Officiellement, Bernard Laporte, l’entraîneur, a tranché lundi. Mais sa décision, sans doute, était-elle prise depuis longtemps. Depuis le 2 mai, en fin d’après-midi. « On ne l’a pas assez dit, mais Juan Hernandez a été le meilleur joueur de la finale de Coupe d’Europe, chez nous », estime Mourad Boudjellal, le président toulonnais. Ce jour-là, Hernandez, titularisé la veille après le forfait de Maxime Mermoz – entorse de la main droite -, n’a pas perdu son temps contre Clermont, battu 24-18. Par ici la coupe aux grandes oreilles et une entente remarquable avec Mathieu Bastareaud au centre. Une perf sobre du Puma (32 ans, 52 sél.), loin de ses jongleries de « mago » (magicien). À Twickenham, tout dans le solide, en particulier son jeu au pied, d’une utilité formidable pour soulager Matt Giteau, fragile des adducteurs.

Mermoz, rétabli, postulait pour cette demi-finale du Championnat contre Paris. « Ç’a été compliqué de dire à Max (Mermoz), qui fait une excellente saison, qu’il ne sera pas titulaire, mais c’est un choix tactique, pas de niveau, justifiait hier Laporte. Juan a été excellent sur quatre ou cinq renvois qui nous ont permis de mettre la pression sur Clermont (en finale de Coupe d’Europe). » Il semble que l’hésitation de Laporte était surtout liée à l’état physique d’Hernandez.

Hier à Bordeaux, l’Argentin s’est attardé sur le banc de touche, strappé à la cuisse gauche par Jean-Pierre Darnaud, l’ostéopathe du RCT. On y va avec précaution avec Hernandez, qui n’a plus joué depuis ce 2 mai. Comme il s’était abstenu entre le 28 mars (défaite contre Toulouse, 24-34) et le sommet européen. « C’est sûr qu’avec lui on est plus axés sur la qualité que sur la quantité en ce moment, confie Boudjellal. Mais on a identifié ses problèmes de dos et ça devrait aller. Quand il joue, on n’est pas du tout surpris par son niveau. » Quand il joue… Arrivé comme joueur supplémentaire en janvier, après le départ de James O’Connor, Hernandez n’a été titulaire qu’à cinq reprises, dont quatre en Top 14. Ajoutez deux entrées en jeu, une feuille de match sans quitter le banc et ça fait… pas beaucoup. Des soucis au dos, à la cuisse, une non-inscription sur la liste pour la Coupe d’Europe avant la finale, et on comprend mieux ce sentiment qu’il est là… et pas là. Un mago, quoi !

IL VOUDRAIT  RESTER SUR LA RADE

Mais il pourrait rester à Toulon au-delà de cette saison. Il se sent bien, dit-on, au RCT, où il n’avait absolument pas envisagé de venir, l’été dernier en quittant le Racing-Métro. Il était proche d’un retour au Stade Français (où il joua de 2003 à 2009), mais sans finalement s’y engager, à deux jours près. Aujourd’hui, la Fédération argentine le veut, afin d’intégrer la nouvelle franchise qui disputera le Super 15. Dans son entourage, on assure qu’il hésite.

À Toulon, il disposerait d’un salaire un peu en dessous de sa valeur réelle, mais de grosses primes de résultats qui compensent. Il serait donc prêt à r ester et à ce que son épouse et ses enfants, demeurés à Buenos Aires, le rejoignent dans le Var. Mais s’il hésite, Boudjellal ne se précipite pas non plus pour le faire prolonger, notamment parce que ça coince au niveau du nombre de ses joueurs extracommunautaires. « Il voudrait rester ; il a un match ou deux pour nous donner envie de le garder. » Ça commence ce soir, face à Paris. Le patron du RCT glisse : « On verra bien, mais Juan est un vrai compétiteur, capable de ne pas jouer pendant six mois et de sortir un gros match. » Là, ça ne fait que cinq semaines.

Source: lequipe.fr