Tillous-Borde: « Tout le monde s’en va, mais tout le monde ne reviendra pas »

Tillous-Borde: « Tout le monde s’en va, mais tout le monde ne reviendra pas »

Le jeudi 20 août 2015 à 10:50 par David Demri

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tillousSébastien Tillous-Borde devrait débuter le deuxième test contre l’Angleterre, samedi. Le demi de mêlée toulonnais, leader naturel, a pris de l’importance depuis un an dans le groupe France.

« C’est bizarre, on n’arrête pas de me parler de mon genou, comme si j’avais été absent un mois et demi. Je n’ai été arrêté que dix jours, ce n’était vraiment pas grave, je l’ai su tout de suite. » On pourrait penser les joueurs paranoïaques ou au bord de la neurasthénie à la moindre alerte physique. Mais Sébastien Tillous-Bordes (30 ans, 14 sélections) a la sérénité du sage et de la trentaine. Ne pas revenir à 100 % avant que la liste des Bleus ne perde cinq noms dimanche prochain ? « Sincèrement, je n’ai pas cogité. Je suis apte à jouer, il n’y a donc pas de souci. »

En novembre, le Toulonnais était clairement apparu comme le titulaire à la mêlée, pour Philippe Saint-André, après un éloignement de l’équipe de France de cinq ans. Rebelote à la sortie du Tournoi des Six Nations, où le staff avait apprécié sa clairvoyance parfois austère, sa capacité à épauler Thierry Dusautoir, le capitaine, avec des prises de parole sans se forcer. Ce Tournoi, il l’avait pourtant débuté chez lui, à soigner un genou gauche abîmé le 24 janvier à Llanelli, en Coupe d’Europe, avant d’être rappelé dès sa guérison pour affronter le pays de Galles (remplaçant de Parra, défaite 20-13 au Stade France).

Tillous compte en bleu, donc. Pour résumer, il serait le demi de mêlée qui fait le mieux jouer l’équipe, estime le staff tricolore. Mais il ne bute pas, contrairement à Morgan Parra et Rory Kockott. Ça pourrait lui coûter cher, pour le cut ? « Je n’allais pas me mettre à buter en juillet, rigole-t-il. C’est toujours la même situation, cela fait dix ans que je ne bute pas, pourquoi cela me perturberait-il ? Et il y a Fred qui bute très bien en 10. C’est cool pour moi. » Il sourit.

Frédéric Michalak (32 ans, 71 sél.), auquel il pourrait être associé samedi face à l’Angleterre, partage sa chambre à Marcoussis et a la tête de l’allié majeur. Les deux hommes s’entraînent ensemble à Toulon depuis 2012, ont alterné en 9 au début avant que Tillous ne prenne la barre, puis ont composé épisodiquement la charnière du RCT, au gré des blessures de Michalak et, bien sûr, de la présence de Jonny Wilkinson jusqu’en 2014. « Je connais bien Fred, c’est un petit avantage. Je peux anticiper sur ce qu’il va faire », admet-il.

DESTIN LIÉ À CELUI DE MICHALAK ?

En mai, PSA a tenté un pari avec Michalak, seul vrai buteur parmi ses ouvreurs. Le sélectionneur l’avouait en confidence : si tout se passait bien pour Fred pendant la préparation, il avait l’idée de pouvoir le faire doubler 9-10 pour « gagner » une place chez ses demis. Hier matin, à Marcoussis, Tillous-Borde était remarquablement serein. « On fait autre chose que parler des 31, tout le monde doit y penser mais, sincèrement, on n’en discute pas. Ça arrivera assez vite pour les cinq qui vont partir, alors on laisse faire. » Se sent-il à l’abri d’un renvoi dans le Var ? Il n’en dit rien, évidemment : « Il y aura sûrement une boule au ventre dimanche, quand Philippe (Saint-André) annoncera le groupe. Mais si je ne dors pas bien samedi soir, ce sera à cause de l’adrénaline du match, pas à cause de la liste. »

On revient alors sur cette « importance » dans le groupe gagnée pendant le Tournoi. A-t-elle été rognée durant la préparation ? « Je ne pense pas en avoir perdu depuis mars, c’est peut-être vous (la presse) qui le pensez. Je m’entraîne à fond, il n’y a pas de souci par rapport à ça. Et il y aura le match de samedi. Je ne me prends pas la tête. » Vous savez quoi ? Ça sonne vrai. La fameuse sérénité…

Lorsqu’on lui demande si ce France-Angleterre, quoique amical, est un des matches de sa vie, avec tout ce qu’il pourrait conditionner, le Toulonnais, qui n’a jamais participé à une Coupe du monde, réplique : « C’est trop fort de dire ça. Mais c’est un match important. Ce sont les Anglais, on a toujours pour envie, pour mission, de les taper. »

À Marcoussis, ces dernières semaines, Tillous a repris son habitude de noircir des pages de carnet, sur le jeu, ses routines. Mais écrire, ça va un moment, surtout quand on n’a plus joué depuis le 5 juin et une demi-finale de Top 14 (perdue contre le Stade Français, 33-16). « Ça va faire du bien de rejouer, de retrouver l’ambiance des vestiaires. J’aime cette adrénaline d’avant match. Mais il faut gagner. » Enfin surviendra dimanche… Il sourit, encore : « Dimanche, tout le monde s’en va (*), mais tout le monde ne reviendra pas… »

Source: lequipe.fr

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