube de cette saison de bien des questions.
QUI PEUT PRÉTENDRE AU TITRE ?
Même s’il n’y a plus de petites équipes, on peut raisonnablement limiter à la moitié du champ la liste des candidats à la succession du Stade Français. S’il fallait se fier strictement à l’ampleur des budgets, Toulouse, Clermont, Paris, Toulon, le Racing, Montpellier et Grenoble partiraient favoris dans cet ordre. Mais, sur le socle du Bouclier, les noms de Castres et même de l’inattendu Stade Français l’an passé invitent à la prudence.
Toulon digérera-t-il les départs de Hayman, Botha, Williams et l’éloignement progressif de Bernard Laporte(lire par ailleurs) ? Le Clermont d’Azéma s’est-il remis de sa double désillusion finale du printemps (Coupe d’Europe et Top 14) et parviendra-t-il à se rabibocher avec ses supporters ? Toulouse saura-t-il surmonter le double écueil du départ de Guy Novès en équipe de France et plus encore d’un recrutement minimaliste ? Ces trois-là sont-ils encore les grands favoris d’une compétition où le Racing, Montpellier, voire Bordeaux, vont bien devoir un jour mettre leur palmarès en conformité avec l’ambition de leur propriétaires ? Grenoble, roi des départs canons, parviendra-t-il enfin à tenir la distance ? Comment la jeunesse du Stade Français digérera-t-elle son titre et son retour dans la grande Coupe d’Europe avec un effectif toujours un poil limité ? Répondre à ces questions, c’est sans doute trouver le nom du champion de France et c’est tout le sel du feuilleton qui démarre ce soir à Mayol.
À QUI LA TRAPPE ?
Les trajectoires de La Rochelle, l’an passé, et d’Oyonnax, depuis deux saisons, ainsi que la double descente de Biarritz et Perpignan en 2014 ont prouvé que les promus n’étaient plus forcément des candidats tout désignés à la descente. Pau, qui a réussi un solide recrutement avec Conrad Smith et Colin Slade, semble cependant mieux armé qu’Agen pour survivre dans l’atmosphère raréfiée du Top 14, même s’il lui faudra pour cela réussir un début de saison plus convaincant que ce qu’il a montré lors des matches amicaux. Il suffira pourtant de rappeler qu’ils étaient encore trois (Brive, Grenoble et Bayonne) pour une place dans l’ascenseur pour l’échafaud lors de la dernière journée, fin mai, et se souvenir du parcours cauchemardesque de Castres, pour n’exclure personne de cette course vers l’enfer.
LE SUD EN FORCE… ET EN DÉCEMBRE
L’arrivée de vedettes du Sud a vraiment explosé par rapport à 2011-2012, la dernière saison post-Coupe du monde avec, outre Dan Carter en tête de gondole, des figures de l’envergure de Genia, Ashley-Cooper, C. Smith, Nonu, Alberts, Vermeulen ou les frères Du Plessis.
La trajectoire tronquée de Carter à Perpignan – rupture du tendon d’Achille après trois matches lors de la saison 2008-2009, l’année du titre catalan – ou même celle des Lions britanniques Sexton et Roberts – arrivés exténués au Racing et trop vite envoyés au feu du Top 14 – amènent à s’interroger sur l’efficacité de tels recrutements au sortir d’une Coupe du monde et sur la difficulté de leur intégration dans des collectifs déjà rodés depuis quatre mois.
DES STAFFS SOUS PRESSION
C’est sans doute cruel mais on peut se demander quel sera le premier entraîneur à connaître le sort fâcheux réservé à Fabien Galthié à Montpellier au coeur de l’hiver dernier. Quatre staffs joueront sans doute plus gros que les autres cette année.
On pense au duo Azam-Glas, qui aura la lourde tâche de faire oublier Christophe Urios à Oyonnax, l’homme de la qualification en Coupe d’Europe. À Jake White, le coach sud-africain de Montpellier, qui en prenant le risque d’un recrutement très typé springbok risque de se mettre à dos et le public de Montpellier et le très rigide président Mohed Altrad. Au duo Travers-Labit qui, avec un recrutement prestigieux, aurait sans doute du mal à survivre à une saison moins réussie que celle du turbulent voisin parisien, alors que la date de livraison du nouveau stade de Puteaux approche (fin 2016). Et on pense enfin au nouveau staff mis en place autour de Fabien Pelous à Toulouse, même si la lourde succession de l’indéboulonnable Guy Novès inclinera sans doute les dirigeants du Stade à la patience envers Ugo Mola.
À ces entraîneurs en danger, comme à tous ceux du Top 14, il ne reste plus qu’à souhaiter bon courage et que le meilleur gagne. Et bien malin, ce matin, qui peut dire de qui il s’agit.
Source: lequipe.fr
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